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Universités, bilan du blocage

jeudi 18 juin 2009

Les enseignants qui ont blo­qué pendant quatre mois un grand nombre d’universités nous ont donné quelques utiles leçons. Ils ont confirmé que pour la défense d’intérêts corporatistes, on n’est jamais si bien servi que par... les autres. Ce sont en effet les étudiants qui ont fait les frais d’un mouvement dont la motivation première n’était pas de servir leur cause.

Les enseignants contestataires de la réforme Pécresse, qui ont blo­qué pendant quatre mois un grand nombre d’universités, auront tout de même rempli une partie de leur mis­sion, puisqu’ils nous ont donné, par la pratique, quelques utiles leçons. Ils nous ont confirmé d’abord que pour la défense d’intérêts corporatistes, on n’est jamais si bien servi que par... les autres, puisque ce sont essentielle­ment les étudiants, poussés sur le devant de la scène, qui ont fait les frais d’un mouvement dont la motivation première n’était pas de servir leur cause.

Le déroulement de certaines assemblées générales nous a rappelé, par ailleurs, que même au sein de l’université, lieu de la démocratie des idées, le vote à bulletins secrets, ou même l’application d’une volonté de reprise des cours clairement expri­mée par la majorité, ne possédait aucune légitimité face à la détermina­tion d’une minorité musclée.

Nous avons appris aussi que la modulation du temps de service individuel, entre enseignement, recherche et tâches administratives, constitue une insup­portable atteinte au « droit à la tranquillité », même si elle est soumise au consentement de l’intéressé, comme le prévoit la dernière version du dé­cret : un syndicat a contesté la mesure sous prétexte que ce consentement pouvait être arraché, non par le prési­dent de l’université, mais par la« pres­sion des collègues » (bien placés, eux, pour apprécier la réalité du travail de recherche...)-
Les suites du mouvement nous confirment, autre enseignement, la persistance au fond de chacun de nous du vieil homo economicus, que le débat sur les grands principes ne sau­rait détourner de la défense de ses intérêts individuels. En témoigne le marchandage sur le paiement des journées de grève : le principal syndi­cat du secteur a recommandé à ses adhérents de ne pas remplir les formu­laires par lesquels les personnels décla­rent leur participation à la grève.

La validité des « lois du marché » est attestée aussi par la baisse sensible des inscriptions dans les universités les plus touchées par le mouvement - et la détérioration de l’image de l’univer­sité française dans son ensemble ne sera pas sans effet sur son attractivité internationale.

Enfin, sur le processus même de la réforme, les innombrables tribunes parues dans la presse nous rappellent le réflexe d’une grande par­tie de l’intelligentsia française chaque fois qu’il est question de changement : « C’était bien cela qu’il fallait faire, mais pas de cette façon... »