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L’éducation en France : rapport de l’OCDE

jeudi 15 décembre 2011

Si la France entre dans la moyenne de l’OCDE pour de nombreux éléments de son système éducatif, de fortes différences ou particularités existent sur certains points et engendrent une efficacité insuffisante et des inégalités bien supérieures à la moyenne des pays de l’OCDE.

Il y a des progrès importants depuis 50 ans, mais des particularités négatives

 les diplômés du supérieur sont passés de 20 % à 40 % d’une classe d’âge
 les diplômés de la fin du secondaire de 55 % à 83 %
 la filière professionnelle s’est développée (44 %), même si elle est encore un peu inférieure à la moyenne de l’OCDE.

Les écarts des taux de réussite

 De 1997 à 2009, le pourcentage de ceux qui ne finissent pas le 2ème cycle de l’enseignement secondaire, même en diminution, reste élevé, passant de 41 % à 30 %, alors que la moyenne de l’OCDE descend de 36 % à 27 %.
 Le taux de réussite à la fin du secondaire diffère très fortement selon les filières (années 1999-2001) : 91 % après une voie générale, 71 % après une voie professionnelle.

Le poids des catégories socioprofessionnelles

sur les performances des élèves est plus lourd en France que la moyenne de l’OCDE : - « La performance des élèves en compréhension de l’écrit varie fortement selon leur milieu socioéconomique, en particulier en France et en Nouvelle-Zélande. » - Parmi les enfants de milieux défavorisés, on en dénombre seulement 30 % qui rebondissent et progressent malgré les difficultés d’origine. - Au contraire, le quartile supérieur a des résultats supérieurs à la moyenne de l’OCDE. - La France fait partie des pays où l’absence de lecture par plaisir a le plus gros impact sur l’écart de compréhension de l’écrit.

Une dépense supérieure à la moyenne

Pourtant, la France dépense plus que la moyenne OCDE par élève ou étudiant et par an, de l’enseignement primaire à l’enseignement supérieur, non seulement pour l’enseignement lui-même mais également, particularité française, pour les transports-restauration-hébergement. On remarque que la répartition des efforts est différente des autres pays de l’OCDE, avec plus d’investissement dans l’enseignement secondaire et moins dans le primaire et le supérieur. Donc en France, on démarre mal la scolarité et l’acquisition des bases s’en ressent, avec des élèves qui arrivent en sixième sans maîtriser les fondamentaux. .Sans parler des écarts de niveau de dépenses avec des pays comme la Suède ou les Etats-Unis où l’investissement par élève ou étudiant est bien supérieur.

dépenses d’enseignement de la France par élève ou étudiant
en $FranceOCDEAllemagneSuèdeEtas-Unis
Moyenne 9 562 8 831 9 115 11 162 14 923
Primaire 9 562 8 831 9 115 11 162 14 923
Secondaire 9 562 8 831 9 115 11 162 14 923
Supérieur 9 562 8 831 9 115 11 162 14 923

Un temps scolaire plus élevé

La durée moyenne de la scolarité est d’un an plus longue en France que l’ensemble de l’OCDE (14 ans contre 13 ans), après une pré-scolarisation de 95 % dès les 3-4 ans. De plus, le temps scolaire y est plus lourd, sans entraîner une meilleure réussite :

Un temps scolaire plus élevé
Par anFrance-heures obligatoiresFrance-heures prévues*OCDE-obligatoiresOCDE-prévues
7-8 ans 847 847 749 775
9-11 ans 847 847 793 821
12-14 ans 971 1065 873 907
15 ans 1042 1147 902 941

*avec les options facultatives

Un taux de scolarisation inférieur

Mais le taux de scolarisation des 20-29 ans est inférieur à la moyenne OCDE : 19,2 % contre 27,7 % et en recul, « signe de nivellement des taux de scolarisation dans l’enseignement supérieur ». La France s’oppose ainsi à des pays comme l’Allemagne et la Suède, car en France l’emploi se situe après la fin de la formation initiale alors qu’en Allemagne ou en Suède, on mène souvent les deux de front.

Enseignants, une situation contrastée

De même la situation des enseignants est contrastée en France. L’OCDE met en évidence une perte de niveau de salaire de 10 % entre 1995 et 2009, avec une faiblesse particulière dans le supérieur par rapport aux autres pays et, en même temps, une inégalité des temps d’heures de formation selon les cycles : plus d’heures en primaire que dans l’OCDE (926 contre 779), moins dans le secondaire que la moyenne (642 heures contre 701 dans le premier cycle, 628 contre 656 dans le second).

L’éducation comme investissement

Ainsi, tout en mettant 6 % de son PIB dans son système éducatif, soit ce que recommande l’UNESCO et un peu plus que la moyenne OCDE, la France reste un pays où l’égalité de chances n’est pas assurée. Dénoncée d’innombrables fois (cf. http://clesdusocial.com/mois-social/mois-social-10/08-formation/documents/Lechecscolairecompile-def.pdf), la situation évolue peu. Ni les réformes successives, ni l’ajout de moyens n’ont résolu ce dilemme.

Rigidité et académisme

Les conditions d’organisation, les choix pédagogiques, la formation des enseignants ne correspondent pas à l’égalité affichée et ne permettent pas à tous les enfants de développer leurs capacités. La rigidité du système, l’académisme des formes d’enseignement pèsent lourd. Un élément qui illustre la question est la place croissante de l’enseignement privé selon les cycles, comme si on lui demandait de récupérer de plus en plus d’enfants, grâce à une meilleure prise en charge individuelle, au fur et à mesure de la scolarité (l’enseignement privé représente 15 % dans le primaire, 22 % dans le premier cycle du secondaire, 31 % dans le second cycle).

Le problème n’est donc pas tant l’argent mis que la façon dont il est réparti et utilisé. Cette année, la direction de l’éducation de l’OCDE insiste sur la nécessité de concevoir cet argent dépensé comme un investissement dans l’avenir, malgré la crise, pour l’apport de croissance qui en serait issu comme pour permettre aux individus d’avoir une vie et une santé meilleures, ainsi qu’une plus grande implication dans la vie collective. Encore faut-il que les moyens soient employés avec efficacité. Il n’existe pas de comparaison et de mesure de la qualité de la pédagogie. En France, la discipline enseignée passe avant le jeune enseigné.

Egalité à l’envers

Alors que l’on constate que les classes où l’on trouve les enfants des familles les plus favorisées sont celles qui coûtent le plus cher à la collectivité, classes préparatoires, grandes écoles, ainsi, la collectivité favorise les plus favorisés. Dans ce cas, ne faut-il pas investir davantage dans les établissements des zones de populations défavorisées et d’un autre côté, dans le supérieur, revoir le niveau des droits d’inscription et celui des bourses pour rétablir davantage d’égalité en fonction des moyens de chacun ?


PS :

Rapport annuel de l’OCDE - Regards sur l’éducation 2011