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Le CPF (compte personnel de formation) en 2020

mercredi 17 novembre 2021

Au moment où les partenaires sociaux, dans leur récent accord-cadre sur la formation professionnelle [1] , mettent comme un de leurs 7 axes de travail paritaire les évolutions nécessaires du CPF « Professionnaliser l’utilisation du CPF et valoriser les nouvelles modalités de parcours », il n’est pas inutile de faire l’état des lieux de ce dispositif avant ces évolutions voulues. Or justement la Dares vient de publier le bilan du CPF en 2020 et de la hausse exceptionnelle de son utilisation pendant cette année, à 984 000 formations suivies, soit un quasi doublement en un an (517 000 en 2019).

Petit rappel

Le CPF a été créé par l’accord des partenaires sociaux de décembre 2013, repris par la loi du 27 février 2014 pour une mise en œuvre au 1er janvier 2015 [2] . Il a été ensuite modifié par la loi Avenir professionnel du 5 septembre 2018 [3], passé d’un compte en heures à un compte en € et organisé comme un accès individuel direct grâce au numérique : l’application « mon compte formation » (https://www.moncompteformation.gouv.fr/espace-prive/html/#/ ) est opérationnelle depuis le 25 novembre 2019 et permet un achat direct d’une formation par tout possesseur d’un CPF.

Qui utilise son CPF ?

En 2020, 10,5 % des personnes s’étant formées sont passées par un CPF (4,8 % en 2019). Cette augmentation se voit notamment par :

  • L’essor du nombre de femmes qui représentent en 2020 la moitié des CPF ;
  • La part doublée des moins de 30 ans ;
  • Le triplement des 60 ans et plus ;
  • Plus du doublement (+106 %) des demandeurs d’emploi, qui représentent 36 % des CPF de l’année alors qu’ils l’avaient peu utilisé en 2019 ;
  • Une forte progression des CPF pour les non-cadres :
    • +53 % pour les employés,
    • +73 % pour les ouvriers,
    • +87 % pour les professions intermédiaires ;
  • Alors que :
    • le nombre de cadres ayant fait un CPF en 2020 n’a progressé que de 24 %, faisant baisser leur part parmi les entrants à 12 % (-6 points),
    • les + de 49 ans mobilisent moins leur CPF et n’en représentent que 18 % alors qu’ils correspondent à 32 % de la population active,
    • et que les non-salariés ont encore peu mobilisé leurs possibilités de CPF.

Les formations suivies

En fait, les demandes se polarisent sur une dizaine de formations.

  • En premier, ce sont les formations dites « Transport, manutention, magasinage » avec plus d’1/4 des CPF (25,9 %), dont 1 sur 2 de permis B (12,8 %) et 6,1 % de certificats de conduite d’engins de manutention ou de chantier (CACES), commandées surtout par les ouvriers et les demandeurs d’emploi.
  • Suivent les formations en langues et civilisations étrangères, 17 % des CPF, même si leur poids baisse, demandées surtout par les cadres et les professions intermédiaires.
  • Le 3ème groupe est constitué par les formations en orientation et réinsertion, à 15,2 % des CPF, dont beaucoup de formations pour créer ou reprendre une entreprise, demandées par les non-salariés, les agriculteurs ou les professions intermédiaires.
  • Ensuite arrivent les formations en informatique et traitement de l’information, à 10,3 %, en progression.
  • Au contraire, la préparation du Cléa [4] , fortement utilisée les premières années car proposée aux demandeurs d’emploi non qualifiés, est peu choisie directement sur l’application numérique.

La caractéristique de ces formations par le CPF est qu’elles ont beaucoup diminué en durée. Alors que la durée moyenne en 2016 était de 296 heures, la moyenne n’est plus que de 67 heures en 2020, dont la moitié faisant moins de 20 heures. Le passage à l’achat direct par l’application numérique favorise les commandes de certifications d’exercice professionnel précises et courtes, alors que la moitié des formations commandées hors application dépasse les 140 heures. La question se pose alors, même s’il y a une obligation de certification, sur le caractère réellement qualifiant de ces formations. En quoi constituent-elles ou participent-elles à un parcours professionnel ?
Sans oublier les multiples spams actuels de messagerie ou de téléphone dont le but est de nous faire consommer notre CPF au bénéfice de tel ou tel organisme de formation.

Où sont les demandeurs de CPF ?

Les départements qui contiennent une métropole sont des départements où le nombre de CPF est important. En termes de régions se distinguent l’Île-de-France et le quart sud-est de la France ; le sud-ouest est aussi bien actif.


Au total, il est intéressant que l’appétence pour la formation se renforce, au moment où le besoin de compétences est si grand, même si l’ampleur des entrées en formation pose un problème financier à France compétences. Et le phénomène d’augmentation s’accélère en 2021.

Toutefois, il n’est pas évident que les formations les plus demandées s’inscrivent bien dans le saut qualitatif de compétences et qualifications nécessaire à notre économie et à notre société. On sait aussi qu’il y a quelques glissements de ce qui devrait faire partie du plan de développement des compétences des entreprises vers le CPF des salariés…

À partir de cet état des lieux, il sera intéressant que l’essor de la demande de formation CPF s’inscrive dans un processus d’amélioration de sa qualité et de développement des compétences et qualifications en lien avec les parcours professionnels et les nouveaux emplois des secteurs d’avenir. De même que clarifier ce qui doit faire partie du plan de développement des compétences que doivent assurer les entreprises, de ce qui est une volonté individuelle, ou de ce qui peut relever d’une co-construction.


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