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Etude SYNDEX sur les CSE : surcharge de travail des élus et dégradation du dialogue social !

samedi 29 février 2020

Comme l’an passé, le cabinet d’expertise Syndex a réalisé avec l’IFOP une enquête sur la perception qu’avaient les élus d’entreprises sur la mise en place de la nouvelle instance, le Comité Social et Economique (CSE). Contrairement aux intentions affichées alors par la ministre du Travail, l’unification des instances de représentation du personnel dans les entreprises ne s’est pas accompagnée d’une amélioration du dialogue social. Si l’on en croit les réponses des élus au sondage réalisé par l’Ifop, c’est même l’inverse qui s’est produit. Ils se déclarent, par ailleurs, en surcharge de travail avec des responsabilités étendues et moins d’élus pour y répondre. Détails…

Un sentiment largement partagé de dégradation du dialogue social

Tous les indicateurs sont préoccupants. Dès la négociation pour la mise en place du CSE, 52 % des représentants du personnel ont trouvé face à eux une direction peu ouverte au dialogue. Depuis, ils ne sont pas plus optimistes sur l’avenir du dialogue social. Plus de la moitié en ont déjà une vision négative et 55 % des élus considèrent que le dialogue social va se dégrader dans l’avenir. Ils sont 39 % à constater un affaiblissement de leur poids face à leur l’employeur et plus des deux tiers se déclarent inquiets vis-à-vis du CSE.

Plus modérés quand on les interroge, les élus pensent que finalement, au mieux, cela ne va rien changer et que le dialogue social dépend surtout de la bonne volonté de l’employeur.



Des conditions d’exercice du mandat plus difficiles que par le passé

Ils sont 69 % à affirmer que leur situation dans l’entreprise a changé. En fait, ils ont moins de temps pour exercer une mission qui leur demande plus d’investissement. 57 % ont vu baisser leur temps de délégation notamment dans les entreprises de moins de 100 salariés. 52 % déclarent passer plus de temps pour exercer leur mandat au point que certains travaillent à la maison.

Leur sentiment est qu’Il faut tout faire. En effet, toutes les missions étant rassemblées dans une seule instance, ils doivent s’approprier le fonctionnement du CSE, développer de nouvelles compétences et trouver les moyens d’aborder tous les sujets. Résultat, des réunions plus longues, des sujets parfois survolés avec des échanges moins riches qu’auparavant. Les élus laissent apparaître une sorte de frustration qui pourrait tourner pour certains au « burn-out » de l’élu. Au risque de rendre plus difficile à terme le recrutement des futurs élus.

Une crainte largement partagée : une moins bonne prise en compte de la santé au travail !

Pourtant priorité des élus (63 %), les conditions de travail sont leur première inquiétude. Ils sont 39 % à redouter une moindre prise en compte de la santé au travail dans les CSE. Pour eux, même si l’instance (le CHSCT) a disparu, les « problèmes demeurent ». Les conditions de travail sont ainsi leur première demande de formation (68 %) et ils essaient de faire en sorte que les réunions y consacrent le temps approprié.

Malgré tout les élus restent motivés et sont bien accompagnés

S’ils sont en premier inquiets (65 %), ils affirment pour 58 % d’entre eux être déterminés et motivés (40 %). Ils attendent de la nouvelle instance une nouvelle dynamique de dialogue social (45 %) et une meilleure vision des enjeux de l’entreprise (34 %).

Par ailleurs, ils s’estiment être bien préparés à exercer leur mandat (67 %) avec leur organisation syndicale, très présente à leur côté (81%). Ces chiffres sont sensiblement meilleurs que l’an passé, ce qui tend à montrer que les réseaux de soutien aux élus ont amélioré leurs dispositifs d’aide.

Quel impact sur la vie de l’entreprise ?

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la mise en place des CSE n’a pas perturbé la vie des salariés de l’entreprise. Si la moitié a eu connaissance de la mise en place du CSE, 23 % seulement se sont montré intéressés par le passage au CSE et 10 % en ont compris les enjeux.

Pour les élus, les acteurs qui perdent le plus à la mise en place du CSE sont les salariés (57 %), ensuite viennent les syndicats (44 %) et les élus eux-mêmes (40 %). Par contre, ces derniers considèrent que les acteurs gagnants sont clairement et uniquement les directions (78 %).

Au vu de ces résultats, si l’objectif était d’améliorer le dialogue social, c’est un échec. Si, comme cela est probable, l’intention était de répondre à une demande des organisations patronales pour qui le dialogue social est une charge, l’objectif semble atteint ! Mais a-t-on mesuré l’impact réel sur la compétitivité des entreprises alors même que toutes les études montrent le lien positif entre un dialogue social de qualité et les résultats des entreprises ?

Quoi qu’il en soit, ces instances sont en place dans pratiquement toutes les entreprises. C’est donc maintenant aux acteurs de s’y adapter et de les faire évoluer pour que le dialogue social progresse de nouveau. Cela passe par une amélioration des pratiques des élus à la fois en direction des salariés mais aussi de structuration des réunions du CSE. Syndex donne des pistes d’amélioration dans sa conclusion de l’enquête. Il n’est donc pas interdit que direction et représentants des salariés fassent ensemble un premier bilan et renégocient les conditions de fonctionnement de leur CSE.

Etude IFOP pour Syndex. Échantillon de 812 élus du personnel français. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 24 octobre au 22 novembre 2019. 12 entretiens qualitatifs auprès d’élus d’entreprise de plus de 50 salariés pour moitié issus de CSE mis en place depuis moins de 3 mois et pour moitié depuis plus de 8 mois.

Syndex est un partenaire des Clés du social.

Sources