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Les clés du social : Évaluation du PIC, plan d'investissement dans les compétences, 2018-2024

Évaluation du PIC, plan d’investissement dans les compétences, 2018-2024

Publié le 15 mars 2025 / Temps de lecture estimé : 4 mn

Pour créer « une société de compétences », il faut accroitre les compétences de la population active tout au long de la vie. En 2017, le gouvernement lance le PIC (plan d’investissement dans les compétences) doté de 15Md€ avec un pilotage interministériel qui associe les collectivités locales et les régions détentrices de la compétence de droit commun de formation professionnelle des jeunes et des demandeurs d’emploi. La Cour des comptes publie en 2025 le bilan du PIC 2018-2024.

À l’objectif sociétal de la formation tout au long de la vie s’est ajouté un objectif conjoncturel, pour traiter de la situation des 2 millions de demandeurs d’emploi de longue durée, jeunes, peu ou pas diplômés, pour leur garantir un emploi durable selon des modalités nouvelles, compte tenu de leurs spécificités : formations plus longues, certifiantes et qualifiantes.

Le Pic, voté en 2018, a vraiment démarré en 2019 (voir les premiers bilans dans les Clés du social) avec un budget de 15Md€ pour un volet national et un volet régional. Après un premier bilan en 2022, il a été prolongé jusqu’en 2023 (https://www.clesdusocial.eu/pic-programme-d-investissement-dans-les-competences-premier-bilan-en-demi-teinte).

Un deuxième PIC uniquement régional avec le même budget que précédemment a été lancé pour la période 2024 à 2027. Il ne repose que sur des pactes régionaux semblables aux précédents (voir le Plan 500 000).

Le plan est devenu un plan de formation classique, confié au seul ministère du Travail, qui a géré près de 14 milliards sur les 15 prévus (le reste est allé à l’éducation nationale et à l’enseignement supérieur). D’après la DARES, de 2018 à 2022, le nombre d’entrées en formation des personnes en recherche d’emploi, indemnisées par l’assurance chômage, rémunérées ou bénéficiant d’une protection sociale au titre de leur formation, est en nette augmentation entre 2019 et 2022, passant de 889 200 à 1 267 300 entrées sur la période.

  • Pendant la crise sanitaire, l’essor du CPF (compte personnel de formation) a compensé la baisse des entrées en formation à France Travail.
  • En 2022, le CPF est la première source de formation (32 % d’entrées).
  • La durée moyenne des formations CPF est beaucoup plus faible (64 heures en 2022) que celle des autres formations (507 heures).
  • C’est le dispositif CPF qui a porté la hausse de la formation des demandeurs d’emploi. Il représente à lui seul 409 600 entrées en 2022 contre 857 700 pour celles financées par les autres commanditaires (373 500 pour les Régions, 359 400 pour France Travail, 47 700 pour la POEC, etc…).
  • Les Conseils régionaux commandent plus de la moitié du volume horaire des formations commencées cette année-là (54 %).

Près de 40 % des formations sont certifiantes et 10 % des formations sont de professionnalisation. La certification est majoritaire pour tous les commanditaires. Les formations de mobilisation et d’aide au projet professionnel ainsi que celles de remise à niveau sont plus fréquentes parmi les formations commanditées par les Conseils régionaux (20 % à elles deux, contre 13 % en moyenne).

  • Ces deux types de formation sont également plus répandus que la moyenne parmi les autres commanditaires, et comptent pour 31 % pour les OPCO (opérateurs de compétences).
  • Près d’une formation sur 10 prépare à un emploi identifié dès l’entrée en formation, de sorte qu’elle conduit très souvent à un recrutement (action de formation préalable à un recrutement AFPR), préparation opérationnelle à l’emploi individuelle (POEI).
  • Seule France Travail propose ces formations. Elles représentent 25 % des formations qu’elle commandite.

La Cour des comptes reconnait que le volume inédit des fonds mobilisés par le PIC a permis de « moderniser les modalités d’accompagnement des publics éloignés de l’emploi », en leur offrant un suivi individualisé :

  • Elle estime que la moitié des fonds dépensés dans le cadre du volet national du PIC ont servi à préserver des dispositifs de droit commun d’une baisse de moyens et à financer des dispositifs ouverts à l’ensemble des publics éloignés de l’emploi.
  • Mais, les objectifs nationaux du PIC ont été définis de manière imprécise.

Pour la Cour des comptes, le PIC n’a pas transformé le système de formation même si les volumes d’entrée en formation de ces publics ont augmenté. Elle recommande au ministère du Travail de mieux s’emparer du pilotage de ces plans pluriannuels, tout en les recentrant sur une logique globale de montée en compétences répondant aux besoins du marché du travail.

La Cour des comptes recommande de recentrer le PIC sur sa vocation première en revenant à une logique de transformation structurelle, afin de traduire les ambitions transformatrices des plans pluriannuels d’investissement dans les compétences pour s’attaquer « au chômage structurel » plutôt que de « se transformer en un plan classique de retour à l’emploi par la formation professionnelle des publics éloignés du marché du travail ».

Le PIC n’a pas su répondre à la hausse des besoins de main d’œuvre dans les métiers en tension. Entre 2019 et 2022, les projets de recrutement dans ces métiers ont augmenté de 30 %, alors que les formations associées à ce type de projets ont baissé de 12 %. Les formations du PIC rencontrent une difficulté à suivre le rythme des besoins des entreprises.

  • Le parcours de formation des bénéficiaires du RSA doit être accéléré pour permettre d’identifier le réel impact sur ce public de formations mieux ciblées, bien que l’on observe une forte amélioration de l’accès à la formation des bénéficiaires (+12 % de 2018 à 2023).
  • Les entrées en formation de personnes en recherche d’emploi entre 2017 et 2022 (hors CPF), ont augmenté de 6 %. Mais la part des chômeurs faiblement diplômés est restée stable (52 %).

Le ministère du Travail doit, pour 2024-2027, assurer le pilotage du PIC mais aussi organiser la gouvernance pour la coordination des actions prévues. L’État ne doit pas s‘en tenir au rôle de financeur, il doit désigner « un pilote stratégique » et ajuster ses propres moyens au sein de ses services déconcentrés régionaux et départementaux.


Références

  • Évaluation du plan d’investissement dans les compétences (PIC) :

 https://www.ccomptes.fr/fr/publications/evaluation-du-plan-dinvestissement-dans-les-competences-pic

 https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/la-formation-professionnelle-des-personnes-en-recherche-demploi-de-2019-2022

 https://www.clesdusocial.eu/pic-programme-d-investissement-dans-les-competences-premier-bilan-en-demi-teinte