Un plan à 13,86 milliards d’Euros (2018-2023)
Cet engagement important a été partagé entre des actions au niveau national et un volet régional, structuré autour des Pactes signés entre l’État et les Conseils régionaux, dont relève la compétence de la formation professionnelle. Une combinaison complexe et inédite qui entraine des résultats différents sur la prise en charge régionale. Ceci n’a rien d’étonnant car chaque Conseil régional a construit au fil des ans sa propre politique et par ailleurs la situation de l’emploi et du chômage dans chacune des régions métropolitaines et d’outre-mer est différente.
Une évaluation dans huit régions
Pour mieux comprendre les effets du déploiement du PIC sur les écosystèmes d’orientation et de formation régionaux, huit monographies dans les régions suivantes ont été réalisées : Auvergne-Rhône-Alpes, Bretagne, Centre-Val de Loire, Grand Est, Martinique, Normandie, Occitanie, et Pays de la Loire. L’évaluation n’avait pas vocation à être exhaustive, mais les régions sélectionnées ont des configurations variées. Dans l’une d’entre elles, Auvergne-Rhône-Alpes, le Pacte a été porté par France Travail (ex-Pôle emploi) à la suite du refus du Conseil régional de s’engager avec l’État.
Cinq axes de questionnement
Les monographies régionales ont été construites autour de cinq axes de questionnement évaluatifs : la gouvernance du PIC et le ciblage du PIC en termes de publics ainsi que les moyens mis en œuvre au service des personnes les plus éloignées de l’emploi et les moins diplômées. Le troisième axe s’intéresse au renforcement de la continuité et la cohérence des parcours de formation, le quatrième analyse l’adaptation du système de formation. Enfin, le dernier axe porte sur la contribution du PIC à l’amélioration de la qualité et l’efficacité pédagogique des formations.
Trois réalités régionales différentes
En Occitanie, la mise en œuvre du Pacte s’est tout d’abord heurtée à la rigidité des marchés publics. Les crédits du Pacte ont été affectés en premier lieu à l’abondement de l’offre de formation existante, particulièrement importante sur les formations préqualifiantes et le financement d’actions expérimentales et sur mesure. Mais l’évaluation met en avant les effets de concurrence entre les multiples dispositifs, dans un écosystème où la coordination entre les différents acteurs reste un défi. La Région s’est efforcée de fluidifier les parcours de formation des personnes et de soutenir la modernisation des organismes via un plan d’accompagnement ambitieux. Elle a pris en compte le bilan du PIC pour construire le nouveau PRF (plan régional de formation) qui produira ses effets à plus long terme.
En Pays de la Loire, le PIC a été un outil d’expérimentation permettant de repenser la formation professionnelle continue tant en termes de dispositifs globaux que de méthodes pédagogiques. De nombreux chantiers ont été ouverts, notamment au travers des différents accords-cadres initiés par la Région et grâce aux moyens du Pacte avec, comme sésame, la sécurisation des parcours.
L’évaluation met en avant que malgré le volontarisme des acteurs publics, l’impact réel sur la transformation des pratiques reste mitigé et le PIC a fait émerger des difficultés relatives à la collaboration et à la co-intervention des professionnels de l’accompagnement et de la formation.
En Grand Est, la stratégie de transformation de l’offre régionale de formation s’est construite sur le long terme avec le déploiement du PIC. Une place prépondérante a été réservée à l’innovation, faisant du Pacte régional un « laboratoire » pour penser une transformation structurelle des pratiques d’achats de formation.
Le Pacte a également été l’occasion pour la Région de renforcer l’animation territoriale, notamment grâce à la création de postes de développeurs de compétences. Leur action, davantage tournée vers l’accompagnement des entreprises, a permis d’apporter des réponses concrètes à leurs besoins, pouvant aller jusqu’au montage d’actions de formations sur mesure.
En conclusion, si avec la mise en œuvre du PIC l’État a réinvesti dans la formation professionnelle des personnes en recherche d’emploi et a permis de faire émerger des projets innovants, le bilan est mitigé. Le déroulement du plan révèle des difficultés déjà connues et confirmées (gouvernance, suivi et coordination en particulier avec les Conseils départementaux pour les bénéficiaires du RSA). En revanche, l’axe « Répondre aux besoins de compétences des entreprises » a permis de faire des besoins des entreprises une priorité de la transformation de l’offre de formation dans les régions étudiées.

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