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Formation des chômeurs pendant le Covid-19

mercredi 24 juin 2020

Pour comprendre les conséquences de la crise sur le déroulement des formations des chômeurs, une enquête rapide a été menée par la DARES entre le 8 et le 25 avril 2020. Ils sont 5 600 stagiaires en cours de formation au début de la période de confinement à avoir répondu (soit 63 %).

Deux tiers des formations ont été maintenues partiellement ou complètement. La plupart des formations maintenues ont été assurées par des sessions à distance. Les formations les plus courtes ainsi que celles accueillant des publics moins qualifiés ont été plus souvent suspendues, ainsi qu’une part importante des formations préalables à l’embauche.

Dans toute cette étude, les chiffres portent sur les formations qui comportaient au moins une part de séances en présentiel. Parmi les formations qui comportaient tout ou partie de présentiel, deux tiers ont été partiellement ou totalement maintenues et un tiers a été totalement suspendu.

En cas de suspension de la formation, les formateurs restent majoritairement accessibles, mais l’effort reste à l’initiative du stagiaire.

  • Entre 40 et 50 % des stagiaires se sentent peu ou pas informés sur la suite de la formation ou sur leur rémunération pendant la période de confinement.
  • Deux tiers des formations ont été partiellement ou totalement maintenues. Comme pour toutes les activités non prioritaires décrétées par le gouvernement, les séances en présentiel des formations des demandeurs d’emploi qui étaient en cours de déroulement au début de la période de confinement (16 mars) ont été suspendues.
  • Environ 7 % de ces formations étaient purement à distance et n’ont pas été affectées.

Deux tiers des stagiaires ont pu continuer à suivre leur formation, la plupart du temps (77 %, soit 48 % des formations maintenues) via des enseignements à distance. Toutes sortes d’outils d’échange ont été utilisées. Dans plus de la moitié des cas, les cours ont pu être dispensés par vidéo et, dans un quart des cas, par téléphone. Ont été aussi mises à disposition des formations en ligne et également, dans certains cas, les organismes de formation ont envoyé par e-mail des documents et des exercices à effectuer et à rendre. Parfois, le maintien de la formation s’est effectué via des outils plus sommaires (envoi de documents par courrier ou par messagerie).

La quasi-totalité des stagiaires (95 %) dont les formations ont été maintenues ont été en capacité d’assister au moins partiellement à ces sessions à distance, même si les moins diplômés déclarent plus souvent que leur assiduité n’a pu être que partielle. Les raisons les plus fréquemment invoquées pour expliquer les empêchements sont les obligations familiales (enfants) et le manque d’équipements informatiques ou d’accès Internet suffisamment performants.

Le taux de maintien (partiel ou total) varie sensiblement selon le type de formations.

  • 67 % pour les formations certifiantes et professionnalisantes,
  • 54 % pour les formations préparatoires à une formation de plus haut niveau

Les stagiaires les moins diplômés ont connu davantage de suspensions (39 % de ces derniers contre 30 % des bacheliers ou diplômés de l’enseignement supérieur).

Les formations préalables à l’embauche ont été massivement arrêtées.

  • Les formations préalables à l’embauche (AFPR-POEI) ont été massivement suspendues (dans plus de 60 % des cas), probablement parce que la période de confinement a perturbé le fonctionnement des entreprises. En effet, elles y jouent souvent un rôle crucial soit parce qu’elles abritent les séances de formation ou que les stagiaires y effectuent une grande partie de leur formation sous forme de stages pratiques.
  • Les formations incluant beaucoup de travaux pratiques, de stages en entreprise (cette explication s’applique probablement aux formations préparatoires) ont davantage dû être suspendues en raison de la difficulté de transposer ces enseignements dans une relation à distance.
  • Ce sont les formations les plus courtes qui ont été plus souvent suspendues. Ainsi, les formations longues de 2 mois et moins ont été suspendues dans 44 % des cas, contre 39 % des formations de 3 à 5 mois et 30 % des formations de 6 mois et plus.

La suspension des formations n’entraîne pas forcément l’arrêt des apprentissages. Lorsque les formations ont été suspendues,

  • 70 % des stagiaires déclarent avoir continué à travailler sur leurs sujets.
  • Les stagiaires avaient la possibilité de contacter leur formateur, dans plus de 60 % des cas.
  • l’organisme a pu envoyer des documents, dans 30 % des cas.

Dans ces moments très incertains, il n’est pas étonnant qu’entre 40 et 50 % des stagiaires fassent état de manque d’informations sur la suite de leur formation. Certains témoignent, par exemple, d’incertitudes sur le maintien des stages pratiques, sur le maintien des épreuves finales d’évaluation. Lorsqu’une embauche est programmée à la fin de la formation, certains stagiaires s’inquiètent de son maintien.

Ces nouvelles formes pédagogiques en présentiel mais aussi beaucoup en virtuel ont pu être anxiogènes pour le formateur mais beaucoup pour le stagiaire, surtout pour les publics en situation de précarité et qui voient dans leur formation une condition nécessaire pour accéder à un emploi.

Il est trop tôt pour tirer des enseignements de cette période en matière de formation. Chaque acteur a dû faire un effort pour s’approprier cette nouvelle pédagogie. Les handicaps ont été plus nombreux pour celles et ceux qui vivent dans des conditions de logement exigu, avec des charges familiales, sans espace de travail, ni matériel informatique approprié, et pour ceux qui souffrent d’illectronisme. On devra être très attentif à la situation des stagiaires et, pour certains, il faudra proposer des remises à niveau en lien avec leur lieu d’apprentissage.


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