La productivité c’est quoi ?

Pour faire simple c’est la richesse produite par heure de travail ou par salarié. Quand le nombre de salariés ou le nombre d’heures effectuées augmentent moins vite que la richesse produite, la productivité augmente. À l’inverse, quand ils augmentent plus vite que la richesse, la productivité baisse. C’est ce qui s’est produit ces dernières années où 1,2 million d’emplois ont été créés sans que le PIB ait progressé dans les mêmes proportions.

Que s’est-il passé ?

Tout d’abord le développement de l’apprentissage (passé de 300 000 apprentis en 2017 à plus de 800 000 en 2022) explique pour un tiers la baisse de la productivité. Les contrats d’apprentissage sont comptabilisés dans les statistiques comme des emplois. Par définition, les apprentis sont moins productifs qu’un salarié formé et expérimenté.

Il y a aussi l’absentéisme qui a progressé essentiellement du fait de la pandémie pendant la crise du Covid et les séquelles de cette maladie chez un certain nombre de travailleurs notamment avec le Covid long.

Les entreprises ont aussi procédé à une forme de « rétention » de main d’œuvre durant la crise. Certaines, en difficulté, profitant des aides de l’État, ont pu maintenir leur main d’œuvre dans leurs effectifs alors qu’en temps normal elles auraient procédé à des licenciements ou auraient pu même disparaître. D’autres ont souhaité conserver leurs salariés en prévision de la reprise pour éviter des pertes de compétences ou anticiper des difficultés de recrutement.

La baisse de production dans certains secteurs a pu jouer aussi un rôle important. On cite souvent par exemple, les difficultés conjoncturelles de production d’électricité, avec l’arrêt pour maintenance de nombreuses centrales nucléaires et les difficultés d’approvisionnement en gaz liées au conflit ukrainien dans l’hiver 2022-2023, qui ont pesé sur la productivité du secteur de l’énergie.

Pour rester dans le domaine de l’énergie, en règle générale l’investissement des entreprises diminue avec l’augmentation des prix de l’énergie. L’augmentation des prix de l’électricité et du gaz a donc un impact négatif sur la productivité à court et moyen terme. L’impact à long terme semble plus incertain d’après les experts.

Se rajoutent à tout cela d’autres phénomènes liés à l’évolution du marché du travail. Ainsi, il y a eu de nombreuses créations dans des secteurs dont la productivité est inférieure à la moyenne tels que, par exemple, les services à la personne. La création d’emplois a aussi heureusement provoqué le retour à l’emploi de personnes très éloignées du marché du travail et donc provisoirement moins productives.

Enfin, l’optimisation fiscale pratiquée par un certain nombre d’entreprises entraine une baisse de la mesure de la productivité sans que l’activité et donc la productivité n’aient réellement diminué.

Une baisse de productivité moins inquiétante qu’il n’y paraît…mais

On le voit, les explications de la baisse de productivité sont d’ordre essentiellement conjoncturel et même plutôt positives sur l’emploi ou porteuses d’avenir comme le développement de l’apprentissage. Les effets de la crise du Covid devraient s’estomper et permettre un retour à la normale. Cela dit, cette baisse de la productivité pourrait aussi peut-être liée à d’autres phénomènes plus structurels tels que la désindustrialisation, la transition écologique ou la dégradation de la situation politique internationale. À suivre…

Sources

• Conseil national de la productivité
  – https://www.strategie.gouv.fr/publications/quatrieme-rapport-conseil-national-de-productivite-cnp

• OFCE
  – https://www.ofce.sciences-po.fr/pdf-articles/actu/Le-Monde.pdf

• Divers articles de journaux