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Les clés du social : Les dépenses de santé pour les ménages, reflet des inégalités

Les dépenses de santé pour les ménages, reflet des inégalités

Publié le 18 octobre 2025 / Temps de lecture estimé : 3 mn

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) vient de publier en août dernier une étude qui décrit l’effort supporté par les ménages pour le financement des dépenses de santé, en fonction de leur niveau de vie, de leur statut socioprofessionnel et de leur âge. Au travers du regroupement de données, l’étude permet d’étudier au niveau individuel le partage de la dépense entre l’assurance maladie obligatoire, l’organisme de complémentaire santé et la personne.

Il en ressort que le coût total des frais de santé pris en charge annuellement par un ménage s’élève environ à 6 800 euros par an. Ainsi les dépenses de santé représentent en moyenne 15 % du revenu des ménages, en cumulant leurs restes à charge, les primes d’assurance versées aux complémentaires santé (couramment appelées mutuelles), mais aussi les cotisations sociales et taxes finançant l’assurance maladie obligatoire.
Le montant s’élève à environ 6 800 euros par an, contre 4 400 euros dédiés à l’alimentation en 2017 à titre de comparaison. L’assurance maladie obligatoire, prenant en charge la majorité des remboursements, perçoit l’essentiel des financements via les cotisations sociales maladie, la contribution sociale généralisée (CSG) et les taxes sur la consommation (TVA, etc.), qui représentent ensemble 11 % du revenu des ménages. S’y ajoutent les primes d’assurance versées aux complémentaires santé et les restes à charge (respectivement 3 % et 1 % de ce même revenu).

Pour 10 % des ménages, la santé représente près d’un quart du revenu. Le poids de la santé dans les revenus varie sensiblement selon les ménages : 7 % pour les 10 % de ménages pour lesquels elle pèse le moins dans le revenu, 23 % pour les 10 % de ménages pour lesquels elle pèse le plus, et même 34 % pour 1 % des ménages.

Parmi les 10 % de ménages pour lesquels la santé pèse le plus dans le revenu, une majorité d’actifs en emploi avec un niveau de vie médian ou aisé. Les actifs en emploi sont surreprésentés parmi les 10 % de ménages pour lesquels la santé a le poids le plus élevé : ils constituent les trois quarts de ces ménages. C’est le financement de l’assurance maladie obligatoire qui pèse le plus dans leur revenu. Les salariés et indépendants contribuent davantage au financement de l’assurance maladie obligatoire que les autres ménages, du fait de l’importance des cotisations maladie retenues sur les revenus d’activité, qui s’ajoutent à la CSG et aux taxes sur la consommation. Ces actifs ont souvent un niveau de vie médian ou aisé, car les taux de cotisation sont plus élevés sur les hauts salaires.

Une surreprésentation des personnes modestes parmi le 1 % de ménages qui contribuent le plus, relativement à leurs revenus. Un poids extrême de la santé dans le revenu est supporté par des ménages souvent modestes, parfois retraités, et souffrant plus fréquemment d’une affection de longue durée. Parmi le 1 % de ménages pour lesquels la santé pèse le plus dans le revenu, les trois quarts sont en effet modestes. Ces ménages sont en général confrontés à des dépenses de santé élevées mal couvertes, notamment en dentaire, ou ont des revenus faibles dans lesquels les primes et restes à charge prennent un poids important.

L’étude conclut sur le fait que les travailleurs modestes fournissent un effort supérieur aux retraités aisés en proportion de leurs ressources. Les retraités très aisés ne consacrent que 11 % de leur revenu à la santé. C’est moins que les actifs en emploi avec un niveau de vie équivalent (18 %) du fait des cotisations sociales maladie retenues sur les revenus d’activité. Pour les ménages très modestes, les taux d’effort sont plus proches des actifs en emploi et les retraités (respectivement 15 % et 14 %).
Au total, alors que le poids de la santé dans le revenu augmente en moyenne avec le niveau de vie pour les actifs en emploi, il diminue pour les retraités.

En conclusion

Au moment où nous nous apprêtons à commémorer les 80 ans de la création de la Sécurité sociale, cette étude interroge la mise en œuvre des principes d’équité de la Sécurité sociale, souvent résumés sous la formule « De chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins » . Ainsi, bien que le reste à charge par habitant en France soit de 290 euros contre 470 euros en moyenne dans l’UE-27 (exprimé en pouvoir d’achat), force est de constater qu’aujourd’hui le taux d’effort est plus progressif chez les actifs, plus faible chez les retraités aisés et très élevé pour certains ménages modestes.


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