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Se sentir mal dans une France qui va bien - La société paradoxale - Hervé Le Bras

mercredi 19 février 2020

Note de lecture
Dans son récent livre, l’auteur propose une grille de lecture en pointant un certain nombre de critères que sont les inégalités économiques (pouvoir d’achat, pauvreté, inégalités territoriales) et sociales (santé, prestations sociales, logement, sécurité, éducation et parité Hommes/Femmes).

Quelques chiffres évocateurs :
-94% des français en mars 2018 (Sondage Eurobaromètre) s’estiment heureux de vivre dans leur pays, soit un score supérieur à la moyenne EU (91%).
-34% du PIB français consacré aux dépenses sociales (moyenne EU 29%), soit le score le plus élevé des pays européens devant le Danemark (32%) ou la Suède (29%).
-280 000 gilets jaunes manifestent en Novembre 2018 soutenus par 70% de l’opinion française avec une persistance de 50% de sympathisants en Février 2019.
-82% des français estiment que la situation du pays s’est dégradée depuis 5 ans alors qu’ils ne sont que 35% à penser que leur situation personnelle s’est dégradée. Ce manque de cohérence amène à 2 constats : un repli sur le passé et un repli individuel.

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Économiquement

  • Une évolution des revenus stoppée à partir de 2008 avec des catégories plus pénalisées telles que les ménages monoparentaux, mais un niveau d’inégalités salariales plus faible qu’en Allemagne, Italie, Royaume-Uni et Espagne.
  • Un niveau de pauvreté en recul de 13% en 1971 à 8% aujourd’hui (au seuil de 50 % du niveau de vie médian), soit le 6ème de l’UE et le constat est à l’identique quant aux inégalités de patrimoine plus fortes chez nos voisins.
  • Quant aux inégalités territoriales, contrairement au reproche du tout métropole au détriment de la périphérie, l’analyse statistique tend à démontrer que la croissance du revenu a été plus faible dans les pôles urbains et plus forte dans le « rural profond ».

Socialement

  • Avec un budget social le plus important de l’UE, la France connaît l’espérance de vie parmi les plus élevées du monde, le 3ème PIB retraite de l’UE avec une durée moyenne de vie après le départ à la retraite la plus longue des pays européens.
  • Le logement est directement impacté par l’explosion des familles monoparentales (24,5% en 2015 contre 7% en 1982) et le nombre de divorces en augmentation, soit plus de 40% des mariages.
  • En terme de sécurité, la France connaît un taux d’homicides relativement élevé (soit le 3ème taux pour les 15 pays de l’Europe de l’Ouest), un nombre de prisonniers dans la moyenne européenne bien qu’en augmentation et une sécurité routière au 13ème rang européen.
  • Quant à l’éducation, 36% des actifs n’avaient aucun diplôme en 1968 contre 12% aujourd’hui et 5,7% en 1968 avaient un niveau universitaire contre 36% aujourd’hui. On observe un désajustement, la possession d’un diplôme supérieur au bac ne garantit plus l’accès à la classe supérieure. L’ascenseur social est en panne dans un pays où la méritocratie, marquée par l’acquisition d’un diplôme, était un symbole de la République sachant que le point de rupture se situe après 2007, d’où un sentiment d’échec très fort.
  • Côté parité Hommes/Femmes, en 1962, 50% des femmes entre 25 et 55 ans étaient actives, elles sont 80% aujourd’hui. Pour autant la montée de l’activité féminine ne signifie pas que l’égalité salariale soit en vue puisque l’écart salarial a baissé de 20 à 18% entre 2005 et 2015 et, à diplôme égal, les femmes sont loin d’avoir les mêmes positions sociales.

Au terme de cette analyse socioéconomique, l’auteur attribue ce désenchantement des français à un sentiment de frustration nourri par un ralentissement de la croissance, un sentiment d’échec lié à cette panne d’ascenseur social du fait du mythe méritocratique mais aussi à des modes de représentation battus en brèche par la réalité des situations individuelles.
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Référence

  • Se sentir mal dans une France qui va bien - La société paradoxale - Hervé Le Bras – Édition l’aube - 2019