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Formation et taux d’emploi des séniors

mercredi 27 juillet 2022

En France, les taux d’emploi des séniors sont inférieurs à ceux de nombreux pays européens. Pourtant, en France, depuis 10 ans, le taux d’emploi des 55 à 64 ans a nettement progressé (de 38 % en 2008 à près de 56 % en 2021). La réforme de 2010 sur le recul de l’âge de départ à la retraite a fait augmenter de 16 points de pourcentage la probabilité d’être en emploi pour un sénior.

Pour l’année 2021, sont en emploi 75,1 % des 55-59 ans, 35,5 % des 60-64 ans, 8,6 % des 65-69 ans. La situation des travailleurs âgés (55-64 ans) sur le marché du travail varie fortement au sein de l’Union européenne. En France, le taux d’emploi des séniors n’atteint pas la moyenne européenne :

  • Pour France Stratégie, les stéréotypes et préjugés selon lesquels les travailleurs vieillissants seraient moins productifs, réfractaires aux changements, plus difficiles à former ont un impact négatif pour leur engagement sur le marché du travail.
  • Ce faible taux d’activité des séniors entraîne des répercussions sur l’État : perte d’opportunité de croissance, déficit accru des régimes de retraite, accroissement des coûts du chômage, de la santé, de la dépendance.
  • Les entreprises subissent une perte de savoir-faire et de l’expérience des séniors.
  • Le citoyen craint un risque de précarisation lié à la perte de revenu alors que son espérance de vie augmente.
  • Les séniors qui se maintiennent en activité se sentent plus intégrés dans la société et ils sont en meilleure santé que ceux qui, aux mêmes âges, sont déjà partis à la retraite.

L’accès à la formation décroît avec l’âge : les plus de 50 ans se forment moins que leurs cadets, leur taux d’accès fléchit nettement après 55 ans :

  • Ils sont en moyenne plutôt bien informés de l’existence des différents dispositifs de formation professionnelle auxquels ils peuvent prétendre (83 %).
  • Les séniors sont peu demandeurs de formation : les trois quarts des salariés âgés de 55 ans déclarent ne pas souhaiter suivre une formation.
  • Les difficultés personnelles ne sont citées comme raison principale de l’absence de recours à la formation que par moins de 8 % d’entre eux.
  • Plus du tiers des séniors mettent en avant le refus ou l’absence de soutien de leur employeur.

Dans un contexte de vieillissement de la population, le maintien en emploi est devenu un des objectifs prioritaires des politiques publiques européennes. Parce qu’elle permet d’adapter les compétences des travailleurs en deuxième partie de carrière aux savoirs et savoir-faire requis sur le marché du travail, la formation des salariés séniors est un outil essentiel. En France métropolitaine 61 % des salariés en 2012 avaient suivi au moins une formation, diplômante ou non, au cours de l’année écoulée :

  • Le recours à la formation ne concerne pas tous les salariés avec la même intensité. En plus de l’âge, les caractéristiques des salariés (diplôme, catégorie socioprofessionnelle…) ou des employeurs (taille, secteur d’activité) sont des facteurs fondamentaux qui déterminent l’accès à la formation.
  • 50 % des salariés âgés de 50 ans ou plus ont participé à une formation non diplômante pour raisons professionnelles ou diplômantes (62 % des moins de 50 ans).
  • 1 % des séniors ont accédé à une formation diplômante dans les 12 derniers mois (4 % pour les salariés de 30 à 44 ans).
  • Le fonctionnement et l’organisation des entreprises, les obstacles financiers, l’intérêt des individus pour la formation expliquent ces inégalités d’accès.
  • Les salariés sont encore considérés comme « âgés » par les employeurs bien avant l’âge de la retraite.

Un accès à la formation qui décroît dès 35 ans pour les ouvriers et les employés. Pour les cadres le taux d’accès à la formation chute brutalement après 55 ans (-14 points) comme chez les professions intermédiaires. Quel que soit l’âge des salariés, les catégories les mieux formées et les plus diplômées ont toujours des taux d’accès à la formation nettement supérieurs :

  • Près des trois quarts des cadres âgés de 50 à 54 ans ont accédé à une formation professionnelle contre moins d’un tiers pour les ouvriers du même âge.
  • Être une femme ou travailler à temps partiel joue défavorablement.
  • L’ancienneté dans l’emploi actuel n’a pas d’effet significatif.

Un environnement innovant favorable à la formation des séniors. L’intensité des changements technologiques et organisationnels tend à accroître le rythme d’obsolescence des compétences et demande une capacité accrue d’adaptation des salariés. La mise en place de nouveaux logiciels ou matériels informatiques ou d’autres équipements techniques de production ou encore la mise en place d’une nouvelle organisation du travail augmente le recours à la formation. Même si la formation des séniors est inférieure à leurs cadets, ces changements profitent aux séniors, sauf dans les cas où les entreprises innovantes anticipent les changements technologiques et organisationnels en se séparant de leurs salariés séniors, jugés moins susceptibles de s’adapter.

Au-delà du secteur d’activité et de la taille de l’entreprise, l’effort de formation pour les plus de 50 ans est lié aux politiques de ressources humaines de chaque entreprise. Plusieurs lois ont mis en place des dispositifs visant à renforcer l’employabilité et sécuriser les parcours professionnels des séniors : entretiens de deuxième partie de carrière et accès renforcé des séniors aux différents outils de formation professionnelle (droit individuel à la formation-DIF, validation des acquis de l’expérience-VAE, bilans de compétences, compte personnel de formation-CPF, conseil en évolution professionnelle-CEP…

  • Les écarts sont importants, presque tous les cadres ont entendu parler d’au moins un dispositif, mais ce n’est le cas que de 6 ouvriers sur 10.
  • Le dispositif le plus ancien, le bilan de compétences, est le plus connu chez les séniors (66 %).

Des caractéristiques communes aux formations professionnelles suivies par les séniors et leurs cadets : tous les salariés n’ont pas accès au même type de formation professionnelle. Les conditions d’apprentissage, la durée et les coûts de la formation jouent sur l’investissement consenti tant par les salariés que par leurs employeurs. Certaines formations ne diffèrent pas selon l’âge entre 30 et 64 ans : les cours, les stages, les formations en groupe :

  • Pour les plus âgés, comme pour les plus jeunes, près de 75 % des formations ont été suivies à la demande de l’employeur, le quart restant à l’initiative de l’enquêté ou d’une autre personne.
  • Quel que soit l’âge, la quasi-totalité des formations professionnelles suivies par les salariés se déroulent entièrement sur leur temps de travail. Il est rare que les salariés engagent des frais personnels pour l’inscription.
  • Quel que soit l’âge, 90 % des formations professionnelles ont donné satisfaction et les connaissances ou compétences acquises seront utilisées (plus de 8 formations sur 10).

Plus on avance en âge et moins les salariés expriment des souhaits de formation non aboutis. Les séniors mettent plus en avant le refus ou l’absence d’aide de leur employeur. C’est chez les ouvriers/employés que l’écart entre les catégories d’âge est le plus important. Certaines difficultés personnelles du salarié (prérequis, âge, santé) ne sont en revanche citées comme raisons principales que par moins de 7 % des salariés séniors. Les employeurs sauront-ils former les séniors aux métiers du futur ?


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