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Hôpital : alerte ressources humaines

samedi 25 mars 2023

Le 1er février, la Fédération hospitalière de France (FHF) est revenue sur la situation de crise du système de santé à la suite des déclarations du Président de la République. D’après la FHF, 15 000 postes de personnels hospitaliers sont vacants dans les hôpitaux publics et autant d’infirmières. L’enquête menée par la FHF auprès du personnel indique que pour 58 % d’entre eux le respect et la considération arrivent en premier lieu lorsqu’ils évoquent leurs conditions de travail. Viennent ensuite la solidarité au sein des équipes, la qualité de l’encadrement, la possibilité d’évolution de carrière et la mise en place de temps d’échange. Ils affichent aussi leur fierté d’exercer ce métier.

Pour la FHF le recrutement est « la mère des batailles »

La situation de crise du système de santé est marquée, pour la FHF, par l’augmentation croissante des besoins des hôpitaux publics et les importantes difficultés de ressources humaines qu’ils connaissent. Quasiment tous les hôpitaux publics en France sont confrontés à des difficultés sérieuses de recrutement de personnels même si les effectifs des établissements ont augmenté de 3 % entre 2019 et mai 2022.

Les chiffres clés de la Fédération

  • 99 % des établissements déclarent des difficultés de recrutement même s’il y a des situations variables d’un territoire et d’une spécialité à l’autre.
  • Les vacances de postes restent importantes : environ 15 000 postes d’infirmiers (soit un manque de 5 à 6 %).
  • Environ 5 000 postes d’aides-soignants (2,5 %).
  • Près de 30 % de postes de praticiens hospitaliers titulaires vacants.
  • Le taux d’absentéisme moyen continue de progresser (de 7,5 % en 2012, 9 % en 2019, à 10 % en 2022, avec un pic à 12 % pendant l’été).

C’est pourquoi la Fédération hospitalière de France a appelé à un « plan de bataille pour les ressources humaines » afin de combler au plus vite les postes vacants. « Améliorer le recrutement, c’est la mère de toutes les batailles », a déclaré son président Arnaud Robinet en conférence de presse.

Quelles solutions ?

La fédération préconise la hausse des capacités de formation (+20 % pour les médecins et +25 % pour les paramédicaux) mais aussi l’amélioration de l’attractivité des carrières en liant recrutement, rémunérations, conditions de travail, qualité de vie et évolution des carrières.

Une enquête inédite

Pour appuyer son argumentation, le FHF et son comité d’éthique ont lancé une enquête inédite auprès de 10 000 professionnels de santé (de 13 professions et 14 régions) dont les deux tiers avaient au moins dix années d’expérience. Ils y précisent leurs attentes et le sens que revêtent pour eux les métiers de la santé. Le Pr Bertrand Guidet, président du comité d’éthique, résume ainsi les lignes générales de l’enquête : fierté et stress généralisé.

Ils sont fiers de leur vie professionnelle pour 80 % d’entre eux et, de plus, ont un sentiment d’utilité pour 91 % d’entre eux. En même temps, ce travail génère du stress pour 89 % d’entre eux : pour 67 % des répondants par « manque de moyens humains et matériels » et pour 63 % en raison de sur-sollicitations et de ruptures de tâches. Les conséquences amènent 36 % des soignants à déclarer des symptômes associés (troubles du sommeil, digestifs, articulaires) et 28 % des symptômes psychiques (nervosité, anxiété, dépression).

La moitié d’entre eux seulement conseillerait leur métier. Pour remédier à cette situation, 64 % du panel prônent des revalorisations salariales, 48 % de l’encouragement et de la considération, une amélioration du cadre de vie pour 46 % et un accès à la formation continue pour 42 %.

En conclusion

La Fédération hospitalière dénonce une situation structurellement tendue dans les hôpitaux publics en matière de ressources humaines et appelle des actions fortes, globales et rapides pour redonner au service public de santé son attractivité.

La question de la pénurie du personnel se pose aussi au niveau européen. La Fédération Santé Sociaux de la CFDT relaie sur son site l’action de la Fédération syndicale européenne des services publics (EPSU) et la lutte des syndicats européens pour améliorer les salaires et les conditions de travail. Les syndicats viennent de défiler à Bruxelles lors d’un sommet des ministres de la Santé organisé pour discuter de la capacité de l’Europe à promouvoir la santé et à affronter les pandémies. Les syndicats ont appelé les décideurs politiques à agir pour faire face à la crise urgente de pénurie de personnel à laquelle sont confrontés les systèmes de santé et de protection sociale. Sans ce personnel l’Europe ne sera – encore une fois – pas préparée à gérer une nouvelle crise sanitaire.


Sources