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Formation continue : les français trainent des pieds

mercredi 2 juin 2010

La France possède l’un des plus beaux arsenaux conventionnels et réglementaires de la formation continue. Mais comment s’en sert-on ? Une enquête de l’Observatoire CEGOS permet de questionner le lien entre les dispositifs et les pratiques.

Une enquête de l’Observatoire CEGOS auprès de 2 200 salariés de quatre pays (Espagne, Allemagne et Angleterre, en plus de la France) permet de questionner le lien entre les dispositifs et les pratiques, de manière comparative avec ces trois voisins.

On repère des points communs entre les quatre pays :

 les jeunes et les cadres sont en tête des bénéficiaires de la formation,

 la concertation avec les managers est limitée, sauf en Angleterre,

 les formations techniques dominent,

 les contenus des formations souhaités en priorité portent sur l’efficacité professionnelle, la communication et les langues,

 les salariés espèrent tirer de la formation de meilleurs revenus, un épanouissement personnel et professionnel et une évolution professionnelle,

 ce sont les entreprises moyennement grandes (250 à 1 000 salariés) qui forment le plus leurs salariés, et non les plus grandes…

Mais les réponses des salariés français dessinent aussi des différences avec les autres pays.

 C’est la France qui est le pays où l’initiative des salariés en matière de formation est la plus faible (52 % contre 67-68 % en en Espagne ou en Allemagne) ;

 Un plus grand nombre de salariés n’ayant pas eu de formation depuis au moins trois ans acceptent de ne pas faire partie des personnes habituellement formées ;

 Les salariés français sont moins disposés à se former sur leur temps (60 %) et leur financement (35 %) propres (est-ce parce qu’ils peuvent utiliser le CIF et le DIF ?)

 La France est le pays où les modalités de formation sont les moins diversifiées : peu de e-learning, peu de nouvelles méthodes de formation collaborative (blog, forum, podcast…) et les salariés français sont ceux qui exposent le moins de souhaits de formation et restent peu friands de ces innovations ;

— Les salariés français sont ceux qui apprécient le moins l’action de leur entreprise. Cette critique porte sur l’identification des besoins, la possibilité d’expression des attentes et besoins personnels, l’information sur l’offre de formation, le rôle accordé à leur manager dans ce domaine et pour la construction et la sécurisation de leur parcours professionnel.

L’image qui se dégage de cette enquête est qu’on en reste en France à une conception traditionnelle de la formation. Elle peine encore à s’imposer comme une démarche dynamique, tant pour l’entreprise comme investissement dans les hommes et son propre développement que pour les salariés comme acteurs revendiquant leur part d’initiative. Même si ce sont les non formés français qui font le plus appel à l’argument de la crise pour expliquer l’état de la formation, ce motif est loin d’être suffisant pour expliquer des pratiques critiquées depuis longtemps.

L’utilisation des possibilités créées en France par la négociation et la réglementation est loin d’être optimale. La réglementation est importante, les accords collectifs sont nombreux. Mais tout cela ne parvient pas à modifier suffisamment les pratiques du management et celle des salariés.