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L’accès à l’emploi des travailleurs handicapés est toujours difficile

samedi 24 juin 2017

En 2015, près de 2,7 millions de personnes (15-64 ans) sont reconnues handicapées. Si on ajoute les personnes ayant un problème de santé durable ou chronique les limitant dans leur quotidien, le total monte à 5,7 millions de personnes en situation de handicap. Or, pour eux tous, l’accès à l’emploi reste difficile, même s’il progresse.

Des taux d’activité, d’emploi et de chômage très marqués

Si le taux global d’activité des 15-64 ans est de 72 %, il n’est que de 53 % pour les personnes en situation de handicap et même de 43 % pour les personnes dont le handicap est reconnu administrativement. Et parmi ces actifs, tous sont loin d’avoir du travail, comme le montre le tableau suivant.

Taux d’activité, d’emploi et de chômage des personnes handicapées
En 2015Nombre (en milliers)Taux d’activitéTaux d’emploiTaux de chômage
Personnes reconnues handicapées 2 665 43 % 35 % 19 %
Personnes en situation de handicap 5 702 53 % 45 % 15 %
Ensemble de la population de 15 à 64 ans 40 558 72 % 64 % 11 %

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Ainsi, 1 500 000 personnes reconnues handicapées sont inactives. Certaines caractéristiques de cette population expliquent en partie les différences d’accès à l’emploi : un handicap rendant impossible de travailler (62 % des personnes reconnues handicapées et 42 % de celles en situation de handicap), l’âge plus élevé de la population handicapée (la moitié a 50 ans ou plus, contre 1/3 pour la population générale), la faible qualification de nombreuses personnes handicapées… Pourtant nombre d’entre elles ont déjà travaillé avant de devenir inactives et la rupture de leur contrat a été d’abord due à une maladie ou invalidité.

Cependant, ces raisons sont loin d’être suffisantes. 200 000 de ces inactifs souhaiteraient travailler. Les entreprises sont encore loin de la règle des 6 %, l’administration ne fait qu’un peu mieux. Ainsi, une personne au handicap reconnu a 3 fois moins de chances d’être en emploi, à mêmes caractéristiques d’âge, qualification, etc. ; et 1,7 fois moins en situation de handicap.

Le taux de chômage est ainsi le double pour les personnes reconnues handicapées, et de +37 % pour les personnes en situation de handicap par rapport à la population générale. De plus, le chômage est pour eux encore plus souvent de longue durée : 63 % des chômeurs reconnus handicapés (contre 45 % en moyenne) ; et même 28 % vivent 3 ans ou plus de chômage. L’âge plus élevé de cette population, une qualification moins développée sont des facteurs qui interviennent là aussi.

Une répartition déformée des types d’emplois

Près d’un million (935 000) travaillent, hommes ou femmes à égalité, plus âgés que la moyenne (près de la moitié a plus de 50 ans, contre 30 % pour la moyenne). Parmi eux, seuls 21 % ont un diplôme de l’enseignement supérieur, près de 2 fois moins que la moyenne (à 39 %), en raison d’un accès plus difficile à l’école et aux études, mais 2 fois plus que la moyenne pour ceux sans diplôme ou avec seulement le BEPC, à 29 %.

Aussi, on les trouve beaucoup dans des emplois ouvriers (31 %) - dont 12 % comme ouvriers non qualifiés - et employés (35 %).
Les travailleurs handicapés se retrouvent en premier dans l’administration, l’enseignement, le secteur santé humaine et action sociale (40 %), puis les transports (19 %). Beaucoup moins dans le commerce, la restauration, les garages, les autres services. Soit 22 % dans le secteur public, 70 % salariés dans le secteur privé.

Leurs statuts d’emploi diffèrent aussi de l’ensemble de la population active. Plus souvent en CDI (80 % contre 76 %), moins souvent non salariés (8 %), en CDD pour 10 % d’entre eux (contre 9 %) ; et ils sont stables dans leur emploi (55 % : 10 ans ou plus, contre 45 % en moyenne). Mais ils sont beaucoup moins souvent à temps complet (68 % contre 81 %) et les temps partiels (32 % contre 19 %) sont plus courts que la moyenne. D’où un sous-emploi plus fort que dans l’ensemble de la population active : près d’1 sur 10, un peu moins pour les plus jeunes (moins de 25 ans), plus encore pour les femmes.

Un besoin d’action plus forte pour l’emploi des personnes handicapées

Acteur principal de l’action en faveur de l’emploi des personnes handicapées, l’Agefiph est l’association qui collecte les fonds des entreprises qui n’atteignent pas les 6 % d’emplois handicapés et les utilisent en faveur de l’accès à l’emploi des personnes handicapées, avec 110 000 interventions en 2016. Avec un peu plus de 400 millions de collecte, chiffre 2016 en légère baisse, mais des besoins plus élevés (450 millions de dépenses en 2016), ses réserves s’épuisent.

Face à ces limites financières et aux insuffisances de l’accès à l’emploi des personnes handicapées, l’Agefiph vient d’adopter un nouveau plan stratégique pour sécuriser les parcours professionnels, renforcer l’accès à la formation de droit commun, mobiliser le monde économique et social, agir sur le système des acteurs de l’emploi, de la formation, de l’orientation et du travail, ainsi que renforcer la visibilité et la lisibilité de l’Agefiph et de son offre d’intervention.

Ce plan consiste en une réorganisation de son offre d’intervention pour la rendre plus simple, plus réactive et plus facilement appropriable par les bénéficiaires, renforcer le maintien dans l’emploi des personnes en risque de déinsertion professionnelle et accroitre leur formation en particulier leur accès aux formations « de droit commun ». Pour cela, l’Agefiph entend favoriser la négociation et la qualité des accords sur le handicap, en développant la collaboration avec les acteurs sociaux comme avec les acteurs locaux et déployer un réseau de référents handicap sur le territoire.

L’Agefiph ne peut réussir seule. C’est de la responsabilité des entreprises et administrations de s’ouvrir davantage aux personnes handicapées, aidées par l’Agefiph pour l’aménagement des postes et la formation des personnes. C’est aussi aux délégués syndicaux et élus du personnel d’intervenir auprès des entreprises à partir de la réalité interne de l’emploi handicapé, visible notamment dans les bilans sociaux, pour qu’elles remplissent leurs obligations, numérique et de négociation d’accords permettant l’insertion de travailleurs handicapés dans leurs emplois.
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Sources