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Comment évoluent les salaires selon l’âge ?

samedi 9 mars 2019

Plusieurs paramètres interviennent dans les évolutions de salaire : l’âge, le sexe, le niveau de diplôme notamment. Comment agissent-ils ? Pour voir l’impact de l’âge et l’interférence des autres facteurs, dans le cadre d’un programme sur les discriminations selon l’âge, France Stratégie a repris 25 ans d’enquêtes emploi de l’Insee (1990-2014) et comparé l’évolution de salaires nets des personnes à temps complet nées entre 1935 et 1974 (regroupés en 8 générations de 5 ans) dans une étude au niveau global. Quels en sont les résultats ?

Les salaires augmentent avec l’âge : oui, mais…

Cette note d’analyse montre que l’âge a un effet positif sur le salaire, qu’elle chiffre : au cours de sa carrière, un salarié peut voir en moyenne son salaire augmenter de 70 %. À 25 ans, la moyenne est de 70 % du salaire moyen net, 100 % à 30 ans et 120 % à 60 ans.

Et cela en progression d’une génération à l’autre : il y a environ 200 € d’écart positif de parents à enfants. Les raisons ? Des gains de productivité dans le travail des actifs, des niveaux d’éducation et de compétences plus élevés…

Ainsi, le salaire net moyen est établi à 1 350 € en moyenne à 25 ans, il augmente ensuite pendant 10 à 15 ans, stagne après autour de 2 000 €, pour remonter dans les 10 dernières années de carrière jusqu’à 2 300 € en moyenne. France Stratégie signale malgré tout un biais possible sur la fin de carrière : la baisse du taux d’emploi des seniors après 50 ans peut cacher un effet de sélection, le maintien dans l’emploi en fonction du niveau de productivité.

Cependant, au-delà de cette tendance générale, bien des disparités et inégalités existent, que France Stratégie a cernées. Sans étonnement, cette évolution positive est plus forte pour les hommes diplômés que pour les femmes et les peu diplômés.

L’inégalité d’évolution femme-homme augmente au fur et à mesure de la carrière

Il y a maintenant peu d’écart entre homme et femme en début de carrière. Mais les femmes ont une carrière salariale beaucoup plus plate que les hommes, si bien qu’elles culminent en fin de carrière à une moyenne de 110 % du salaire moyen, contre 130 % chez les hommes. Serait à confirmer un début de rattrapage de cet écart pour la dernière génération de salariées, celle de 1970-1974, de +3 à 4 % par rapport aux générations précédentes.

Le niveau de formation interfère sur l’évolution de salaire

Il faut d’abord noter une grande augmentation du taux de diplômés entre les générations.

% de diplômés Bac et + Génération 1940-44 Génération 1970-74
Total 23,6 53,5
Hommes 23,3 46,3
Femmes 24,2 64,4

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L’écart de salaire selon le diplôme s’accroit au fur et à mesure de l’âge. Pour les hommes, il est de 100 à 300 € en début de carrière, jusqu’à 1 000 € à 50 ans. Il reste plus faible chez les femmes, …pourtant plus nombreuses diplômées. Les contextes économiques, bien différents, interviennent cependant : depuis la crise, les salaires de début de carrière des hommes diplômés sont un peu plus bas mais sont rattrapés en cours de carrière.

Au fur et à mesure de la carrière, l’évolution salariale diverge entre diplômés et peu diplômés : pour ces derniers, la hausse s’arrête à 54 ans environ et leur salaire a ensuite une tendance baissière, en particulier s’ils n’ont pas de formation à partir de 50 ans, alors que l’accroissement du salaire va jusqu’à 62 ans pour les diplômés.

D’un autre côté cependant, la forte augmentation du nombre de diplômés a un effet relatif baissier pour eux. Le rapport entre le salaire de chacun et celui moyen de l’ensemble de l’économie, dit « salaire relatif », est stable au cours de ces 8 générations pour les peu diplômés, mais moins bon d’une génération à la suivante pour les diplômés : la massification de l’enseignement supérieur, l’arrivée de nombreuses femmes moins bien payées, les coups de pouce au Smic favorables aux peu diplômés sont des facteurs d’explication de ce « déclassement relatif » des diplômés. Alors que pour les peu diplômés, c’est entre emploi et chômage que la « sélection » joue.

Chômage de nombreux peu diplômés, exclusion du travail pour les seniors sans formation, c’est ainsi l’enjeu de formation que France Stratégie met en avant, tout au long de la vie, et tout particulièrement autour de 50 ans, à la fois pour augmenter le taux d’emploi et baisser celui du chômage, et éviter la baisse de salaire des seniors, en particulier des peu qualifiés.


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