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Nouvelles régions : nouvelle donne ?

samedi 6 février 2016

Chapitre 1
À quoi vont servir les treize nouvelles régions dessinées par la nouvelle carte territoriale ?
Dans les textes, la région est censée voir accroître son rôle de "chef de file" administratif, en définissant et en pilotant la stratégie territoriale de développement économique et d’aménagement du territoire. Ce qui n’est pas rien, même si on peut constater que ce ne fut pas le sujet phare de la campagne politique et médiatique des dernières élections régionales. Autre nouveauté importante bien sûr, pour certaines d’entre elles, est la création d’un nouveau territoire composé de 2 voire 3 régions anciennes qu’il conviendra de faire vivre dans une communauté de destin.

Maintenant que la tempête politique est passée et que tous les présidents ont été élus, il est intéressant de voir les conséquences économiques de ces regroupements et les premiers engagements économiques des Présidents des nouvelles régions.

S’attacher aux 13 régions aurait été lassant, aussi nous avons choisi arbitrairement de nous intéresser à 5 d’entre elles qui ont la caractéristique de comprendre un nouveau territoire et qui mélangent la droite et la gauche, le nord et le sud. À savoir, la grande Aquitaine, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, le Nord-Pas de Calais- Picardie, le grand Est et Auvergne-Rhône-Alpes.

Deux temps à l’analyse. D’abord un examen des grandes caractéristiques de ces changements et leur impact sur les questions économiques, les défis et les pièges à éviter. Ensuite, dans un prochain numéro, un bref aperçu des annonces des 5 présidents.

Première caractéristique : une réduction des différences démographiques et économiques

  • Une répartition démographique plus homogène

À l’avenir, les nouvelles régions françaises auxquelles nous nous intéressons compteront un nombre important d’habitants à l’échelle de l’Europe. Rhône-Alpes-Auvergne est à 7,6 millions et les autres régions comportent entre cinq à six millions d’habitants. Mais des disparités démographiques subsistent encore. Par exemple, la population des régions du Nord et de l’Est augmente moins fortement que la moyenne française et elle reste plus jeune. À l’inverse, la population des régions du Sud et de l’Ouest augmente et vieillit plus vite.

  • Des géantes géographiques

Certaines d’entre elles comme Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Languedoc-Roussillon-Midi Pyrénées et Auvergne-Rhône-Alpes sont des géantes en termes de superficie avec un territoire supérieur à bien des pays européens : Autriche, Suisse, Danemark, Belgique…Auvergne-Rhône-Alpes sera la plus grande région de montagne de l’UE.

  • Moins de différences dans le PIB

Au niveau économique aussi, la création de plus grandes régions dessine une carte où un nombre plus important de régions présentent un poids économique intermédiaire derrière l’Ile-de-France qui pèse pour près de 30% du PIB français. Auvergne-Rhône-Alpes, Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Nord-Pas-De-Calais-Picardie, Languedoc-Roussillon-Midi Pyrénées, Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine représentent près de la moitié du PIB national.

  • La répartition de la valeur ajoutée se rapproche

De même encore, le processus de regroupement conduit à rapprocher la répartition par secteur de la valeur ajoutée dans les nouvelles régions. Ainsi, alors que, actuellement, c’est en Champagne-Ardenne que le secteur agricole pèse le plus avec 8,7% de la valeur ajoutée régionale, le poids de l’agriculture chutera à 3,5% dans le nouvel ensemble que formera cette ancienne région avec l’Alsace et la Lorraine. Et c’est dans la nouvelle région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes que le poids de l’agriculture sera désormais le plus élevé (4,1%). Elle sera d’ailleurs la plus grande région agricole et agroalimentaire d’Europe.

Deuxième caractéristique, de nombreux défis et 2 pièges à surmonter

La révision du périmètre des régions constitue incontestablement un changement d’échelle majeur et ouvre pour elles de nouvelles perspectives de moyen terme. Pour que cette transformation soit un succès, il faut que les régions soient capables de relever trois défis :

  • mettre en cohérence les stratégies régionales préexistantes tout en faisant un choix clair de l’objectif poursuivi (la compétitivité, la résilience ou la cohésion - inclusion sociale). La priorité affichée pour l’emploi et la complémentarité régionale est un leitmotiv des politiques annoncées ;
  • définir et mettre en œuvre une relation de synergie avec leurs métropoles ; Il conviendra de vivre avec Lyon, Lille, Toulouse, Bordeaux…
  • vers l’extérieur, réviser les coopérations de voisinage ou les alliances d’intérêt avec d’autres régions européennes. Presque toutes les nouvelles régions françaises dont le périmètre a bougé sont frontalières.

Et enfin, il faudra éviter 2 pièges, le marketing bureaucratique à coup de subventions et la tentation féodale, d’autant plus que la plupart des présidents concernés ont fait le choix ou vont faire le choix d’abandonner leurs postes de députés. De plus, certains d’entre eux ne cachent pas leurs ambitions nationales. Laurent Wauquiez veut faire de la nouvelle région un laboratoire pour viser plus haut.


Sources :