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Des salaires de misère dans l’industrie du vêtement de l’Europe de l’Est et en Turquie

samedi 23 août 2014

L’alliance défendant les droits des travailleurs du textile, Clean Clothes Campaign vient de publier un rapport sur les conditions de rémunération et de travail dans le secteur du vêtement et de la chaussure dans quatre États membres de l’Union Européenne (Bulgarie, Croatie, Roumanie, Slovaquie) et six pays, non membres de l’UE (Bosnie-Herzégovine, Géorgie, Macédoine, Moldavie, Turquie et Ukraine), entretenant des relations avec l’UE mais sans appliquer ses règles sociales.

Clean Clothes Campaign, composé de syndicats et d’ONG dans 16 pays européens (en France : Éthique sur l’étiquette), indique que trois millions de travailleurs sont victimes de conditions de travail épouvantables. Étant donné qu’une famille dans la région est constituée de trois personnes en moyenne, cela veut dire que 9 millions de personnes dépendent de ces conditions dans l’industrie du vêtement et des chaussures.

Dans une dizaine de pays d’Europe de l’Est, les conditions de travail sont parfois pires qu’en Chine ou en Indonésie.

Il en ressort que la Moldavie et l’Ukraine ont le salaire minimum net le plus bas avec respectivement 71 et 80 euros par mois. La Croatie connaît le salaire « le plus élevé » dans la région étudiée avec 308 euros par mois, ce qui est « bien en dessous du salaire minimum vital ». En Chine, le salaire minimum s’élève à 175 euros, contre 196 euros en Malaisie.

Les entreprises, comme H&M, Zara, Hugo Boss, Adidas et Benetton et leurs sous-traitants, paient le salaire minimum à leurs travailleurs en Europe de l’Est et en Turquie. Ces montants sont en dessous du seuil de pauvreté défini par le Comité européen des droits sociaux. « Dans la pratique, le salaire minimum légal est souvent le plafond et non la base pour les salaires », selon Clean Clothes Campaign.
Les travailleurs interrogés se plaignent également de ne pas pouvoir prendre de jours de congé ou même de congé maladie, de ne pas recevoir les allocations familiales. Les travailleurs roumains disent être contraints de faire des heures supplémentaires pour pouvoir gagner le salaire minimum. Les femmes y connaissent, outre le harcèlement sexuel, l’interdiction de tomber enceinte sous peine de perdre leur emploi. La forte dépendance des femmes à leur emploi est une occasion supplémentaire pour l’employeur de contraindre les travailleuses à accepter de mauvaises conditions de travail.

Une enquête menée auprès de quatre sites de production Hugo Boss en Croatie et en Turquie montre également que les travailleurs n’ont pas le droit de mener des négociations collectives. Dans la plupart de ces pays, dit le rapport, les lois ont été mises en place pour compliquer le travail des syndicats ; la pression des employeurs contre les syndicats « a toujours été justifiée par la situation difficile dans le secteur et par la concurrence internationale ».

Clean Clothes Campaign demande aux gouvernements « d’augmenter le salaire minimum au moins à 60 % du salaire national moyen, de responsabiliser les multinationales dans leurs actions au sein de la chaîne d’approvisionnement et de garantir que les marques respectent les droits de l’Homme et des travailleurs ». Cette organisation invite les institutions européennes à peser en ce sens.


Sources :
http://www.cleanclothes.org/livingwage/stitched-up
http://www.euractiv.fr/sections/europe-sociale-emploi/les-travailleurs-du-textile-sont-moins-payes-en-europe-de-lest-quen?utm_source=EurActiv+Newsletter&utm_campaign=7316


 

 

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