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Population française au chômage : quels regards des 15 ans et plus ?

samedi 16 avril 2016

À la demande du Conseil Economique, Social et Environnemental dans le cadre de « l’impact du chômage sur les personnes et leur entourage : mieux prévenir et accompagner », le CREDOC ( Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de Vie) vient de réaliser et publier une étude sur la base de l’enquête annuelle en France (depuis 1976) « Conditions de Vie et Aspirations », ainsi que l’enquête sur les valeurs européennes de 2008-2010 (depuis 1981), European Value Survey, étendue maintenant à 34 pays.

Parmi les résultats les plus saillants :

Travail

  • L’importance de la « valeur travail » est toujours aussi forte en France pour 67% de sondés (9ème rang sur 34 pays) alors que les « amis sont considérés » comme moins importants pour 53% et les « loisirs » encore plus faiblement, à 34% (29ème rang sur 34 pays).
    • À noter que l’importance de cette valeur travail est d’un niveau quasi équivalent en France, Allemagne, Grande Bretagne pour les individus qui travaillent à temps plein, de l’ordre de 63%, alors que cette proportion est de 74% pour ceux travaillant à temps partiel en France contre seulement 42% en Allemagne et 45% en Grande Bretagne.
    • Parmi les situations professionnelles « d’indépendant » « au chômage », « retraité », « étudiant » et au « foyer », c’est en France que le travail est très important, avec des écarts très significatifs par pays notamment pour les retraités (74% en France, 30% en Allemagne, 18% en Grande Bretagne) et « au chômage » (respectivement 75%, 43% et 46%).
  • Le travail comme devoir envers la société : 71% estiment que travailler est un devoir envers la société (comme en Allemagne) et cette tendance s’est renforcée en France (plus qu’en Allemagne) passant à + 15 points en 10 ans.
  • La compassion par rapport aux chômeurs : alors que la valeur travail est très forte en France, une proportion relativement faible d’individus estime que les chômeurs devraient pouvoir refuser tout emploi qui ne leur convient pas, de l’ordre de 50% en France (27ème rang sur 34 pays), 80% en Italie. Toutefois en France et depuis 2008, malgré la progression du chômage, l’empathie envers les chômeurs n’augmente pas.
  • Plus le niveau de vie est élevé (Norvège, Suisse...) et moins existe la crainte que l’absence de travail rende paresseux ; et plus les prélèvements obligatoires sont importants et moins on considère humiliant de recevoir de l’argent sans avoir travaillé pour cela.

Pouvoir public et confiance

  • L’attente des pouvoirs publics : Si depuis 2013 est observée une progression des individus qui estiment que les pouvoirs publics en font trop, avec 12% en 2015 comme point le plus haut, en revanche ceux qui estiment que les pouvoirs publics n’en font pas assez sont passés de 73% en 1993-1994 à 68% en 2008 et baisse à 46% en 2015.
  • La confiance pour les hommes et femmes politiques (en 2008-2010) est faible, de l’ordre de 19%, et de 31% pour le gouvernement, mais de 79% pour les organismes de protection sociale et 82% pour les associations. Mais 64% des français estiment que le système de sécurité sociale coûte trop cher à la société.

Pouvoir d’achat

  • Le pouvoir d’achat : alors que le point le plus élevé était observé en 2007, en 2013 celui-ci a retrouvé le niveau de 2002.
  • La part des dépenses contraintes dans le budget des ménages progresse pour toutes les catégories sociales, le plus pour les bas revenus où la part est passée de 47% en 2005 à 52% en 2011 et les « classes moyennes inférieures » de 38% à 42% sur la même période.
  • La redistribution socio-fiscale : 73% des individus estiment être « plutôt perdants ».

Priorités

  • Le financement des retraites, faible préoccupation de l’ordre de 22% des individus en 1995, est passé à la première place en juin 2015 avec 47% de préoccupés ; une progression quasi identique est observée dans la prise en charge des personnes âgées dépendantes alors que la préoccupation sur le traitement de la pauvreté et l’exclusion, la plus forte en 1975 pour 63% des individus, baisse continuellement depuis avec un niveau le plus bas de 36% en juin 2015.
  • Stable avant la crise, la tendance selon laquelle ne doivent bénéficier de la protection sociale que ceux qui cotisent ne cesse depuis 2010 de progresser notamment sur les retraites et allocations chômage (de l’ordre respectivement de 50% et de plus de 40%), tendance deux fois moins forte pour les allocations familiales et l’assurance maladie.
  • L’abus du système : 84% des individus sont « plutôt d’accord » sur le fait que beaucoup de personnes abusent du système.

Ainsi, cette étude confirme l’impact de la crise et du chômage sur les préoccupations des Français et leur hiérarchie, ainsi que les écarts d’un pays à l’autre.