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Europe, économie, politique, immigration... ce que le Brexit va changer

samedi 23 juillet 2016

Créé en 1992 comme Centre d’information sur l’Europe, le site Toute l’Europe suit l’évolution des conséquences du Brexit, décidé par une majorité de citoyens britanniques le 23 juin 2016. Le site dans ces différentes éditions passe en revue les changements possibles. Ils sont considérables :

... pour l’économie britannique

La majorité des économistes et des institutions financières internationales est catégorique : l’économie du Royaume-Uni sera profondément touchée par le Brexit pendant plusieurs années. Son PIB pourrait chuter de 3 à 9% selon les études. Principale cause : la fin du libre-échange entre le Royaume-Uni et le reste de l’Union européenne, le premier exportant la moitié de ses biens et services vers le second.
Par ailleurs, le Royaume-Uni économisera environ 7 milliards de livres par an en ne contribuant plus au budget de l’Union européenne (différence entre son versement et les subventions qu’il perçoit en retour). Mais le fait que le pays ne bénéficie donc plus des subventions européennes pourrait en revanche avoir un impact négatif sur l’agriculture, la recherche et la culture.

... pour l’économie européenne

De son côté, le reste de l’Union européenne devrait également pâtir de son divorce avec la 5ème puissance économique mondiale. Les 27 autres Etats membres exportent plus de 10% vers le Royaume-Uni et bénéficient également des importations en provenance du Royaume-Uni. La défiance des investisseurs vis-à-vis du marché européen est, là aussi, à craindre sur le long terme.

... pour la livre sterling

Au lendemain de l’annonce du Brexit, la monnaie britannique a chuté de plus de 10%. S’étant envolée au-dessus de 1,50 dollar le soir du 23 juin, elle a atteint 1,33 dollars le matin suivant, jusqu’à atteindre quelques jours plus tard son plus bas depuis septembre 1985, à 1,3121 dollar. De fait la livre est légèrement remontée depuis.

... pour David Cameron, Theresa May et le Parti conservateur

Les Britanniques n’ont pas eu droit à une énième campagne électorale. Dès le lendemain du référendum en faveur du Brexit, David Cameron annonçait qu’il quitterait son poste et qu’un successeur devait être désigné avant l’automne. Au cours d’une semaine riche en rebondissements, Theresa May s’est retrouvée seule en course, et en quelques heures David Cameron et son parti se mettaient d’accord sur un agenda accéléré. Elle a fait donc son entrée au 10 Downing Street dès le 13 juillet et devient la chef du Parti conservateur, un parti rongé de l’intérieur par ses divisions sur le Brexit.

Elle succède à David Cameron au poste de Premier ministre du Royaume-Uni, avec plusieurs mois d’avance sur le calendrier initialement établi. Relativement peu connue en France et à l’étranger, Theresa May s’est pourtant illustrée au fil des ans comme une figure centrale du Parti conservateur. Celle qui a soutenu officiellement le maintien du pays dans l’UE par fidélité à David Cameron, devra désormais mettre en place le Brexit d’une main, tout en menant les réformes qu’elle juge nécessaires pour son pays, de l’autre.

Son exécutif représente une rupture totale avec le gouvernement précédent. Plus à droite et légèrement plus féminin, il devra désormais trouver la stabilité qui manque au Royaume-Uni depuis le résultat du référendum du 23 juin dernier.

… pour le Parti travailliste

Une grande majorité des députés du Labour ont fait campagne pour le maintien dans l’Union européenne. Dès lors, comment les travaillistes vont-ils rebondir après cette défaite électorale ? C’est le premier d’entre eux, le leader Jeremy Corbyn, qui fait face au gros des critiques.
Déjà pendant la campagne, celui-ci était accusé de tenir un discours trop tiède. Si bien qu’à deux semaines des élections, la moitié des sympathisants du Labour ne savaient pas quelle était la position officielle du parti sur l’enjeu du référendum.
Le 28 juin, Jeremy Corbyn, leader du parti depuis à peine huit mois, a perdu la confiance de ses députés, qui se sont prononcé à 172 voix contre 40 pour son départ. S’ajoutent à cela les démissions en cascade de son équipe exécutive (le « shadow cabinet ») qui a perdu une vingtaine de membres. Le parti est à terre et embourbé dans une interminable guerre de succession.

... pour l’immigration au Royaume-Uni

C’était le sujet central de la campagne, et ce qui a probablement fait basculer le vote en faveur du Brexit. En 2015, 300 000 personnes, principalement venues de l’UE, ont immigré au Royaume-Uni, loin des 100 000 prévues par David Cameron. Un afflux de personnes continu depuis qu’en 2004 le pays a ouvert l’accès à son marché du travail aux citoyens des nouveaux membres de l’UE, dont la Pologne, puis plus tard la Bulgarie et la Roumanie.

La crise de 2008 a fait monter l’hostilité des Britanniques envers ces nouveaux arrivants, accusés d’exercer une pression croissante sur le système de santé et sur les services de sécurité sociale. Quelles seront les décisions du nouveau gouvernement ?

… pour l’Écosse

L’Écosse a voté à l’inverse des électeurs anglais, en plébiscitant un maintien dans l’Union européenne à 62%. Le Parti national écossais (SNP) qui contrôle le Parlement d’Écosse n’en demandait pas tant...

Fondamentalement europhiles, les nationalistes ont vu en ce référendum une occasion de brandir la menace d’un second scrutin sur l’indépendance du pays si les Écossais votaient pour rester et le reste du pays pour quitter l’UE. Nicola Sturgeon, Première ministre SNP, a déclaré le 24 juin qu’elle prenait acte de la décision de ses électeurs.

Elle s’est rendue à Bruxelles le 29 juin pour s’entretenir avec Martin Schulz et Jean-Claude Juncker, sans doute pour tâter le terrain et établir des relations solides en vue d’un futur européen pour l’Écosse.

... pour l’avenir de l’Union européenne

Principale interrogation à la suite du Brexit : le sort qui attend désormais l’Union européenne. Celui-ci est évidemment lié à d’innombrables facteurs... D’autres pays vont-ils à leur tour demander un référendum pour sortir de l’Union européenne ? C’est ce qu’espèrent en particulier certains dirigeants d’extrême-droite qui se sont félicités du résultat et promettent d’organiser un tel scrutin s’ils sont élus.

À l’opposé, cet événement est vécu par certains comme un signal et une opportunité pour réformer en profondeur l’Union européenne. Ce qui serait le meilleur moyen de répondre aux attentes des citoyens et couper court à la montée de l’euroscepticisme.
Il est toutefois probable qu’aucune de ces deux options radicales ne voie le jour, mais que l’Union européenne continue à se réformer progressivement. C’est en tout cas ce qu’ont laissé entendre les dirigeants allemand, français et italien qui ont proposé, en amont du Sommet européen des 28 et 29 juin, une « nouvelle impulsion » pour l’Europe.

Enfin, certains estiment envisageable (voire certain) que le retrait du Royaume-Uni n’aura finalement pas lieu ! Cette éventualité qui paraissait absolument impossible au lendemain du référendum est aujourd’hui avancée. Elle reste toutefois balayée par les responsables politiques européens, dont une majorité fait pression sur le Royaume-Uni pour le déclenchement de l’article 50 du traité sur l’Union européenne, de sortie de l’UE, afin que les négociations sur les futures relations puissent commencer et que le retrait ait lieu le plus rapidement possible.

... pour la place du Royaume-Uni dans l’Union européenne avant son retrait effectif

D’ici le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, qui pourrait avoir lieu seulement dans deux ans (la période prévue par l’article 50), l’État reste donc pleinement membre de l’UE.

Entre autres, le pays garde ses députés européens mais le commissaire britannique Jonathan Hill a quant à lui démissionné suite au référendum. Le Royaume-Uni devait également assurer la présidence tournante du Conseil de l’UE de juillet à décembre 2017, à quoi il a renoncé.

... pour l’avenir des relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne

L’ensemble des relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne va devoir être renégocié. Un travail titanesque, qui touche aussi bien au commerce qu’à la circulation des personnes entre l’île et le continent, sans compter la réorganisation d’une Union européenne à 27. Les relations entre les deux parties pourraient prendre la forme d’accords bilatéraux comme ceux qui relient l’UE à la Norvège ou à la Suisse, des exemples fréquemment cités et qui assurent à ces pays un accès privilégié au marché européen ainsi que le bénéfice de certaines politiques européennes sans pour autant participer à leur élaboration.

Les dirigeants européens semblent déterminés à concéder le moins d’avantages possibles au pays nouvellement sorti, afin d’éviter que d’autres États membres soient tentés de faire de même.

… pour l’anglais dans les institutions européennes

L’anglais est, en plus d’être la langue officielle de trois pays membres (le Royaume-Uni, l’Irlande et Malte), une des trois langues de travail des institutions européennes, avec l’allemand et le français. Il est difficile d’imaginer que l’anglais disparaisse totalement des couloirs de Bruxelles et de Strasbourg. Elle reste la langue la plus parlée par les citoyens européens et plus facile à maîtriser que le français ou l’allemand. Elle restera de plus la langue officielle de deux pays membres, l’Irlande et Malte.

… Pour ceux qui veulent voyager, étudier et travailler au Royaume-Uni

Le résultat du référendum du 23 juin n’implique pas de changement immédiat pour les ressortissants français au regard de leurs droits à la circulation ou au séjour au Royaume-Uni.


Sources :