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Le chômage de longue durée s’est accru avec la crise

mercredi 10 décembre 2014

Le dernier ouvrage de l’INSEE, France Portrait social, confirme un ressenti global : le chômage a continué de s’accroître en France avec l’effet de la crise. En effet, entre 2008 et 2013, il s’est accru globalement de 43%. Il touchait ainsi près de 10% des actifs fin 2013, et le chômage de longue durée 4% (il faut être au chômage depuis plus d’un an pour entrer dans cette catégorie). La crise a en effet conduit à la suppression de nombreux emplois de la part des entreprises dont les débouchés se sont réduits.

Mais il est plus inquiétant de constater que le chômage de longue durée s’est accru de 56%, plus vite que le chômage total. Ceci représente 400 000 personnes de plus entre 2008 et 2013.

Graphique : taux de chômage


(cliquez sur la vignette pour voir l’image en grand)

Bien évidemment, les personnes ne sont pas toutes touchées de la même manière. Comme souvent, ce sont les jeunes qui sont davantage touchés par le chômage et donc aussi par le chômage de longue durée. Le taux de chômage de longue durée chez les moins de 25 ans atteint ainsi 6,4% (2,4 points de plus que la moyenne). Malheureusement, la France ne fait pas exception dans l’Union européenne. Par rapport à 2008, le taux de chômage de longue durée a augmenté de 3,5 points parmi les 15-24 ans, 1,9 point parmi les 25-49 ans et de 1,2 point parmi les 50 ans ou plus. Ceci a motivé le gouvernement français à développer des nouvelles formes d’emplois aidés : les emplois d’avenir pour les jeunes, ou les contrats de génération afin de favoriser l’embauche des plus jeunes tout en maintenant l’emploi des seniors. Il a plus récemment proposé d’étendre le suivi des chômeurs par Pôle Emploi qui a été testé dans plusieurs régions et s’est avéré positif y compris pour les chômeurs, malgré les récentes polémiques.

Néanmoins, le taux de chômage de longue durée des femmes (3,9%) est devenu inférieur à celui des hommes (4,1%) sous l’effet de la crise. Ce sont en effet les secteurs plus masculinisés en termes d’emplois qui ont le plus souffert de la crise (construction et industrie), alors que les services plus féminisés ont moins subi la crise, relativement.

Les données confirment de grandes inégalités selon le lieu d’habitation, le type de famille ou le niveau de formation et le type d’emploi recherché.

Le taux de chômage est plus élevé pour les habitants des « zones urbaines sensibles » où il culmine à 21,3%. Même en tenant compte des caractéristiques de la population (immigration plus élevée, niveau de diplôme plus faible), habiter dans une ZUS multiplie encore par 1,6 le risque de chômage de longue durée des personnes actives.

Le taux de chômage est aussi plus élevé pour les adultes d’une famille monoparentale (18,9%), ce qui soutient malheureusement la pauvreté des enfants dans les familles où un seul adulte est en capacité d’apporter des revenus. De plus, les descendants d’immigrés sont davantage concernés (14,1%) que les personnes descendants de natifs français (8,4%). Les mêmes écarts se retrouvent également pour le taux de chômage de longue durée, systématiquement plus élevé pour ces profils.

Au niveau des profils professionnels, les ouvriers sont davantage touchés que les cadres (14% contre 3,9%). Le niveau de diplôme joue aussi comme une protection contre le chômage. Même avec la crise, les diplômés Bac +2 ne sont que 6,1% à être au chômage contre 10% au niveau CAP/BEP par exemple. Juste avant la crise, les différences de risques de chômage de longue durée selon le diplôme étaient moins prononcées. Du point de vue des secteurs, mieux vaut travailler dans activités de services, l’immobilier, l’action sociale, la santé, l’enseignement ou l’administration, où les risques de chômage de longue durée sont plus faibles que dans d’autres secteurs.

Là encore, le rôle des politiques économiques est important : en instaurant un Pacte de compétitivité et d’emploi, le gouvernement a souhaité soutenir l’industrie, répondant ainsi aux problèmes d’emplois dans ce secteur. Mais pour l’instant, les effets ne se font pas encore sentir sur le front de l’emploi, tant la situation économique est encore dégradée. (lire aussi notre article le portrait social de la france : analyse macroeconomique).


Lire aussi : Insee, France Portrait social 2014