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Inégalité et emploi : le poids des choix des employeurs

mercredi 18 juillet 2018

On s’en serait douté mais cela va encore mieux en le démontrant ! Dans une publication de la revue Harvard Business Review, un chercheur américain donne les conclusions d’une recherche récente qui montre que les inégalités ne sont pas dues seulement au marché du travail mais aussi aux décisions des employeurs, confirmant ainsi les approches de 2 professeurs de Yale School of management dès 1980.

Selon ce qu’il a observé, même si les forces du marché jouent un rôle important dans le développement de l’inégalité salariale, les choix d’organisation du travail des entreprises, de rétribution des salariés pèsent lourd : il n’y a pas de déterminisme. Car les entreprises peuvent être distinguées en deux types : celles qui privilégient les questions d’organisation interne et celles qui sont orientées strictement vers le marché.

Les premières sont caractérisées par un emploi stable, avec peu de turnover, un développement de la formation, la priorité aux déterminants internes et une plus grande équité de rémunération. Les travailleurs sont protégés des aléas du marché. L’entreprise a une perspective de long terme pour sa performance et pour cela mise sur des stratégies qui supposent un salariat stable et qualifié.

Au contraire, celles qui sont tendues vers le marché développent des relations d’emploi « flexible », avec un fort turnover, peu de formation et un système de salaires basé sur les exigences du marché. Le choix d’une politique de court terme induit la recherche du moins de coûts directs et de la flexibilité pour leur main d’œuvre.
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Si cette typologie peut sembler un peu binaire, en fait la recherche montre que les entreprises se situent entre ces deux dominantes, plus ou moins près de l’une ou de l’autre. De plus, historiquement, si dans les 30 glorieuses les entreprises privilégiaient surtout l’approche organisationnelle, depuis la fin des années 70 elles sont tournées vers l’approche du marché et du court terme, …et des rétributions de plus en plus fortes des dirigeants. C’est particulièrement vrai pour les Etats-Unis, mais cela a entrainé tous les pays derrière ce choix. Les entreprises françaises ne sont pas restées en dehors de ce mouvement de compétition internationale et financière.

Aussi des politiques publiques dans chaque pays et des régulations internationales sont indispensables pour faire évoluer ce critère de gain de court terme dans les entreprises, qui va à l’encontre du développement des investissements, de la compétitivité par l’innovation, par les compétences des salariés et leur bien-être, synonyme de plus grande implication dans leur travail et de meilleurs résultats : « la qualité des relations du travail est essentielle pour réduire les inégalités et relever les défis d’un monde du travail en pleine mutation ». De même, la négociation collective permet de meilleurs salaires, en déclenchant des hausses et par leur plus grande ampleur, constate à nouveau l’Insee.

Toutes les deux renforcent ainsi le constat rencontré par tous du rôle des syndicats et de la négociation collective dans la définition des rapports sociaux, des droits et des conditions des salariés. Une mission permanente du syndicalisme !


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