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Les parcours professionnels de générations

dimanche 15 avril 2012

Près de la moitié des actifs de moins de 50 ans ont déjà connu le chômage. Une enquête « Santé et itinéraire professionnel » de l’Insee, de la Dares et de la Drees, portant sur l’interrogation d’un échantillon de 14 000 personnes, en 2006, vient d’apporter du neuf sur l’ampleur des transformations intervenues au fil de générations nées depuis 1940 dans les parcours professionnels.

Premier constat : l’instabilité professionnelle s’accroît d’abord dans les emplois exercés. Les individus nés en 1940 n’avaient connu en moyenne que 2,7 emplois à l’âge de 40 ans ; ceux nés dans les années 60 ont déjà cumulé 4,1 emplois au même âge, davantage pour les titulaires de CAP-BEP et du baccalauréat général.

Deuxième constat : aux changements plus nombreux d’emplois s’ajoute la multiplication de périodes de chômage, surtout pour les jeunes générations qui connaissent, avant l’accès aux emplois durables, l’alternance de travaux de courte durée et de courts épisodes de chômage. Les chiffres sont d’autant plus frappants que le cinquième des postes – ceux du secteur public – n’est pas concerné par le chômage, autrement dit le mouvement est, dans la pratique, plus important dans le secteur privé.

L’expérience du chômage au cours du parcours professionnel
Nés avant 1940Nés entre 1950 et 1960
Aucune période de chômage 86,3 % 66,1 % 54,3 %
Chômage de courte durée 3,1 % 12,2% 21,9 %
Chômage de longue durée 9,6 % 14,8 % 15,2 %
Chômage de longue et de courte durée 1 % 6,9 % 8,6 %

En 2006, près d’un individu sur deux parmi les Français nés entre 1970 et 1980 sont passés par la case chômage, alors que ceux qui sont nés avant 1940, à la carrière plus longue, sont seulement 13,7 % à avoir vécu cette situation.

Pire : si 11 % de la génération d’avant 1940 a connu un épisode de chômage de longue durée (plus d’un an), le quart des générations nées entre 1970 et 1980 y a déjà été confronté, davantage chez les moins qualifiés – ouvriers et employés - et les femmes.

Troisième constat : alors que 28 % des femmes nées avant 1940 étaient inactives à 30 ans, elles ne sont plus que 14 % dans les générations les plus récentes. En revanche, leurs parcours sont de plus en plus marqués par des interruptions d’un chômage de courte ou longue durée.

Quatrième constat : les mêmes « jeunes » générations, marquées par la précarité de l’emploi, signalent également des conditions de travail plus difficiles : compétences moins pleinement utilisées, travail moins reconnu et davantage exercé sous pression, et ceci y compris chez les cadres. En effet, alors que les plus jeunes sont plus diplômés, qu’ils travaillent moins dans l’industrie et profitent des progrès techniques intervenus, l’exposition à des contraintes physiques n’est pas moins forte pour eux que pour leur aînés : « les efforts physiques sont ressentis d’autant plus péniblement que l’intensité du travail est forte », portée aussi par l’incertitude de l’avenir. L’augmentation de la précarité de l’emploi participe à la détérioration du rapport au travail.

Deux notations à retenir :

  1. Le ressenti au travail par de jeunes ouvriers ne s’identifiant pas à leur entreprise, ni à leur condition sociale, peut être très différent de celui de travailleurs plus âgés éprouvant un fort sentiment d’appartenance à la classe ouvrière ;
  2. Pour les jeunes qui entrent relativement tôt sur le marché du travail, donc moins qualifiés, la pénibilité physique du travail perçue est particulièrement élevée et le demeure au fil des générations. Elle est même plus forte pour cette catégorie des jeunes générations que pour les anciennes.