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Renouveau du syndicalisme : défis et perspectives

mercredi 28 juillet 2021

Un livre de Michèle Millot et Jean-Pol Roulleau. Éditions Le Passeur. Janvier 2021

Ce n’est pas le premier livre de ces auteurs sur le syndicalisme (« Le syndicalisme autrement », 2008) et beaucoup de leurs travaux sont centrés sur les relations sociales. Renouveau du syndicalisme : défis et perspectives s’articule autour de l’analyse que le monde change, les entreprises, comme les salariés et la société se transforment et que donc le syndicalisme doit lui aussi évoluer profondément pour avoir un avenir et continuer d’agir pour protéger les salariés, pour améliorer leur sort, la justice sociale et la solidarité.

Moins d’industrie et plus d’activités tertiaires, des salariés dont on attend implication et compétences et qui souhaitent autonomie, responsabilité et reconnaissance, mais aussi nombre d’emplois tertiaires de mauvaise qualité, souvent isolés. Aussi, pour être utile et efficace, il ne s’agit plus seulement de grève ou de revendication d’une augmentation salariale. Comment intervenir syndicalement dans un contexte aussi différent de celui dans lequel le syndicalisme s’est construit ? Les auteurs caractérisent ces mutations en 12 défis.

12 défis pour le syndicalisme

 Être partie prenante de l’entreprise
 Être acteur dans la gestion de l’entreprise
 S’engager pour trouver un repreneur
 Le bien-être au travail, piège ou voie d’avenir ?
 Le défi de l’éloignement des centres de décision
 Le défi : responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise
 Le défi du numérique
 Vers un syndicalisme de services
 Indépendants ? Vraiment ? Syndiquer des non-salariés
 Le défi jeunes
 Engagement et/ou carrière ?
 Avec qui changer le monde ?



Quels rôles pour le syndicalisme au XXIème siècle ?

La question centrale devient : pour chacun de ces défis, jusqu’où le syndicalisme peut-il, doit-il, choisit-il d’aller vis-à-vis de l’entreprise ? Cette question traverse la prise en compte syndicale de ces défis par rapport à l’entreprise : jusqu’où être « partie prenante » dans l’entreprise, quelle responsabilité prendre à sa pérennité et à son développement, tout en se situant toujours comme représentants et défenseurs des salariés ?

Un exemple : doit-il aller jusqu’à participer à la recherche d’un repreneur dans une entreprise en difficulté qui risque, sinon, de disparaître ?
Ou encore : comment et jusqu’où s’impliquer sur les questions économiques de performance de leur entreprise, comme facteur décisif au maintien et à l’essor des emplois dans leur entreprise ?
Mais aussi comment faire progresser le droit des salariés à la parole et à l’intervention sur leur travail, malgré les réticences de beaucoup d’employeurs ?
Car beaucoup d’employeurs sont loin de considérer les salariés comme parties prenantes, au nom de leur conception hiérarchique traditionnelle et n’acceptent pas d’envisager de tels positionnements.
Mais aussi une partie des questions qui se posent dans les entreprises dépassent leur cadre strict et abordent de plus en plus la question de leur responsabilité dans leur environnement naturel et humain. Le syndicalisme n’est plus dans ce cas l’interlocuteur unique. D’où les liaisons nouvelles qui se créent entre syndicats et associations, tel le Pacte du pouvoir de vivre, qui a comme force de rassembler tous les acteurs et de relier des facettes jusque-là séparées entre le monde des entreprises et la société et l’environnement dans cette période de nécessité de la transition écologique.

Tous ces nouveaux défis, et les nouveaux rôles qu’ils sous-tendent, supposent beaucoup de réflexions nouvelles, mais aussi de formation et de nouvelles compétences, dont celle du numérique pour de nouvelles formes de communication avec les salariés. Ceci pour être reconnus des directions, y compris celles qui sont très loin, reconnus des jeunes salariés et pour s’adresser aux nouveaux indépendants, travailleurs des plateformes. Et pour faire reconnaître à la fin des responsabilités syndicales et des mandats, les compétences acquises dans ces activités syndicales et de représentation.

Pour chacun de ces défis, ils citent de nombreux exemples. Ils ont pour cela rencontré des militants et lu et dépouillé toute la presse syndicale sur nombre d’années. Sans être des modèles, ces exemples d’initiatives aident à réfléchir comment peut se poser la question, comment ces initiatives l’ont résolue, tout en les lisant en fonction des choix de valeurs et de modes d’action de son syndicalisme, car tous les syndicats ne sont pas identiques sur ces évolutions.

En somme, un livre pour réfléchir à l’avenir du syndicalisme, un livre qui apporte de nombreux exemples concrets sur la façon dont des militants s’y sont pris pour affronter ces défis. Mais c’est aussi un livre d’espoir, que renforce la deuxième partie du livre intitulée « Les pionniers du renouveau syndical », nourrie d’exemples de pratiques innovantes qui permettent un renouveau syndical, due à des militants « à la fois combatifs et constructifs ». Pour les auteurs, si le syndicalisme accepte de redéfinir ses modes d’action et ses façons d’agir, il fera montre à nouveau d’une utilité et d’une efficacité face aux mutations que nous vivons, et c’est ainsi que le syndicalisme trouvera un nouvel avenir.

En cette période moins bousculée de l’été, c’est un bon moment pour le lire.