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Les chances de retour à l’emploi après une formation

samedi 24 septembre 2022

Si le chômage de masse s’explique en partie par une inadéquation entre les compétences des demandeurs d’emploi et celles recherchées par les employeurs, la formation des demandeurs d’emploi est un levier pour réduire le chômage de masse. Il n’existe en France que peu d’études documentant les effets de suivre une formation sur le retour à l’emploi, fautes de données permettant de suivre les trajectoires d’emploi. Le dispositif Force propose d’apporter des éléments descriptifs sur les devenirs des demandeurs d’emploi ayant bénéficié d’une formation professionnelle.

Le plan d’investissement dans les compétences (PIC) affiche comme objectifs de mieux répondre aux besoins en compétences de l’économie, dans une situation de tension sur les recrutements et d’évolutions anticipées liées à la transformation numérique et à la transition écologique et, d’autre part, de développer les compétences des demandeurs d’emploi faiblement qualifiés et des jeunes sans qualification [1].

Le dispositif Force mis en place par la DARES en 2020, dans le cadre de l’évaluation du Plan d’investissement dans les compétences, retrace les trajectoires professionnelles des personnes ayant été en contact avec le service public de l’emploi entre 2017 et 2019.

  • Il recoupe chaque trimestre des données sur le nombre d’inscrits à Pôle emploi, de jeunes en mission locale, de stagiaires de la formation professionnelle, ainsi que les informations sur les salariés du privé issues de la déclaration sociale nominative.
  • Il permet de reconstruire les trajectoires professionnelles de toutes les personnes ayant été en contact avec le service public de l’emploi (Pôle emploi ou missions locales) ou ayant suivi une formation professionnelle prise en charge totalement ou partiellement par les pouvoirs publics.

Cette estimation est obtenue en appariant plus d’1,2 million de demandeurs d’emploi entrant en formation avec des demandeurs d’emploi non formés ayant des caractéristiques similaires. Mis à jour trimestriellement, le dispositif Force est issu de l’appariement du fichier historique des demandeurs d’emploi géré par Pôle emploi, de la Base régionalisée des stagiaires de la formation professionnelle, et du dispositif issu des fichiers des déclarations statistiques nominatives, tous les trois gérés par la DARES.

  • L’une des difficultés pour évaluer la capacité des formations à améliorer les chances de retour à l’emploi tient à l’existence de choix de formation : si les formations sont réservées aux personnes les plus éloignées de l’emploi, l’impact de la formation risque d’être sous-estimé. À l’inverse, si ce sont des personnes les plus motivées par un projet professionnel qui suivent une formation, elles ont des chances d’insertion élevées avec ou sans formation.
  • L’écart entre formés et non-formés dépend aussi du type de formation suivie ainsi que du type de personnes y participant (publics les plus éloignés de l’emploi, demandeurs d’emploi depuis plus d’un an…).
  • Les formations courtes de préparation à l’emploi permettent un retour plus rapide à l’emploi que les formations plus longues visant à l’acquisition de compétences. Sur le long terme, ces dernières assurent un effet plus durable, avec des retours moins fréquents vers le chômage et des gains salariaux plus élevés.
  • Les formations « pré-qualifiantes », forme de stage conduisant au suivi d’une nouvelle session de formation, sont celles qui ont le moins d’impact sur le retour à l’emploi. Parmi les personnes ayant suivi une formation « pré-qualifiante », 38 % ont suivi une autre formation en suite.

L’étude conclut à un effet estimé positif et significatif de l’entrée en première formation sur la probabilité de retrouver un emploi : la probabilité de connaître un épisode d’emploi dans les 2 ans suivant l’entrée en formation est plus de 9 points de pourcentage supérieure à celle des demandeurs d’emploi non formés.

  • À court terme (6 premiers mois) l’effet est minime, l’impact d’une formation professionnelle sur le retour à l’emploi est plus fort sur le long terme.
  • L’écart augmente avec le temps : +8,8 points après 18 mois, +9,2 points après 24 mois.
    La probabilité pour un chômeur de trouver un emploi dans les 12 mois suivant son entrée en formation est supérieure de 5,7 points à celle des demandeurs d’emploi non formés. Les effets de la formation pour l’obtention d’un poste varient en fonction de l’âge et du niveau de diplôme :
  • Les emplois occupés par les chômeurs ayant suivi une formation semblent de meilleure qualité (pour les emplois durables CDI ou plus de 6 mois).
  • Les écarts entre formés et non-formés apparaissent dès deux mois après l’entrée en formation et sont même supérieurs.
  • 18 mois après l’entrée en formation, le taux de retour à l’emploi des chômeurs ayant un diplôme inférieur au bac est supérieur de 9,6 points à celui des demandeurs d’emploi non formés ayant le même niveau d’étude.
  • En prenant le critère de l’âge, les demandeurs d’emploi de plus de 50 ans ayant suivi une formation ont nettement plus de chances d’être embauchés à la sortie que ceux n’ayant pas été formés (+17,1 points d’écart entre leur taux de retour à l’emploi).
  • Les plus de 50 ans ont en moyenne des taux de retour à l’emploi plus faibles (30 % au bout de 18 mois). Ils entrent moins souvent en formation, d’autres critères peuvent rentrer en ligne de compte pour les employeurs.
  • Les effets de la formation sont plus élevés pour les demandeurs d’emploi de longue durée, inscrits depuis plus d’un an. L’écart entre formés et non-formés à 18 mois est de 13,6 points de pourcentage. Pour les personnes souffrant d’un handicap, l’écart est de 12,2 points de pourcentage.
  • La probabilité d’entrer en formation est maximale pour les titulaires d’un diplôme de niveau baccalauréat. Les chômeurs de niveau inférieur ou supérieur ont moins de chance d’entrer en formation.

Les demandeurs d’emploi recherchant des emplois à temps partiel ou saisonnier ont une probabilité plus faible de rentrer en formation, respectivement -5,5 points et -1,6 point, leur projet professionnel pouvant être jugé moins propice à un investissement en capital formation. Les secteurs d’emploi les plus recherchés pour une entrée en formation sont les secteurs du transport, de la logistique, des arts, de la santé et de la maintenance et de l’installation.

Cette première enquête montre les effets d’une politique volontariste sur la formation des demandeurs d’emploi. L’importance de cette étude vient de la base de sa source de données, qui va permettre d’étudier, trimestre par trimestre, les bienfaits d’une politique de formation financée par l’État. Si des politiques de formation ciblées peuvent modifier en profondeur le fonctionnement du marché du travail, l’augmentation du nombre de chômeurs formés peut inciter les entreprises à proposer plus de postes avec un salaire bonifié à une main d’œuvre qualifiée.


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