samedi 17 février 2018
Depuis quelques années se dessine une nouvelle cartographie des métiers où « permanents » et « indépendants traditionnels » côtoient « intermittents », « freelances » et « néo-artisans » avec deux mouvements contraires : l’augmentation du salariat chez les « indépendants traditionnels » et « l’augmentation des contrats à durée limitée » pour certaines catégories d’emploi. Le non salariat et les usages du CDL, contrat à durée limitée (CDD et intérim) s’étendent à certains métiers plus qu’à d’autres. France Stratégie dresse le bilan de ces 30 dernières années.
Une complexification de la structure de l’emploi
Dans plus d’un métier sur deux, les actifs en emploi sont tous des salariés. Mais le salariat est devenu hétérogène : d’un côté « les permanents », de l’autre côté « les intermittents ». L’usage des CDL est devenu un mode prioritaire d’embauche voire de réembauche, il n’est plus réservé aux professions à forte saisonnalité. La pratique du CDD et de l’intérim a connu l’expansion la plus forte (passant de 5 % de l’emploi en 1984 à 13 % en 2016). Les situations de travail atypiques ont progressé plus vite que l’emploi permanent (CDI et fonctionnaires), bien que ce statut reste largement majoritaire (75 % en 2016 contre 77 % en 1984). Le non salariat est loin de se généraliser. En trente ans, beaucoup d’indépendants traditionnels, ont été absorbés par le salariat. Une tendance contrebalancée, depuis dix ans, par une augmentation des freelances et des néo-artisans.
Typologie des métiers selon les statuts d’emploi (1984-2014)
2012-2014 | Non salaries | CDI | CDL | Total | |||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Classes de métiers | Effectifs en milliers | Part des non salariés | Effectifs en milliers | Part des non salariés | Effectifs en milliers | Part des non salariés | |
Indépendants traditionnels | 1 590 | 40 % | 1 420 | 43 % | 270 | 8 % | 3 280 |
Free lances | 820 | 27 % | 1 870 | 61 % | 380 | 12 % | 3 070 |
intermittents | 90 | 1 % | 5 480 | 77 % | 1 560 | 22 % | 7 130 |
permanents | 310 | 3 % | 10 180 | 90 % | 940 | 8 % | 12 060 |
Total | 2 810 | 11 % | 19 580 | 77 % | 3 140 | 12 % | 25 540 |
Source France Stratégie, à partir de DARES
Les métiers ne sont donc pas tous égaux face à la diversification des statuts d’emploi. Le niveau de qualification est aussi un marqueur. Les CDL sont très concentrés sur les métiers d’ouvriers. Un ouvrier peu qualifié sur trois est aujourd’hui en contrat à durée limitée. Entre 1984 et 2014, la part du CDI est passée de 88 % à 67 % de l’emploi dans ces catégories. Les employés peu qualifiés ont été moins touchés par l’intermittence des contrats. À l’opposé, 80 % des cadres sont en CDI. Une proportion supérieure à la moyenne de 75 %. Seule exception à cette règle, pour les cadres, seuls les professionnels des arts et des spectacles sont un quart à exercer en CDD protégé par le régime des intermittents.
Une réalité complexe qui incite à réfléchir au périmètre de l’emploi dit stable. À chacun son métier et donc son statut d’emploi. Depuis plus de 30 ans, le non salariat et les usages du contrat à durée limitée s’étendent à certains métiers plus qu’à d’autres, à certaines qualifications plus qu’à d’autres.
La désindustrialisation s’est accompagnée à la fois d’une hausse des CDL et d’une croissance de l’indépendance statutaire pour certaines professions et qualifications.
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