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LE CONGRES DE LA CFTC

jeudi 1er décembre 2005

Brandissant – avec discrétion - le drapeau des principes de la morale sociale chrétienne et celui d’un « réformisme de construction sociale », autour d’un « statut du travailleur » et de la politique familiale, cette confédération s’est consolidée...

Ce courant du syndicalisme français, issu du refus de la laïcisation de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), transformée en CFDT par 70 % de ses adhérents en 1964, fut reconnu comme confédération représentative par le pouvoir gaulliste en 1966, malgré son faible nombre d’adhérents et des résultats médiocres aux élections professionnelles.

Brandissant – avec discrétion - le drapeau des principes de la morale sociale chrétienne et celui d’un « réformisme de construction sociale », autour d’un « statut du travailleur » et de la politique familiale, cette confédération s’est consolidée : le progrès de son impact électoral (plus de 9,6 % aux élections prud’homales et 6 % aux élections 2002-2003 des comités d’entreprises) le traduit.
Ce progrès peut signifier que certains salariés sont sensibles à un discours modéré et une offre syndicale plus discrète que celle offerte par les « trois grands ».

Ce progrès et le déroulement paisible de son congrès ne doivent pas faire illusion sur sa modestie et sa fragilité : 132 000 adhérents déclarés, moins dans la réalité, concentrés surtout dans quatre fédérations professionnelles et dans 10 départements, des dirigeants qui ont adhéré dans les années 70 et qui s’inquiètent du difficile renouvellement des militants et des adhérents.

Ses progrès électoraux ne sont pas étrangers à la laïcisation du discours qu’incarnent Jacques Voisin et Jaky Dintiger, respectivement Président et secrétaire général ; or elle se heurte à une sourde tension interne, exprimée notamment par Bernard Vivier, le directeur de l’Institut Supérieur du Travail, à propos du document sur l’identité élaboré pour le Congrès. La crainte est que la référence « construction sociale » soit l’amorce d’un abandon des références chrétiennes : « Trop de référence à la doctrine sociale chrétienne peut gêner, dans une société « post-chrétienne », le développement militant. Et pas assez de référence et de mise en pratique de cette doctrine viendraient effacer la spécificité – et l’utilité – de la CFTC sur l’échiquier syndical français et international ». Cette inquiétude sur l’avenir de la CFTC est d’autant plus vive que la Confédération Mondiale du Travail (CMT-Internationale du syndicalisme chrétien) vient d’engager avec la CISL un processus de création d’une nouvelle Internationale syndicale unifiée.

Parallèlement, l’accent mis sur plus de combativité, dont témoigne son refus de la récente réforme des retraites, n’a pas que des raisons tactiques : marquer sa distance avec la CFDT avec laquelle elle a bien des convergences dans les négociations comme dans un positionnement général plus constructif que celui de la CGT ou FO ; chercher à rallier des salariés jeunes. Elle signifie aussi que cette organisation se cherche une autonomie plus grande à l’égard du patronat qui l’a souvent valorisée pour utiliser sa capacité de signature. Elle en a besoin pour ne pas être marginalisée dans une période où les règles de validité des accords sont remaniées à partir du principe de la majorité d’opinion chez les salariés au travers des signatures des organisations syndicales. Elle en a besoin pour faire face à la concurrence de l’UNSA dans le privé sur le marché des électeurs salariés qui choisissent d’exprimer leur refus de la CGT, de la CFDT, ou de FO par l’apport de leur bulletin aux organisations syndicales marginales.

Tiraillée entre ces diverses exigences contradictoires, la CFTC donne le sentiment d’avoir choisi la fuite en avant en se donnant comme un projet « le statut du travailleur » et l’ objectif de doubler le nombre de ses adhérents et de faire 15 % des voix aux prochaines prud’homales de 2008. Mais avait-elle le choix ?