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Quels effets sur l’emploi du dispositif AEJ « aide à l’emploi des jeunes »

mercredi 23 juin 2021

Le plan « 1 jeune, une solution » a permis aux employeurs de bénéficier d’une aide pouvant aller jusqu’à 4 000 euros pour l’embauche d’un jeune âgé de moins de 26 ans, en CDI ou en CDD de trois mois ou plus. Ce dispositif, du 1er août 2020 au 31 mai 2021, aurait permis une hausse de 7 % de l’emploi en CDI ou CDD long, de jeunes de 22 à 25 ans, soit 60 000 emplois pour une rémunération inférieure ou égale à deux fois le montant du Smic jusqu’au 31 mars et 1,6 Smic ensuite.

Deux études, celle de la DARES et celle du CAE, révèlent que ce dispositif a eu un effet négatif sur l’emploi non salarié et sur l’emploi intérimaire des 22-25 ans. Il n’aurait pas permis d’améliorer le taux d’emploi des jeunes qui stagnait à 53 % au cours des 3ème et 4ème trimestres 2020. Ces premières évaluations, qui méritent d’être confirmées, suggèrent que l’AEJ aurait favorisé un déplacement de l’emploi des jeunes de 22 à 25 ans vers des CDD longs et CDI, sans conduire à une hausse du taux d’emploi de ces jeunes.

A– pour la DARES

L’emploi des jeunes a rebondi plus rapidement à l’été 2020. La situation des jeunes de 18 à 21 ans est différente de celle des 22-25 ans comme de celle des 25-29 ans.

  • La situation des jeunes de 18 à 21 ans est particulière (niveaux de diplômes plus faibles que pour les jeunes actifs, récurrence de formations courtes dans leur parcours, etc…) ce qui rend leur situation sur le marché du travail difficilement comparable à celle des jeunes de 26-29 ans.
  • Après avoir baissé plus fortement au deuxième trimestre, le taux d’emploi en CDI ou en CDD de plus de 3 mois des jeunes âgés de 22 à 25 ans (éligibles à l’AEJ) a rebondi plus vivement au 3ème trimestre 2020 que celui des jeunes de 26 à 29 ans (non éligibles à l’AEJ). Il est passé de 39 % à 40 % soit une hausse de 1 point, contre une baisse de 2 points pour les 26-29 ans.
  • Pour distinguer dans ce rebond de l’emploi des plus jeunes la part attribuable à l’AEJ, une évaluation économétrique est nécessaire pour neutraliser les différences des caractéristiques individuelles.

L’aide à l’embauche des jeunes aurait augmenté le taux d’emploi en CDI et CDD long des jeunes de 22 à 25 ans. L’évaluation économétrique par contrefactuel met en évidence un effet positif de l’AEJ de +2,6 points sur le taux d’emploi en CDI ou CDD de plus de 3 mois des jeunes âgés de 22 à 25 ans.

  • Au troisième et quatrième trimestres 2020, l’emploi en CDD long ou CDI des jeunes de 22 à 25 ans (éligibles à l’AEJ) aurait été 7 % plus élevé que ce qu’il aurait été sans la mise en place de l’aide, ce qui correspond à 60 000 emplois supplémentaires.
  • Les emplois créés par la mesure seraient donc en grande partie des contrats à durée indéterminée, (90 % des emplois éligibles à l’AEJ sont des CDI).
  • À l’inverse, les emplois créés dans le champ de la prime l’auraient été au détriment d’autres formes d’emploi majoritairement moins stables (CDD de moins de 3 mois, intérim, emploi non salarié...).
  • L’emploi en intérim et l’emploi non salarié ont reculé plus fortement suite à la mise en place de l’AEJ.

En l’absence d’AEJ, le taux d’emploi hors CDI ou CDD de plus de trois mois des jeunes âgés de 22 à 25 ans aurait été de 2,3 points supérieur aux 3ème et 4ème trimestres 2020 et de 2,0 points supérieur pour le taux d’emploi restreint à l’intérim et à l’emploi non salarié.

B- pour le CAE

L’impact de l’AEJ est positif, robuste et statistiquement significatif.

  • La prime a généré une augmentation moyenne sur la période d’août 2020 à février 2021 d’environ 8 % du nombre d’embauches.
  • L’impact a augmenté entre août 2020 à janvier 2021 (où l’impact a pu dépasser 10 %).
  • Les embauches dans les secteurs particulièrement touchés par la crise (hôtels-cafés-restaurants et arts) semblent avoir davantage bénéficié de la prime.
  • L’impact reste à ce stade quantitativement plus faible que des mesures similaires (deux fois plus faible que la mesure « zéro charges » de 2008). Le coût budgétaire d’une embauche supplémentaire du fait de la prime sur un CDD serait d’environ 5 000 euros.

Le CAE ne formule pas de recommandation mais propose plusieurs pistes, dans l’éventualité où le gouvernement mettrait en place une nouvelle prime pour accompagner la reprise des embauches lors de la réouverture des secteurs fermés. Dans ce cadre, la prime pourrait :

  • Inclure les renouvellements de contrats dans le champ de l’aide.
  • Être étendus au-delà de 26 ans (sur un montant forfaitaire inférieur de l’ordre de 2 000 euros, afin d’éviter les effets de seuil et de substitution).
  • Être réservée aux secteurs qui ont été les plus touchés par la crise et qui pâtiront, au moins dans un premier temps, de restrictions diminuant la productivité des salariés (HCR, culture, évènementiel…). Par exemple, on sait que les restaurants ne peuvent au départ accueillir autant de clients qu’en temps normal.
  • L’effet pour ces secteurs très touchés est de diminuer le risque de défaillance particulièrement fort en période de reprise.
  • Le rythme des embauches va être prioritairement essentiel.

Cette première évaluation confirme que l’AEJ a permis d’augmenter d’environ 8 % le nombre d’embauches sur le public éligible (jeunes de moins de 26 ans). En termes de taux de recours, le CAE estime que sur 100 emplois créés dans le champ de l’AEJ, seuls 40 ont donné lieu au versement de l’aide. En outre, l’effet de l’aide aurait été croissant entre août 2020 et janvier 2021 et plus faible en février 2021. Les auteurs jugent que la montée en charge de l’AEJ a « probablement pâti de l’effet du second confinement où de nombreuses activités étaient dans l’incapacité d’embaucher ».


Références