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MARS 1919 : Deux innovations sociales !

mercredi 23 mars 2011

Il y a 90 ans, en 1919, deux innovations sociales de premier ordre : Le 25 mars, la loi officialisant les conventions collectives, Le 25 avril, la journée de 8 heures.

La fin de la guerre voit les conflits sociaux se multiplier : dans une atmosphère politique marquée par l’instauration du régime soviétique en Russie et le développement de nombreux mouvements révolutionnaires, le retour des soldats, leur difficulté de retrouver un emploi, la difficulté aussi de reconversion d’une économie de guerre, la flambée des prix, des loyers, la comparaison avec les salaires plus élevés dans les industries de guerre, sont les racines d’un développement des conflits et de manifestations d’ampleur. Cela incite le gouvernement de Clemenceau à rechercher l’apaisement par des mesures d’amélioration de la condition des salariés.

Par la loi du 25 mars, le contenu des conventions collectives s’impose sur celui du contrat de travail. La CGT et rapidement la nouvelle CFTC jouent le jeu, les employeurs s’y engagent : 557 sont signées en 1919, 845 en 1920. Le mouvement s’arrête ensuite. Car la convention collective ne s’applique qu’aux adhérents des organisations signataires. Les employeurs peuvent alors s’y soustraire en se retirant de leur organisation patronale. Ce qui va beaucoup contribuer à lever l’intérêt des syndicats. De plus, les petits employeurs craignent le poids des charges qu’imposent les conventions collectives, les salariés eux redoutent le nivellement des salaires et des conditions de travail.

La France échappe alors au mouvement de négociation collective qui se développe dans une partie de l’Europe.

De la journée de 8 heures, on débattait déjà depuis longtemps : elle avait été instituée dans d’autres pays (Russie, Allemagne…). La CGT la revendiquait. Ainsi, une négociation se déroule en un mois dans le secteur de la métallurgie ; l’accord est signé, mais la fédération CGT est désavouée par une partie des militants, en raison de la volonté signée de maintenir le même niveau de production en 8 heures de travail ; Les militants opposés à l’accord lancent des grèves, ce qui met fin à cette première négociation entre UIMM et fédération CGT de la métallurgie. Aussi le gouvernement prépare-t-il cette mesure de réduction de la durée du travail, réunit les partenaires sociaux pour en définir les modalités. La partie patronale, qui craignait de perdre du temps de travail au moment de la reconstruction de l’économie, finit par s’y rallier. À la CGT, le débat est tendu entre réformistes pour l’instant majoritaires et les plus radicaux, fascinés par la révolution de 1917. Or l’application est renvoyée à des textes par branches ou régions. De nombreuses dérogations sont possibles, les heures supplémentaires subsistent. L’application en fut inégale, réelle dans certaines branches et entreprises, nulle dans d’autres.