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Syndicats : le point des bilatérales avec le Premier ministre début février 2021

samedi 27 février 2021

Dans le cadre de ses consultations régulières avec les partenaires sociaux et en vue de la préparation du sommet social prévu en mars 2021, Jean Castex a rencontré les organisations syndicales représentatives au plan national et Laurent Escure (UNSA) fin janvier et début février 2021. L’occasion pour elles de faire part de leurs inquiétudes et revendications dans cette période particulière. Au menu, bien sûr, la crise du Covid et les réponses à y apporter à court terme et à plus longue échéance. Mais aussi, les dossiers économiques et sociaux lourds du moment comme le plan de relance, l’assurance chômage, les retraites et plus généralement le dialogue social.

La CFDT : priorité à l’emploi et aux mesures d’urgence pour les plus fragiles

Au-delà des appréciations sur la question sanitaire et le climat lourd de la période, la CFDT a insisté sur les questions de pouvoir d’achat liées notamment à la perte de revenu que connaissent les salariés en chômage partiel depuis de long mois. L’emploi est aussi au centre des préoccupations notamment dans les entreprises qui annoncent des PSE.

Pour la CFDT, les mesures d’urgence doivent bien sûr être prolongées et des actions doivent être mises en œuvre en direction des populations les plus fragiles en aidant les associations d’aide alimentaire ou encore en distribuant un chèque relance aux ménages pauvres et moyens. Mais il faut faire preuve d’innovation pour imaginer des dispositifs qui permettront d’accompagner la sortie de crise en termes d’emploi. Pour ce faire, la CFDT a proposé de mettre en place dès maintenant une mission prospective tripartite.

Par ailleurs, la CFDT a exprimé sa satisfaction sur le dispositif de garantie jeunes. Elle souhaite la mise en œuvre rapide des transitions collectives. Elle s’impatiente sur l’avancée des discussions sur le partage de la valeur ajoutée et sur les réponses à apporter aux salariés de deuxième ligne. Dossier sur lequel doit s’engager le patronat.

Exprimant toujours son désaccord sur les objectifs de la réforme de l’assurance chômage, la CFDT a souhaité que la concertation actuelle permette l’évaluation des impacts de la réforme. « Une réforme que le gouvernement aura beaucoup de mal à justifier dans la période ! » a déclaré Laurent berger.

Enfin, la CFDT a insisté sur la question du dialogue social et le bilan pour le moins mitigé de la réforme des institutions représentatives du personnel. Deux propositions : amélioration de la représentation de proximité ; participation des suppléants aux réunions du CSE.

CFE-CGC : pour l’APLD, contre la réforme de l’assurance chômage !

François Hommeril, président de la CFE-CGC, a soutenu l’APLD. C’est « un dispositif efficace » qu’il faut développer et qui permet le maintien des salariés en entreprise. C’est aussi un révélateur de la qualité du dialogue social en entreprise.

La CFE-CGC a aussi demandé la conditionnalité des aides pour le plan de relance « c’est-à-dire avec une traçabilité de l’argent public injecté dans les entreprises ».

En matière de dialogue social, François Hommeril a souligné le rôle fondamental des représentants du personnel en première ligne durant la crise, rappelant les nombreuses mesures nocives prises par les anciens gouvernements quant à l’exercice de leur mandat.

Enfin, la CFE-CGC a rappelé son opposition à la réforme de l’assurance chômage et notamment la dégressivité des indemnités pour les cadres, jugée « scandaleuse » par son président.

CFTC : pour le plan de relance !

Pour la CFTC la priorité c’est l’emploi, notamment avec le plan de relance. « Pour penser et mettre en œuvre ce plan de relance, il faut que toutes les énergies tirent dans le même sens, que l’implication des partenaires sociaux soit totale, et que la population y adhère et fasse confiance au gouvernement » a déclaré le président Cyril Chabannier. Il propose une stratégie basée sur le savoir-faire français et « une montée en gamme…pour une compétitivité de qualité ». La CFTC entend faire valoir ses propositions « pour le monde d’après ».

Comme les autres organisations, la CFTC a abordé la question de l’assurance chômage pour demander des assouplissements. « Sinon il pourrait y avoir des conséquences très dommageables pour les chômeurs ».

Enfin pour Cyril Chabannier, la réforme des retraites n’est pas une priorité, renvoyant les possibles négociations à l’année prochaine. « Nous ne voulons pas que ce soit le Covid qui décide de l’avenir du système des retraites. Pas de précipitation, il faut distinguer ce qui relève du conjoncturel et ce qui relève du structurel » a-t-il déclaré en sortant de Matignon.

FO : « Le quoi qu’il en coûte » ne doit pas devenir « quoi qu’il en coûte aux salariés »

C’est par ces mots que Yves Veyrier a signifié le positionnement de Force Ouvrière au Premier ministre. Traduction : de fortes inquiétudes des salariés sur leur pouvoir d’achat notamment avec le chômage partiel pour lequel FO demande un contrôle strict des entreprises.

FO dénonce aussi les annonces de suppressions d’emploi et de restructurations « quand, à l’évidence, la crise sanitaire sert d’aubaine ou d’accélérateur ».

FO a aussi exprimé son refus d’entrer dans la logique de la réforme de l’assurance chômage. Le syndicat appelle le gouvernement « à stabiliser, pour 2021, les dispositions existantes résultant de la convention négociée en 2017 ». De même, FO est opposé à la réouverture du débat sur les retraites.

Yves Veyrier a par ailleurs alerté le gouvernement sur la réforme du dispositif des AGS qui pourrait être fragilisé par l’application d’une directive européenne.

La CGT : ailleurs

Comme à son habitude, la CGT a voulu montrer une attitude plus vindicative que les autres organisations à la veille de la journée d’action du 4 février. Journée d’action qui ne marquera pas l’histoire par sa mobilisation…

Philippe Martinez a mis en avant la campagne de la CGT pour « 10 % de plus de services publics, 10 % de plus d’emplois, 10 % d’augmentation des salaires et 10 % de réduction du temps de travail ».

Le secrétaire général de la CGT a demandé l’arrêt de la vague de licenciements. Il a souligné l’urgence d’apporter une reconnaissance envers les salariés dits de 2ème ligne et réclamé la conditionnalité des aides aux entreprises dans le cadre du plan de relance. Il a revendiqué l’indemnisation à 100 % de tous les travailleurs en activité partielle. Et de façon plus conjoncturelle une réduction du temps de travail pour sortir plus tôt pendant le couvre-feu à 18h.

Peu convaincu d’une volonté réelle du gouvernement de développer le dialogue social, il a déclaré « avec le gouvernement on a des réunions. On parle. Ils parlent. Et ils font ce qu’ils veulent… ». Par son attitude et ses revendications, la CGT, contrairement aux autres grandes organisations, semble se mettre de plus en plus dans l’incapacité de peser dans le débat social.

Laurent Escure reçu par le Premier Ministre

Laurent Escure, secrétaire général de l’UNSA, a proposé une prime pour les 2ème ligne, la revalorisation des bas salaires et la « fusion des minima sociaux au sein d’un Revenu Universel d’Activité, ainsi que son ouverture aux jeunes de 18 à 24 ans ».

Attendons maintenant les réponses du gouvernement aux préoccupations des organisations syndicales. Le Premier ministre semble avoir fait quelques ouvertures sur le report de la date de mise en œuvre de la réforme de l’assurance chômage, sur les travailleurs de 2ème ligne et sur l’idée d’une conférence tripartite pour préparer la sortie de crise et des évolutions sur les ordonnances travail.


Sources

  • Les communiqués de presse et déclaration des différentes organisations syndicales