La France, numéro 1 européen
Aujourd’hui, un peu plus de 5 % du capital des sociétés françaises (5,3 %) est dans les mains des salariés. 3,2 millions de personnes sont actionnaires de leur entreprise, contre un peu moins de 2 millions au Royaume-Uni et un peu plus de 700 000 en Allemagne.
Presque tous les groupes du CAC 40 ont un actionnariat salarié. En particulier, les groupes de construction sont très nombreux à le pratiquer. Fin 2018, 40 % du capital de Bouygues était détenu par ses 115 000 salariés, 22 % de celui d’Eiffage et 12 % de celui de Vinci. Les grandes entreprises des autres secteurs sont aussi impliquées (Stef 67 %, Ubisoft 26 %…, Ricard il y a peu).
La loi Pacte, récemment votée, veut porter l’actionnariat salarié de 5 à 10 % du capital des sociétés françaises, en particulier par la baisse du forfait social.
Les salariés européens détiennent 384 Mds d’euros en actionnariat salarié
C’est une hausse modeste par rapport à 2017, déjà en progression, mais le nombre d’entreprises impliquées augmente nettement. En 2018, 94 % des 2 747 grandes entreprises européennes ont un actionnariat salarié, contre 78 % en 2008. Cela représente 7,5 millions de salariés actionnaires de leur entreprise, chiffre en croissance, auquel s’ajoute 1 million d’actionnaires de PME, soit au total 8,5 Millions. Ils détiennent un peu plus de 3 % du capital de leurs entreprises (3,11 %, contre 2,4 % en 2006, mais 3,2 % en 2016 et 2017). Après un épisode négatif de 2009 à 2013, les décisions de la plupart des pays européens ont été favorables à l’essor de l’actionnariat salarié, …y compris pour les grosses PME dans les seuls Royaume-Uni et France .
Un peu plus de la moitié (52 %, mais 75 % en France) de ces plans d’actionnariat salarié sont des « régimes à large base » dans le cadre duquel tous les salariés ou la majorité d’entre eux sont éligibles, par opposition aux « régimes restreints ou sélectifs », réservés à une partie du personnel uniquement, visant essentiellement les dirigeants. Les salariés actionnaires possèdent en moyenne 51 000 € (+140 % par rapport à 2009), en fait 28 000 € hors les dirigeants exécutifs (+126 %). Les 3,1 % détenus par l’actionnariat salarié se décomposent ainsi en 1,43 % pour les hauts dirigeants et 1,68 % pour les autres salariés (mais 3,8 % en France).
Un taux de démocratisation en baisse
En effet seuls 20,7 % des salariés sont actionnaires en 2018, contre 24,1 % en 2007.
La France a le plus fort taux, à 38 %, devant le Royaume-Uni à 20 %. Ailleurs, il est inférieur à 20 % et se monte à seulement 13 % en Allemagne (21 % en 2007 !).
Si la France se distingue par la part du capital possédé par les salariés, par le pourcentage de salariés actionnaires, par le fait que les ¾ des plans ont une large base, les chiffres européens montrent malgré tout les limites de l’actionnariat salarié …qui est loin de profiter à tous et qui reste encore essentiellement confiné aux grandes entreprises.
Source
- FEAS – Recensement de l’actionnariat salarié européen en 2018 :
http://www.efesonline.org/Annual%20Economic%20Survey/Presentation%20FR.htm
http://www.efesonline.org/Annual%20Economic%20Survey/2018/Recensement%202018.pdf