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À qui reproche-t-on de n’être pas disponible pour l’entourage à cause du travail ?

mercredi 6 novembre 2019

La conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle est devenue un enjeu majeur pour la qualité de vie au travail des salariés. Mais en réalité, certains salariés sont plus concernés que d’autres. Selon la DARES, en dehors des salariés à temps partiels, 15 % des femmes et 14 % des hommes déclarent recevoir des reproches de leur entourage en raison de leur manque de disponibilité liée au travail. Qui sont ces salariés ? Et quelles conséquences sur leur santé ?

Quels salariés concernés ?

  • Les femmes plus que les hommes

La probabilité de recevoir des reproches de l’entourage est d’environ 20 % plus élevée chez les femmes que pour les hommes. La division du travail dans le couple est manifestement encore très forte. On accepte moins facilement qu’une femme s’investisse professionnellement alors que dans beaucoup de foyers c’est elle qui assure essentiellement la charge du travail domestique et des enfants. À l’inverse, l’indisponibilité pour des raisons professionnelles est plus acceptée pour les hommes.

C’est encore plus vrai pour les couples avec enfants de moins de 18 ans qui sont 16 % à subir des reproches. Cela concerne essentiellement les femmes. Par contre, dans les couples où il y a un inactif 19 % des hommes et 15 % des femmes font état de reproches.

  • Les cadres, les employées du commerce, le secteur privé

L’analyse de la DARES fait apparaître des disparités importantes en fonction des catégories professionnelles. Du fait d’un temps de travail et d’un investissement professionnel plus importants, les cadres rapportent souvent des problèmes avec leurs proches (18 % des cadres hommes et 17 % des cadres femmes). C’est moins vrai chez les ouvriers. Mais à conditions de travail et contraintes psychosociales équivalentes, ce sont les employées du commerce et les ouvrières qui sont les plus concernées.

Suivant les catégories professionnelles, l’indisponibilité est plus ou moins acceptée. La répartition des rôles pour le travail domestique est souvent plus genrée dans les classes populaires que dans les classes moyennes ou supérieures. Ainsi, il est constaté que plus une femme est autonome professionnellement moins la division du travail est inégalitaire dans le couple. Par ailleurs, les cadres femmes qui peuvent financer la prise en charge de leurs contraintes professionnelles (utilisation de personnel domestique, pour la garde des enfants, etc…) reçoivent moins de reproches.

Enfin, ces difficultés rencontrées par les salariés sont plus fortes chez les travailleurs du privé que dans le secteur public.

  • Les salariés aux conditions d’emploi difficiles

19 % des personnes, plutôt des hommes, qui cumulent plusieurs emplois rencontrent aussi des difficultés avec leurs proches. Les personnes qui ont des horaires de travail atypiques sont aussi concernées. Ainsi 29 % des femmes et 18 % des hommes qui ont des horaires alternants déclarent des difficultés avec leurs proches. L’écart avec les autres salariés est aussi très important pour ceux qui travaillent de nuit (25 % contre 11 %). De même, les difficultés sont plus fréquentes pour les salariés qui ont des horaires variables ou imprévisibles (environ pour 20 % des salariés concernés).

On peut aussi rajouter comme cause de reproches les heures supplémentaires (27 % des salariés concernés hommes comme femmes) qui sont la cause de tensions familiales. Tensions qui peuvent aussi inciter à travailler davantage, note la DARES. Les temps de trajets importants sont aussi facteurs de difficultés. Au-delà d’une heure de trajets quotidiens, 20 % des personnes concernées font état de reproches de leur entourage. Les femmes sont, là encore, plus touchées que les hommes.

Les salariés qui connaissent « la pression » dans leur travail (charge trop importante, se dépêcher, charge mentale ou sensation de débordement) connaissent aussi plus que les autres les reproches de leur entourage. Par exemple, c’est le cas de 26 % des hommes et 21 % des femmes qui continuent à penser à leur travail hors du lieu de travail.

Des conséquences sur la santé ?

Les salariés qui déclarent recevoir des reproches de leur entourage constatent souvent une santé altérée avec des différences sensibles entre les hommes et les femmes. 41 % des femmes et 29 % des hommes qui ont des difficultés avec leurs proches considèrent leur état de santé comme « assez bon », « mauvais » ou « très mauvais » alors qu’ils ne sont que 28 % et 19 % chez les autres.

Impacts sur le sommeil, troubles psychologiques, états dépressifs sont déclarés par les personnes concernées par les difficultés familiales. C’est surtout vrai, là encore, pour les femmes.

La DARES reste toutefois prudente sur l’interprétation ne pouvant définir si ce sont les difficultés de conciliation qui provoquent les troubles constatés ou si un état de santé dégradé ou dépressif rend peut-être les personnes concernées plus sensibles aux reproches de l’entourage. Quoiqu’il en soit, l’étude conclut que « les représentations sexuées persistantes pourraient expliquer le lien entre reproches de l’entourage et santé psychique des femmes ».

Cette enquête montre que la question de la conciliation de la vie familiale et la vie professionnelle est une question centrale pour le bien-être des salariés au travail et qu’elle concerne plus les femmes que les hommes. D’où l’importance d’en faire un objet de négociation entre partenaires sociaux au niveau de l’entreprise bien sûr mais aussi au niveau interprofessionnel. À quand la réouverture d’une négociation nationale interprofessionnelle sur la qualité de vie au travail et l’égalité professionnelle ?

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