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Service civique : quelles perspectives en termes d’insertion dans l’emploi ?

samedi 7 janvier 2017

Depuis la suspension du service militaire en 1994, de nombreux responsables politiques ou des citoyens regrettent la disparition de ce qui était considéré comme un creuset de notre citoyenneté. Créé par une loi du 10 mars 2010, le service civique propose aux jeunes âgés de 16 à 25 ans, filles et garçons, français ou résidents, de répondre en partie à ce besoin tout en les mobilisant, plus généralement, pour des missions d’intérêt général. C’est un engagement solidaire. Le service civique a déjà concerné 100 000 jeunes. Alors que le conseil économique, social et environnemental doit rendre un rapport sur cette question au premier semestre 2017, quel est son bilan et quelles sont les perspectives en termes d’insertion dans l’emploi pour les bénéficiaires ?

Ce qu’est le service civique

  • un engagement volontaire d’une durée de 6 à 12 mois pour l’accomplissement d’une mission d’intérêt général dans un des neuf domaines d’interventions reconnus prioritaires pour la Nation : solidarité, santé, éducation pour tous, culture et loisirs, sport, environnement, mémoire et citoyenneté, développement international et action humanitaire, intervention d’urgence ;
  • donnant lieu au versement d’une indemnité prise en charge par l’État, et d’un soutien complémentaire, en nature ou argent, pris en charge par l’organisme d’accueil ;
  • ouvrant droit à un régime complet de protection sociale financé par l’État ;
  • pouvant être effectué auprès d’organismes à but non lucratif ou de personnes morales de droit public, en France ou à l’étranger.

Il permet par ailleurs aux jeunes de gagner confiance en eux, d’acquérir des compétences et de prendre le temps de réfléchir à leur propre avenir, tant citoyen que professionnel. Il leur permet aussi de prendre conscience de la diversité de notre société en côtoyant des volontaires, des professionnels, des bénévoles, des citoyens, issus de toutes origines sociales et culturelles.

De plus en plus de demandes et d’organismes d’accueil

Alors que la généralisation du dispositif est en cours après les annonces du Président de la République, début 2016, les chiffres confirment l’attirance des jeunes pour le service civique. Le magazine Liaisons sociales de novembre 2016 estime que le ratio est d’une mission pour 4 demandes. L’offre en lien avec la généralisation va augmenter et le magazine écrit que 350 000 jeunes auront accompli une mission d’ici à 2020. En effet, les organismes habilités sont de plus en plus nombreux : plus de 6 300 contre 700 à la création du dispositif et beaucoup expriment leur satisfaction quant à l’apport de ces volontaires vis-à-vis du public qu’ils accueillent et des missions qui leur sont confiées.

Une nouvelle voie d’entrée dans le marché du travail ?

En 2015, la majorité des bénéficiaires se déclaraient chômeurs ou en inactivité. On comprend dès lors que la ligne « service civique » sur un CV est perçue positivement par les entreprises ou les administrations. C’est ce qu’indiquent de nombreux témoignages. Un sondage TNS -Sofres de 2014 indiquait que 75 % des anciens volontaires se trouvaient en emploi ou en formation, six mois après la fin de leur mission de service civique.

Quelques difficultés apparaissent

Par contre au cours de l’exercice même du service civique, la Cour des Comptes, en 2014, avait pointé le risque de confusion entre mission et « vrai emploi ». Et pour certaines organisations de jeunesse, le risque de substitution à l’emploi existe. Autre problème, le manque d’intérêt de la mission et là il s’agit davantage d’un manque de préparation et d’innovation de l’organisme d’accueil. Enfin, il faut aussi pointer la difficulté plus grande d’intégrer les jeunes les moins qualifiés. Certains organismes connaissent en la matière des réussites indéniables comme l’Assistance publique-hôpitaux de Paris qui, par le biais d’un formulaire de recrutement fondé sur la motivation accueille 30 % de volontaires n’ayant pas le baccalauréat.

La nécessité d’une évaluation

Tant sur la manière dont le service civique est vécu et conduit que sur son impact sur l’insertion des jeunes dans l’emploi, une évaluation est nécessaire. C’est ce que mène actuellement le Conseil économique, social et environnemental (CESE). En auditionnant des représentants de toutes les parties prenantes actuelles ou potentielles, l’étude analysera les forces et richesses de ce dispositif, mais aussi ses faiblesses et défis, qui nécessiteront d’être pris en compte dans l’optique de sa généralisation. Elle s’interrogera notamment sur : les publics touchés, les territoires concernés, la qualité des missions, l’impact sociétal, etc. L’achèvement des travaux est prévu pour le premier semestre 2017 et nous en rendrons compte.

69 % des Français, dont 57 % des jeunes de 18 à 34 ans, sont favorables à ce que le service civique devienne obligatoire, selon un sondage OpinionWay/ Metronews publié en mars 2016.


Sources