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Le conseil en évolution professionnelle, 4 ans après, quel bilan ?

mercredi 19 décembre 2018

4 ans après sa mise en œuvre et au moment où la réforme de la formation professionnelle renforce son rôle, le Cnefop [1] propose un bilan du conseil en évolution professionnelle (CEP), dans un paysage de la formation professionnelle toujours en construction. Analyse de l’implication des opérateurs, (l’État toujours à la traine), du profil des bénéficiaires et préconisations pour l’avenir.

Deux accords interprofessionnels ont posé le principe du CEP

Les partenaires sociaux ont posé le principe d’un conseil en évolution professionnelle dans l’accord du 11 janvier 2013 pour un nouveau modèle économique et social puis à nouveau dans l’accord national interprofessionnel du 14 décembre 2013 relatif à la formation professionnelle. Ce droit est alors élargi à l’ensemble des actifs sur proposition des partenaires sociaux et acté dans la loi du 5 mars 2014.

Le CEP qu’es aquo ?

La loi de 2014 précise sa définition. Quel que soit l’opérateur, le CEP permet à tout actif de bénéficier à son initiative, et sans conditions d’accès spécifique, d’un accueil personnalisé, sous quelle forme que ce soit, pour faire le point sur sa situation et son environnement socio-économique et pour identifier les potentialités en matière d’orientation et d’insertion professionnelle.
Ce premier niveau de conseil, sans rendez-vous, permet au salarié d’être mis en relation avec l’interlocuteur le plus pertinent pour répondre à ses besoins sur ses compétences, ses possibilités d’évolution interne et identifier ses contraintes personnelles. Enfin, le CEP inclut un appui à la formalisation du plan d’actions personnel et à la mobilisation des ressources utiles pour le réaliser.
C’est un droit universel ouvert à toutes les catégories d’actifs et gratuit.

Premier bilan quatre ans après

Le contexte est porteur. Les débats autour du projet de loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » ont invité à capitaliser les dynamiques vertueuses et les difficultés de la première période de déploiement du CEP. L’objectif du Cnefop est bien d’identifier les enjeux et défis pour une mise en œuvre optimisée du CEP tel que réaménagé et développé par la loi dans la période à venir.

  • Quelle prise en charge par les opérateurs ?
    Les opérateurs ont déployé, plus ou moins progressivement, le CEP mais, le rapport souligne qu’en 2018, tous les opérateurs font du CEP le cadre de référence de leur offre.
    Les Fongécif et Opacif, qui accompagnaient et finançaient les projets de formation autour du CIF, ont d’emblée engagé une dynamique de restructuration en profondeur de leur offre de services et, souvent, de leur organisation, pour répondre aux ambitions et aux objectifs du CEP.
    Pour les acteurs historiques du Service Public de l’Emploi (Pôle emploi, les Missions locales, et Cap emploi), le CEP a dû s’intégrer, progressivement, dans une offre de service existante, alors même que les services de l’État n’avaient pas forcément tiré toutes les conséquences de l’arrivée du CEP dans leurs engagements contractuels avec eux.
    La place du CEP dans Pôle emploi est particulièrement importante pour que devienne réalité la rupture attendue avec les pratiques de prescription au profit des pratiques de co-construction et de respect de l’initiative de la personne.
  • Le profil des bénéficiaires
     Les bénéficiaires du CEP sont plus souvent des femmes (52%) que des hommes (48%), alors même que la population active est inversement plus masculine (52%) que féminine (48%).
     Près de la moitié (48%) des bénéficiaires ont entre 26 et 44 ans et près d’un quart ont entre 15 et 25 ans (23%).
     7% des bénéficiaires ont une reconnaissance en qualité de travailleurs handicapés (RQTH).
     Les bénéficiaires de niveau infra V représentent 27% des bénéficiaires, les niveaux V et les niveaux IV sans diplôme 28%, les niveaux IV 21%, les niveaux III 10% et les niveaux I et II 14%.

La répartition régionale des bénéficiaires du CEP est le plus souvent proportionnée à la part de la population active dans la région, si ce n’est pour quelques régions où la proportion de bénéficiaires CEP est supérieure : Centre Val de Loire, et dans une moindre mesure Occitanie, Paca et Hauts de France.

La très grande majorité des bénéficiaires sont des personnes en recherche d’emploi (89% de personnes en recherche d’emploi inscrites à Pôle emploi et 2,2% de personnes en recherche d’emploi non inscrites).
Les bénéficiaires enregistrés comme « salariés » représentent 7% des bénéficiaires : 6% sont en CDI et 1% en CDD. 0,2% des bénéficiaires sont par ailleurs identifiés comme actifs non-salariés ou indépendants.
Mais ces statistiques sont faussées car le système ne donne pas possibilité de mentionner les doubles statuts de demandeurs d’emploi / salariés (à temps partiel, sur des contrats courts, ...) présents en proportion importante dans les effectifs de bénéficiaires de Pôle emploi ou encore de l’APEC.

Cela étant posé, l’accès des actifs occupés au conseil en évolution professionnelle n’est pas à la mesure de l’ambition. Cette question devrait faire l’objet d’un focus à part entière, du fait de l’ambition spécifique qui était portée sur eux par la réforme de 2014.
Une part importante des actifs occupés ne sait toujours pas à qui s’adresser, ce qui limite leur recours au CEP. L’accès aux agents de la fonction publique mais aussi aux actifs occupés non-salariés (indépendants, artisans, professions libérales, auto-entrepreneurs) n’est pas à la mesure de l’ambition d’universalité du CEP.

Les préconisations du Cnefop

  • Renforcer la communication sur le CEP dans le cadre d’une stratégie coordonnée auprès de bénéficiaires potentiels et de leurs relais.
  • Se donner les moyens de mieux mesurer la connaissance, le besoin, la demande, l’accès et le recours au CEP pour calibrer puis ajuster, notamment pour les actifs occupés, la « capacité » de service pertinente et mieux piloter l’évolution de ses contenus pour favoriser l’adéquation à la demande, donc le recours.
  • Préciser les objectifs des opérateurs, ainsi que les attendus en termes de moyens et de compétences, pour l’accueil et le conseil (ou la réorientation) aux salariés de la fonction publique, mais aussi aux actifs occupés non-salariés.

En conclusion
Les dispositions de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel conforte la finalité du CEP mais introduit également de nouvelles dispositions pour structurer un CEP « enrichi ». Si sa finalité reste la même, les enjeux d’universalité et d’accessibilité, les besoins forts de sécurisation des parcours professionnels de tous les actifs demandent de passer à la vitesse supérieure.


Source

Déjà parus dans Clés du social


Notes :

[1Conseil national de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles