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Contrat d’Engagement Jeune, une mesure de plus ?

samedi 25 décembre 2021

La déception planait le 2 novembre 2021 quand le Gouvernement a présenté le Contrat d’Engagement Jeune pour les jeunes les plus éloignés de l’emploi (sans emploi, ni formation ni qualification). Nombre d’associations de jeunesse et de syndicats espéraient une mesure universelle pour le million de jeunes en difficulté dans notre pays quel que soit leur situation dans ce contexte de suite (ou de reprise) de la pandémie. L’accouchement du dispositif s’est accompagné de tergiversations de la part du gouvernement, de bras de fer ministériels, de changement de dénomination, on est passé du revenu au contrat et seuls 400 000 jeunes seront concernés en 2022. Le contrat présenté s’inscrit dans la lignée du plan « 1 jeune, 1 solution » mis en place en juillet 2020. Il ressemble à la Garantie Jeunes. Il consiste en un accompagnement profondément renouvelé, une mesure financière d’accompagnement et en échange un engagement du jeune, son assiduité et sa motivation.

Quelle mise en œuvre ?

Le Contrat d’Engagement Jeunes entrera en vigueur progressivement à compter de janvier 2022 sous une forme de préfiguration puis complètement à partir de mars 2022. Le temps nécessaire pour recruter les 1 000 postes nécessaires dans les missions locales et les 900 à Pôle emploi. Un référent unique tout au long du parcours du jeune sera désigné. Il interviendra y compris quand le jeune suivra un programme extérieur à la mission locale ou à Pôle emploi. Une application sera mise en œuvre pour faciliter les échanges avec son référent et le suivi de son parcours.

Qui est concerné ?

Tous les jeunes de moins de 26 ans sans formation ni emploi depuis plusieurs mois. Le gouvernement les chiffre à 500 000. Globalement, il s’agit de jeunes peu ou pas qualifiés qui ont souvent connu des parcours de vie heurtés, des décrochages du système scolaire et ne sont pas en formation. Bien souvent, ces jeunes manquent de réseaux pour être introduits ou guidés, voire ignorent leurs droits et les démarches pour chercher un emploi.

Quelle organisation concrète ?

Le Contrat d’Engagement Jeune s’appuie sur la mobilisation des entreprises pour favoriser la découverte des métiers et des collectifs de travail. Il est organisé sous la forme de l’alternance. Les jeunes percevront jusqu’à 500 € par mois sous condition de revenus, d’assiduité et d’acceptation des offres d’activité faites. La mise en activité s’étalera pendant une période pouvant aller jusqu’à 12 mois (et jusqu’à 18 mois sous conditions).
Ils pourront en particulier bénéficier de 15 à 20 heures d’accompagnement par semaine pour découvrir un métier, se former, trouver un apprentissage ou un emploi, sous la forme du sur-mesure.

Quelques exemples possibles

  • Des préparations pour entrer en formation.
  • Une formation qualifiante ou pré-qualifiante.
  • Une mission d’utilité sociale par exemple le service civique.
  • Des mises en situation en emploi : sous forme de stages ou d’immersion en entreprise, un atelier CV.
  • Une alternance, contrat d’apprentissage ou de professionnalisation.

Pourquoi ce revirement du gouvernement ?

Paradoxalement, une des explications est le succès du plan « 1 jeune, 1 solution », qui a été mis en place en juillet 2020. Il a ainsi permis à plus de 3 millions de jeunes de trouver un emploi, un parcours d’insertion ou une formation. Conséquence, le chômage des jeunes a légèrement reculé par rapport à son score avant la crise. Une situation fondamentalement différente de la précédente crise de 2008-2009 où le chômage des jeunes avait augmenté de +31 %.

Deuxième explication, le rebond de l’économie ce printemps et cet été (3 % de croissance au 3ème trimestre) qui s’est accompagné d’une entrée de jeunes plus rapide dans l’emploi. Près de 1,9 million d’entre eux ont été embauchés en CDD de plus d’1 mois ou en CDI entre mai et septembre 2021, soit une hausse de 17 % par rapport à 2019. Avec, en prime, des tensions pour certains métiers ou des difficultés de recrutement dans certains secteurs largement médiatisés par les responsables patronaux et instrumentalisés par certains politiques.

Ainsi, il ne faut pas nier que le climat de la pré-campagne présidentielle ramène le débat sur l’assistanat ou l’idée fantasmée que les chômeurs préfèrent le chômage au travail. Un arrière-plan délétère pour une mesure universelle.

Les questions qui restent à traiter

Ce dispositif pallie les défaillances du système scolaire d’où près de 100 000 jeunes sortent chaque année sans aucune qualification. C’est là d’abord que se situe le chantier prioritaire. Ensuite, si l’alternance bénéficie aujourd’hui de l’attention et des financements du gouvernement, cela n’a pas toujours été le cas et son image n’est pas toujours à la hauteur des enjeux d’intégration de tous dans l’emploi.
Voilà des questions intéressantes pour une campagne présidentielle !


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