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Où en sont l’emploi et la qualité de vie en Europe ?

samedi 27 janvier 2018

Eurofound, Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail [1], vient de publier un bilan de l’état de l’Union sur l’emploi, les conditions d’emploi et de travail et les conditions de vie. Elle fournit ainsi des éléments synthétiques sur l’Europe en matière d’emploi et de vie, ainsi que des éléments comparatifs entre États sur les grandes questions sociales actuelles.

L’emploi en Europe en 2016

Les niveaux d’emploi ont connu une hausse dans l’ensemble de l’Europe en 2016 : 230 millions d’Européens travaillent. Le taux de chômage européen s’y établit à 8,2 % en fin d’année. Si la croissance de l’emploi est répartie, la reprise est particulièrement forte en Irlande, Portugal et Espagne, pays durement touchés par la crise. Les secteurs réagissent différemment : perte dans le commerce de détail, suppression ralentie d’emplois dans les administrations publiques et accélérée dans les services financiers, forte création dans les autres services, augmentation des emplois qualifiés et très qualifiés, les mieux rémunérés.

Mais d’autres questions se posent de façon croissante :

  • La hausse du travail à temps partiel, même si beaucoup d’entre eux voudraient travailler plus d’heures ;
  • Le développement de nouvelles formes d’emploi, rompant avec les relations de travail habituelles et assurant aux travailleurs une sécurité faible en matière d’emploi et de revenu, une absence de congés payés, de formation et de protection sociale, constituant de faux emplois indépendants ; alors que « le partage stratégique des travailleurs » c’est-à-dire les groupements d’employeurs et le travail partagé peuvent constituer une solution ;
  • La participation des femmes au marché de l’emploi : 60 % seulement de participation au marché du travail contre 70 % pour les hommes, avec des pays à la traine comme Malte, l’Italie, la Grèce, Chypre et la République tchèque et des pays où les taux d’emploi sont très proches entre femmes et hommes, Suède, Lituanie Finlande et Lettonie en tête ;
  • Le niveau toujours élevé du chômage des jeunes, à 18,8 % mais en légère baisse : -0,7 point en un an. Avec des pays particulièrement touchés : plus de 40 % en Espagne, Grèce et Italie fin 2016 ;
  • La délocalisation de la production. Alors qu’elle a été caractéristique de la mondialisation des années1990, et particulièrement forte dans l’industrie, elle diminue depuis la crise financière – les pertes d’emplois sont dues essentiellement à des faillites d’entreprises - et cette tendance continue dans la reprise actuelle ;
  • Les changements technologiques, avec la révolution numérique qui a commencé. Elle diminue l’emploi dans des tâches « routinières » (répétitives et standards) et faciles à automatiser, mais pas ces tâches elles-mêmes qui se sont au contraire accrues et ont envahi les autres professions ;
  • Beaucoup de pays ont adopté des mesures pour retarder l’âge de la retraite. Eurofound met en avant la différence de perception de l’âge jusqu’auquel on sent pouvoir travailler selon le métier et ses conditions, selon qu’elles sont difficiles (travail posté, de nuit, intense, crainte de perdre son emploi, harcèlement et intimidation) ou positives (équité, soutien des collègues, reconnaissance…). Eurofound préconise de développer le bilan à mi-carrière et les retraites partielles.
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Qualité de la vie professionnelle

La 6ème enquête sur les conditions de travail réalisée par Eurofound nous donne des aspects principaux de la vie professionnelle des salariés européens.

  • L’exposition aux risques des postures, des risques ambiants et des risques chimiques a légèrement diminué sur les 10 dernières années, sauf en France, avant-dernier pays pour ces indices et au Royaume-Uni, au contraire de l’amélioration sensible en Grèce, Portugal, Croatie et Hongrie ;
  • Le travail s’est intensifié entre 2010 et 2015, avec 1/3 des salariés qui travaillent dans l’urgence et autant qui ont un rythme très rapide. De plus beaucoup de salariés dissimulent leurs sentiments au travail, moins de 1 sur 5 au Danemark et aux Pays-Bas, mais presque la moitié en France (45 %) ;
  • L’indice du temps de travail a un peu augmenté par une baisse d’une heure de la durée hebdomadaire moyenne (de 39 à 38 heures), mais elle est due surtout à l’augmentation du temps partiel. 15 % travaillent 48 heures ou plus, et autant 20 heures ou moins. Et la moitié des salariés travaillent au moins un samedi par mois et 1/3 au moins un dimanche ;
  • Les perspectives d’emploi sont inégales car 16 % craignent de perdre leur emploi, surtout certains jeunes. Celles d’évolution professionnelle sont considérées comme bonnes pour 40 % des hommes et 37 % des femmes ;
  • Les compétences augmentent ainsi que la capacité d’influence : ½ sont consultés sur des objectifs de leur travail, autant disent participer à l’amélioration de l’organisation du travail et des processus ;
  • La rémunération est considérée comme appropriée par la moitié des travailleurs, un chiffre qui va des 2/3 aux Pays-Bas, 57 % en Allemagne à 36 % en France et 32 % en Grèce. Elle est très souvent variable en fonction des performances dans les pays de l’Europe orientale à +de 80 %, contre 69 % en France, 61 % en Allemagne, voire 47 % en Belgique.

Ainsi, au total, les conditions de travail d’1/3 des emplois sont considérées comme préoccupantes, avec une faible qualité des emplois, une faible rémunération, peu d’évolution professionnelle et de formation. On les trouve surtout dans les TPE, et surtout des femmes.
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Qualité de vie

  • La première question traitée est celle du logement avec trop de logements de mauvaise qualité et chers : 15 % très petits, 12 % avec de l’humidité ou des fuites, 9 % avec des moisissures, 14 % peu chauffés : de 51 % à Chypre, à moins de 10 % en Autriche et en Suède, et 22 % en France. Ce qui a des répercussions sur la santé.
  • Problème inquiétant, les jeunes sans qualification, ni formation, ni emploi : 6,6 millions de jeunes Européens. Ce groupe est hétérogène, avec 2/3 de jeunes souffrant de maladie ou de handicap, 30 % au chômage de courte durée, 22 % de longue durée, 15 % - des jeunes femmes essentiellement - ayant des charges familiales (personnes handicapées ou autres responsabilités familiales). Le problème de beaucoup de ces jeunes (60 %) est lié au marché de l’emploi, pour les autres 40 % c’est lié à leur situation sociale ou personnelle. Or les jeunes les plus vulnérables ont peu bénéficié de la garantie pour la jeunesse adoptée par l’UE en 2014.

Tous ces éléments montrent l’importance du dialogue social et de sa qualité, depuis le niveau de l’entreprise pour une amélioration des conditions d’emploi et de travail des salariés, jusqu’au niveau du dialogue social européen et de la place des partenaires sociaux pour faire progresser les éléments négatifs contenus dans ce bilan.


Référence


Notes :

[1Agence tripartite de l’Union européenne qui fournit des informations dans le domaine des politiques sociales et liées au travail.