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Le poids du secteur de la création culturelle

samedi 25 janvier 2014

Le secteur de la création culturelle est loin d’être une « danseuse »

Mal connu et son poids mal apprécié, le secteur commence seulement à être identifié. Les chiffres ne sont pas encore très fixés mais, malgré la variété des contours définis et des statistiques produites sur les activités culturelles et créatives selon les études, ce qui est sûr est qu’elles ont une place qui compte dans l’emploi et dans l’économie.

Les chiffres

Activités culturelles et créativesEmploi (2010 Insee)Production (en Mds € en 2011)
Spectacle vivant 148 000 17,5
Publicité 100 000 11,8
Presse 87 000 15
Architecture 71 000 6,3
Arts visuels 69 000 13,3
Audiovisuel 50 000 15,6
Accès au savoir et à la culture 35 000 2,8
Livre 34 000 15,4
Cinéma 33 000 8,6
Patrimoine 25 000 16,0
Industries de l’image et du son 17 000 7,5
Total 670 000 dans les entreprises culturelles
870 000 avec les emplois culturels dans les entreprises non culturelles
130 Mds €
dont 105 Mds € d’apport à l’économie,
58 Mds € de valeur ajoutée (3,2 % du PIB)

Arts visuels : Arts plastiques, Design et stylisme, marché de l’art, Photographie
Patrimoine : Patrimoine bâti, Musées, Expositions
Industries de l’image et du son : Jeux vidéos, Musique enregistrée, Partitions et Instruments de musique, Vidéos

On voit par ce tableau le poids de secteurs, tant dans l’emploi que dans la production de valeur, avec en même temps de grands écarts dans l’importance respective de ces onze composantes, pour la production comme pour l’emploi. Cependant, le revers de ce paysage est la précarité de nombreux emplois dans certains pans de ce secteur, surtout les spectacles, l’Unedic en sait quelque chose.

Certains secteurs bénéficient d’une forte intervention publique, avec des financements de l’État de 14Mds € (culture et communication), tels l’audiovisuel (5 Mds €), le patrimoine (1,1 Md €), la presse (844 M €), l’accès au savoir et à la culture (836 M €) et le spectacle vivant (830 M €). Les autres, y compris le cinéma (avec 476 M € de fonds publics sur 8,6 Mds €), fonctionnent essentiellement sur des fonds privés. Tous sont complètement impactés par le développement du numérique qui transforme les productions, les formes et les réseaux de diffusion et les habitudes de consommation.

De plus, ces secteurs participent très fortement au rayonnement international de la France : 3è producteur et 2è exportateur de cinéma, 3è producteur mondial de films d’animation (derrière les Etats-Unis et le Japon), 3è marché européen du jeu vidéo, sans oublier la place de la mode (12 Mds € de chiffre d’affaires à l’international sur une production de 44 Mds €). Les exportations culturelles ont un solde positif de 400 M € en 2011.

De plus, sur 70 millions de touristes, 35 % intègrent du tourisme culturel dans leur séjour en France. Les Français ne sont d’ailleurs pas en reste avec 4 % du PIB en dépenses culturelles, au 2è rang du G8.

Bien sûr, Paris en est le leader, et fait jeu égal avec New York et Londres : 137 musées, plus de 1 000 galeries, 830 bibliothèques, plus de 1 000 salles de cinéma avec 2 fois plus d’entrées qu’à New York ou Londres, 350 scènes. Cela représente 10 % de l’emploi en Île-de-France.

Mais la dynamique créée ne se limite pas à la capitale et les industries culturelles font partie des stratégies de développement de nombreux territoires. Aux activités classiques de cinémas, théâtres, concerts et musées s’ajoutent des stratégies fortes de créations d’évènements, de festivals, de foires culturelles, comme à Angoulême, Lille, Lyon ou Marseille. Des décentralisations de grands musées (le Louvre à Lens, Le Centre Pompidou à Metz) et les années de « capitales européennes de la culture » telles qu’à Lille et Marseille viennent amplifier ces stratégies. Une implantation culturelle pérenne (équipement fixe, festival reconduit sur la durée) assure un développement socio-économique et des retombées d’emplois à un territoire.

Les relations sociales

On voit ainsi l’utilité de mieux percevoir le poids du secteur culturel et de lui accorder la place qu’il représente tant dans les politiques publiques que par des politiques contractuelles de branches et d’entreprises.

Or, la spécificité de ce secteur est l’archaïsme de son organisation sociale. Il est éclaté en conventions collectives multiples, surtout dans les secteurs les plus traditionnels, par exemple plus de 20 pour la presse, où domine la CGT.

Mais, si on la retrouve dominante dans la presse, en fait sur les 10 branches ayant le plus de salariés (14 000 à 45 000 électeurs), la CGT est majoritaire dans 5, la CFDT dans 4 et Solidaires dans une (journalistes). FO est représentative dans les 11, mais avec des scores entre 10 et 18 points, la CFTC dans 3 seulement, la CGC dans 2 et l’Unsa dans 2 également

Certaines branches sont de très petite taille (86 électeurs pour la convention des cadres et agents de maîtrise des services administratifs du cinéma). Cela conduit à des relations sociales émiettées par corporation. Un secteur qui a donc besoin que ses partenaires sociaux s’engagent dans une modernisation sociale.