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Congrès de la CFE-CGC : un congrès passé inaperçu

mercredi 17 mai 2023

Les 22 et 23 mars, s’est réuni le congrès de la CFE-CGC, la quatrième organisation syndicale française. Une organisation qui progresse en termes de représentativité, la seule à avoir progressé en voix dans un contexte de baisse générale de la participation, il est vrai dans une catégorie de la population salariée en constante progression. Une organisation qu’il est toujours difficile de situer sur l’échiquier syndical entre contestataires et réformistes. Une organisation qui est fortement et traditionnellement marquée par la personnalité de son président. En l’occurrence aujourd’hui par François Hommeril qui a été réélu pour son troisième mandat.

Une CFE-CGC autosatisfaite

Adopté à la quasi-unanimité des 1 000 délégués réunis à Tours pour ce 38ème congrès, le rapport d’activité de 80 pages met l’accent sur les réussites de la centrale syndicale qui a l’ambition de représenter l’encadrement. La CFE-CGC a conforté sa quatrième place sur la représentativité globale (public-privé) avec 9,5 % des voix. Elle réalise ses meilleurs scores dans le privé avec un peu moins de 12 % des voix, en progression de 1,25 point par rapport au cycle précédent. Toujours dans le privé, elle conforte sa 2ème place dans le collège cadre avec 20,71 % des voix en progression de 1,3 point par rapport au cycle précédent ; elle reste toutefois encore loin de la CFDT (26,99 %). Au vu de ces résultats, la CFE-CGC se considère donc comme une organisation qui compte dans le paysage syndical français et plus particulièrement dans les secteurs des grandes entreprises qui lui procurent aussi la quasi-totalité de ses responsables.

Un discours vindicatif du président

La CFE-CGC est aujourd’hui une organisation difficile à cerner tant son image nationale est incarnée par la personnalité de son président. François Hommeril a fait évoluer le positionnement de son organisation qu’on ne peut plus considérer aujourd’hui comme faisant partie des organisations réformistes. Il le revendique d’ailleurs haut et fort. Il caractérise la CFE-CGC comme une organisation « réformatrice » ni « contestataire impénitente », ni « accompagnatrice zélée ». Pour lui « le terme réformiste a été dévoyé et vidé de sa substance progressiste » par les politiques. Il qualifie les militants CFE-CGC comme des « objecteurs de pensée unique ».

Dans son intervention qui a été comme chaque fois le moment fort du congrès, le président s’est montré pessimiste sur l’évolution de la société. Il l’a qualifiée de société du « rapport qualité prix » où il faut faire « plus vite avec moins », un monde déshumanisé et complexe. Dans ce contexte, le président de la CFE-CGC tente de sacraliser la place de l’encadrement qui a, selon lui, pour mission « d’observer, comprendre et agir, prendre ses responsabilités, régler les problèmes et faire des choix éclairés ».

Il accuse les politiques « d’avoir mis la France à genoux » et « de n’avoir rien vu, rien fait pour inverser le cours des choses ». Il stigmatise dans des accents presque marxistes les actionnaires « assoiffés de dividendes » et les grands dirigeants d’entreprise « arrivés par le hasard opportun de leur carnet d’adresses ».

Les orientations à venir de la CFE-CGC

À partir de ce sombre constat, le Président esquisse ce que seront les orientations de son organisation pour les quatre ans à venir.

Il s’agit de mobiliser l’énergie de la CFE-CGC et sa « confiance en l’avenir » pour relancer l’industrie et reconquérir notre espace numérique, faire du développement durable un enjeu de société, agir pour une protection sociale tout au long de la vie. Il veut lutter contre les organisations du travail maltraitantes, estimant que la CFE-CGC est pionnière dans le domaine du stress au travail. Il souhaite aussi promouvoir l’investissement collectif en faveur de l’égalité des chances et affronter le chantier de la question du travail. Sur le plan interne, la CFE-CGC, à la faveur de son développement, entend continuer de se renforcer en termes de syndicalisation, de structuration et d’information. Au niveau international, elle continuera d’incarner son « exception française : un authentique syndicalisme d’encadrement, tourné vers la croissance, le progrès et la solidarité ».

La nouvelle équipe confédérale

Le nouveau trio exécutif : François Hommeril (Chimie) a donc été réélu président, le trésorier sortant Jean-Philippe Tanghe, issu de la Fédération des Banques remplace Gérard Mardiné au poste de secrétaire général et Farida Karad (Assurances), nouvelle venue dans les instances confédérales, devient trésorière nationale.

9 secrétaires nationaux ont été élus, dont 4 femmes. Trois secrétaires nationaux sont issus de la métallurgie et trois viennent de l’énergie, deux fédérations très puissantes dans la CFE-CGC.

20 délégués nationaux dont 8 femmes complètent l’équipe confédérale. L’origine des délégués nationaux est plus diversifiée que chez les secrétaires nationaux.



Pour conclure, un congrès qui se situe dans la continuité et qui conforte la ligne proposée par son président d’une organisation qui veut marquer sa différence au risque de ne pas toujours être comprise par ses interlocuteurs dans ses discours et ses positionnements. Un congrès qui est globalement passé inaperçu au moment où la CGT faisait le sien et en plein conflit des retraites.


Sources