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Seniors, emploi, chômage et formation

mercredi 18 janvier 2017

En 2015, 52,6 % des personnes âgées de 55 à 64 ans sont actives en France, soit 4,3 millions de personnes. Le taux d’activité des seniors continue d’augmenter (+1,1point en 2015). Sur ces 52,6 %, 48,7 % ont un emploi et 3,9 % sont au chômage, soit un taux de chômage de 7,4 % auquel s’ajoute un halo [1] autour du chômage de 2,5 %.

La hausse du taux d’activité des seniors

Elle est un facteur déterminant de l’augmentation du nombre d’actifs (15 à 64 ans) en France : de 2008 à 2015, ce dernier a crû de 1,04 million alors que la hausse du nombre de séniors actifs (50 à 64 ans) a été de 1,39 million.

En 2015, ce sont surtout les seniors âgés de 60 et 61 ans qui sont davantage restés au travail, ce qui s’explique facilement par le recul de l’âge de la retraite et l’augmentation du nombre d’années de cotisations, …même si les possibilités de départ pour carrière longue ont ralenti l’essor.

Taux d’activité des seniors
En % 55-64 ans 55-59 ans 60-64 ans 65-69 ans Total 15-64 ans
Taux d’activité 52,6 74,5 29,7 6,1 71,3
Hommes 55,1 78,4 30,4 7,4 75,3
Femmes 50,3 70,9 29,0 4,8 67,3

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Chez les seniors, le temps partiel est plus fréquent (25 % contre 19 % en moyenne tous âges), les femmes sont plus souvent en sous-emploi que les hommes. La part des non salariés est aussi beaucoup forte qu’aux autres âges (19 % contre 11,6 %). On trouve aussi un taux de fonctionnaires un peu plus élevé (23,1 % contre 20,6 %), et un taux d’emplois temporaires, CDD ou intérim, plus faible (6,9 % contre 14,6 %).

Parmi ces seniors actifs, près de 500 000 sont en même temps retraités : 7 % des retraités de 60-64 ans et 4 % de ceux de 65-69 ans.

Un taux d’activité plus faible qu’en Europe

Cependant, malgré cette montée progressive, le taux d’activité des seniors reste plus faible en France qu’en Europe : -4,7 points. C’est surtout le cas pour les hommes de 60-64 ans qui ont un taux de 18 points de moins que la moyenne européenne, alors que celui des hommes de 55-59 ans est à la moyenne (-1 point). Les femmes seniors dépassent nettement la moyenne européenne entre 55 et 59 ans (+6 points) mais sont en-dessous pour les 60-64 ans (-4 points). Et l’on voit sur le tableau que le taux de travail des 65-69 ans est très limité, à 6 %, soit la moitié de celui de l’UE.

Le chômage des seniors

Il est plus faible que la moyenne des actifs, tout en ayant suivi une évolution parallèle de 2008 à 2015 ; mais comme les seniors sont de plus en plus nombreux, leur nombre de chômeurs a crû plus vite que celui des chômeurs de 15-64 ans. À ce taux s’ajoutent les 2,5 % de seniors du halo autour du chômage. Mais le chômage des seniors est plus souvent de longue durée, à 4,5 % des seniors, soit 60 % des chômeurs seniors. Quand il devient chômeur, un senior a plus de mal à en sortir…

De plus l’année 2016 est moins bonne pour eux. Si sur les trois mois de septembre à novembre 2016 et sur l’année le nombre total de chômeurs a nettement décru, le nombre de seniors (+ de 50 ans) chômeurs réaugmente en 2016 (+1,6 % sur l’année).

Des carences de formation

Les seniors vont moins en formation que les autres salariés, même si l’écart décroit depuis le milieu des années 2000. Selon l’étude de la Dares qui porte sur 2012, en France métropolitaine, si 61% des salariés ont suivi au moins une formation au cours de l’année écoulée, ce taux baisse à 40 % chez les 55-59 ans et à 34 % chez les 60-64 ans. Avec une baisse plus précoce pour les ouvriers, bien avant 55 ans, que pour les cadres.

Différentes raisons participent à cette carence. La première vient du fait que les entreprises ne proposent pas autant de formations aux seniors, en raison de leurs pratiques de GRH (place de la formation dans la gestion des ressources humaines, recherche de retour sur investissement, moindre consultation sur leurs besoins de formation par un entretien professionnel…) et à la persistance de certains stéréotypes ou préjugés. Et ce malgré le recul de l’âge de la retraite qui implique de conserver leur employabilité aussi aux seniors.

Mais d’autres raisons viennent des seniors eux mêmes qui sont peu demandeurs de formation. Pour les seniors ouvriers, leur information est souvent insuffisante. De plus, beaucoup de seniors n’en voient pas l’intérêt (absence de perspectives de carrière, moindre investissement professionnel, attitude de repli…) et beaucoup, au nom de leur expérience, préfèrent mobiliser d’autres situations d’apprentissage, plus ou moins informelles, pour maintenir leur employabilité voire développer leurs compétences.

Mais cela rend leur emploi plus vulnérable et participe à rendre leur reclassement plus difficile en cas de perte d’emploi. On voit ainsi que, malgré tous les discours politiques en vogue, on n’a pas encore pris en compte les conséquences du recul de l’âge jusqu’auquel les seniors ont à travailler maintenant.


Sources

Emploi et chômage des seniors en 2015 - Hausse du taux d’emploi et baisse du taux de chômage – Dares résultats n° 073 – décembre 2016
http://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2016-073.pdf

Formation professionnelle – Quels facteurs limitent l’accès des seniors ? – Dares Analyses n°2016-031 – juin 2016
http://dares.travail-emploi.gouv.fr/dares-etudes-et-statistiques/etudes-et-syntheses/dares-analyses-dares-indicateurs-dares-resultats/article/formation-professionnelle


Notes :

[1Personnes sans emploi, souhaitant travailler mais qui ne sont pas comptabilisées comme chômeurs, faute d’avoir entrepris des démarches de recherche d’emploi ou d’être disponibles pour travailler.