Santé publique France a estimé, dans une étude du 29/01/2025, l’impact de l’exposition à la pollution de l’air ambiant sur la survenue de maladies chroniques, en France hexagonale et en région. Jusqu’à 100 000 personnes pourraient développer des maladies chroniques, pour un coût de plusieurs milliards d’euros (cancer du poumon, asthme, AVC, diabète).
La limitation des activités pendant le confinement au printemps 2020 a entraîné une réduction de l’exposition de la population française qui a permis d’éviter de juin 2019 à juillet 2020 environ :
- 2 300 décès en lien avec les PM2.5 (les particules fines) sur 40 000 décès annuels. Elles proviennent du chauffage au bois, du trafic routier.
- Et 1 200 décès en lien avec le NO2 (oxyde d’azote) sur 7 000 décès annuels. Il est produit par des véhicules diesel ou à essence, expulsé par les pots d’échappement.
- L’étude estime entre 12 et 20 % des nouveaux cas de maladies respiratoires chez l’enfant, soit entre 7 000 et presque 40 000 cas selon la maladie et le polluant considéré et entre 5 et 13 % des nouveaux cas de maladies respiratoires, cardiovasculaires ou métaboliques chez l’adulte, soit entre 4 000 et 78 000 cas, sont attribuables, annuellement à une exposition à long terme, à la pollution de l’air ambiant en lien avec les activités humaines. La réduction des ces concentrations à des niveaux équivalents aux valeurs guides de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) permettrait d’éviter une grande partie de ces cas.
L’étude confirme un poids économique majeur de la pollution, chiffré à plus de 16 milliards d’euros par an. Cela représente 199 euros par personne et par an et 12,9 milliards d’euros pour les particules fines (très nocives pour les voies respiratoires). Le gaz NO2 représente quant à lui un coût de 3,8 milliards d’euros par an :
- L’étude a calculé le coût de l’intégralité des soins à partir du déclenchement de la maladie (médicament, hospitalisation, rééducation),
- De la perte de productivité liée au travail,
- De la perte de qualité de vie de l’individu.
La réduction de la pollution permet d’économiser plus de 6 milliards d’euros par an et d’éviter plus de 45 000 nouveaux cas annuels. C’est particulièrement vrai en ville où la facture s’élève à 3 milliards d’euros à cause de la forte concentration de N02 liée au trafic routier. Si on revenait au modèle OMS la facture se réduirait de 11,3 milliards d’euros.
Selon les derniers chiffres publiés par le ministère de l’Écologie, la pollution de l’air continue de baisser en France. Ce succès a été permis par la règlementation rendant obligatoire la désulfuration des carburants et par la chute du charbon en France. Cela concerne principalement le dioxyde de soufre (SO2) et le dioxyde d’azote (N02). En 2023 :
- Pour le S02, 1,7 microgramme par mètre cube (µg/m3). À proximité d’industries, les particules atteignent 2µg/m3, bien en dessous de l’objectif de qualité national et de la recommandation de l’OMS.
- Pour le dioxyde d’azote (NO2), il s’élève à 13µg/m3 en fond urbain et 24 µg/m3 à proximité du trafic urbain, deux fois moins qu’en 2 000. La situation s’améliore grâce aux améliorations techniques des moteurs et des chaudières. Nocif pour la santé respiratoire, il peut être émis par de multiples sources : la combustion de carburants ou la transformation du monoxyde d’azote au contact de l’air. En dessous de l’objectif de qualité national mais supérieur à la recommandation de l’OMS, qui a été abaissée en 2021.
- La part des stations de mesure pour lesquelles les normes règlementaires ne sont pas respectées baisse à 1,4 % en 2023. Ces stations sont concentrées dans les agglomérations de Paris et Lyon.
- C’est la même chose pour ce qui concerne les particules fines. Elles voient leur concentration baisser de manière continue. L’objectif de qualité national est respecté mais pas les recommandations de l’OMS pour les PM2,5.
- Un seul des principaux polluants surveillés voit ses concentrations moyennes annuelles augmenter entre 2000 et 2023 : l’ozone (O3). Toxique à basse altitude, il est issu de la transformation d’autres polluants sous l’effet de la chaleur et du rayonnement solaire. Le réchauffement climatique favorise son apparition (canicule).
Selon Santé publique France, les PM2,5 et le NO2 sont à l’origine d’environ 50 000 décès prématurés dans l’hexagone. Ce bilan a été divisé par deux depuis 2005, c’est la même chose en moyenne européenne.
Une volonté européenne : atteindre l’objectif du « Plan d’action mondial pour la lutte contre les maladies non transmissibles de l’OMS », à savoir une réduction d’un tiers du risque de décéder d’une maladie chronique à l’horizon 2030.
« Le pacte vert pour l’Europe » de la Commission européenne s’est engagé à améliorer davantage la qualité de l’air et à aligner plus étroitement les normes de l’Union européenne sur les recommandations de l’OMS. Dans son plan d’action « zéro pollution », la Commission européenne s’engage à réduire, d’ici à 2030, l’incidence de la pollution atmosphérique sur la santé de plus de 55 %.

Références