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UIMM par qui le scandale arrive

jeudi 18 octobre 2007

Le 22 septembre 2006, un accord national sur la formation professionnelle a été signé, qui a une signification au-delà de son contenu même...

Une caisse noire ? En tous cas sûrement une caisse anti-grève de solidarité entre patrons comme il en existe dans de nombreux pays européens. Le problème est que les syndicats français n’ont pas été capables de multiplier les grèves et donc de les obliger à faire usage de cette caisse. L’argent s’est accumulé et les pauvres dirigeants de l’UIMM ont du se donner du mal pour en dépenser une partie !

Mais pourquoi penser aussitôt que l’argent est allé à des organisations syndicales parce que l’ancien président de l’UIMM parle de « fluidification des relations sociales » ? Financer un sondage pour un député de droite pour l’aider à battre un candidat partisan d’un étatisme, qui nationalise les entreprises privées n’est-il pas une action de ce genre ? Remercier des élus politiques qui font passer un amendement favorable aux thèses de l’UIMM, c’est-à-dire à la « démocratie sociale » (sic), n’est-il pas un acte de régulation sociale ? Soutenir une organisation interprofessionnelle territoriale favorable à l’UIMM plutôt qu’au Medef, aider une fédération professionnelle qui approuve la position de l’UIMM dans une négociation sociale sont-ils des actes inimaginables ? On peut aussi imaginer que l’UIMM dans son activité de lobbying sans traces, a payé des vulgarisateurs de thèmes éculés, universitaires compris, des études bidons pour des cabinets de consultants, des experts qui ne voulaient pas payer de charges sociales et d’impôts, etc... Tout cela et bien d’autres pistes sont-elles à écarter au profit du financement des seuls syndicats ?

Et poussons le bouchon trop loin : aucun journal, aucun périodique, n’aurait donc été « aidé » pour soutenir la fluidité des relations sociales ? Bravo ! Aucun journaliste n’a reçu de cadeau de cette grande Union professionnelle ? Bravo !

Poursuivons. Pourquoi ce regard accusateur en direction de TOUS LES SYNDICATS ?

Les organisations syndicales sont, comme le Medef, des confédérations de fédérations professionnelles. En face de l’UIMM, ce sont des fédérations syndicales de la métallurgie qui négocient. Observons qui a signé des accords avec l’UIMM ces dix dernières années. Il y a des signataires…et des non signataires, voire des opposants à une signature. Les responsables de l’UIMM seraient-ils assez stupides pour financer des organisations qui ne signent pas ? Fluidifier la régulation sociale signifie aider ceux qui acceptent de négocier et signer. Au poker, on paie pour voir. Les dirigeants de l’UIMM ne vont pas payer pour ne rien voir.

Penser que toutes les confédérations et les fédérations de salariés ont été logés à la même enseigne de la générosité patronale, c’est prêter à l’UIMM une générosité particulière et penser que toutes les organisations syndicales sont susceptibles d’accepter de telles offrandes ?

Conclusion : sans doute, la générosité de l’UIMM dépasse le champ syndical et à l’intérieur des syndicats, cette générosité en épargne certains.

Or dans la suite de cette affaire, beaucoup en tirent la conclusion qu’il faut un financement transparent du syndicalisme de salariés. Voila bien un raisonnement de jésuite. Des syndicats survivraient grâce à une aide patronale. On trouve cette aide immorale, on la remplace alors par l’aide de l’Etat. Affaire classée. Or d’autres organisations de salariés sont arrivées à survivre sans aide patronale. La création d’un financement public a comme conséquence d’offrir l’éternité à des organisations qui n’ont pas les moyens de vivre toutes seules. C’est une prime à la division syndicale. Et c’est un cadeau à celles des organisations qui ont touché au grisbi patronal.

A supposer que personne n’ait le courage de retirer les tuyaux assurant la survie de telle ou telle organisation syndicale de salariés, il faut alors choisir la meilleure méthode. Celle-ci existe déjà. Ce n’est pas un financement étatique, mais un financement décidé contractuellement et versé par les entreprises à partir de critères transparents. C’est la méthode choisi par les partenaires sociaux de l’artisanat : cotisation fixée par la négociation et versement au prorata des résultats aux élections professionnelles par branches. Ce qui n’avantage pas les « petites » organisations qui, comme la CGC et la CFTC, ont tenté d’obtenir une répartition égalitaire,… ce que la Cour de cassation leur a refusé. On comprend mieux pourquoi l’UIMM a poussé le Medef à mener combat contre cet accord qui finance dans la transparence toutes les organisations syndicales !

La généralisation de cette méthode par une négociation de branche évite l’intervention de l’Etat, et l’assimilation des syndicats aux partis politiques.

Cette méthode pourrait être couplée à la réforme proposée par la présidente du Medef de comptes certifiés pour les organisations patronales et syndicales. Dans les comptes des organisations syndicales, apparaîtra la part des cotisations dans leur budget. On peut donc fixer une clef de répartition de la cotisation paritaire de branche qui tiendrait compte à la fois des résultats aux élections professionnelles …et à la hauteur des cotisations perçues. Prendre en compte l’importance des cotisations individuelles de salariés est une incitation à l’effort de syndicalisation.

L’effort de transparence devra-t-il aller jusqu’à la consolidation des comptes des fédérations professionnelles de syndicats de salariés, en y intégrant ceux de leurs composantes (syndicats et sections syndicales) ? C’est probablement inévitable si l’on veut éviter que des pratiques délictueuses perdurent loin des contrôles officiels.

La fixation négociée d’une cotisation de branche versée par les entreprises n’est somme toute que la légalisation de la pratique de l’UIMM. La hauteur des sommes récoltées montre qu’il est possible de généraliser un financement des partenaires sociaux par les entreprises. Il suffit de le rendre transparent et d’en fixer les règles de distribution.