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L’intensification du travail

mercredi 10 septembre 2014

Entre 2005 et 2013, pour les salariés en France métropolitaine, les contraintes de rythme de travail se sont accrues, au moment où les changements organisationnels se sont multipliés et où l’insécurité de l’emploi a beaucoup augmenté. C’est ce qui ressort de l’étude de la Dares, réalisée à partir de l’enquête Conditions de travail de 2005 et 2013 auprès d’un grand nombre d’actifs occupés (34 000).

Le cumul des contraintes de rythme monte à 35 % [1] des salariés et augmente pour tous, plus fréquent encore chez les ouvriers, plus marqué aussi pour les employés de commerce et services et les ouvriers qualifiés. Pour ces huit années, l’intensification est plus marquée dans la fonction publique que dans le secteur privé, tout en y restant un peu plus faible (29 %, contre 37 % dans le privé).

La première de ces contraintes est la demande de l’extérieur (69 % des salariés), notamment celle qui oblige à une réponse immédiate. Suivent les normes de production à réaliser en une journée (46 %), le contrôle ou suivi informatisé (35 %), la surveillance exercée par la hiérarchie (31 %), la dépendance immédiate vis-à-vis des collègues (30 %), loin devant les contraintes techniques de production. Les contraintes physiques et d’exposition à des risques physiques connaissent une légère augmentation : le bruit intense diminue mais les risques infectieux sont davantage présents (33 %), au même niveau que les risques d’accident de circulation.

L’usage de l’informatique touche maintenant 71 % des salariés, encore plus les femmes que les hommes ; la moitié des salariés utilise internet pour son travail, surtout les employés, et un quart un portable.

Dans le même temps, de plus en plus de salariés disent devoir fréquemment interrompre une tâche pour en accomplir une autre (65 %), ne pas pouvoir quitter leur travail des yeux lorsqu’ils l’exécutent (39 %) ou devoir changer de poste en fonction des besoins de l’entreprise (23 %). Donc également plus d’exigences et de pression au travail.

Sur la même période, les marges de manœuvre tendent à se réduire pour toutes les catégories socioprofessionnelles, sauf pour les ouvriers non qualifiés, au contraire des cadres et professions intermédiaires dont les marges de manœuvres se sont même réduites dans les années 2000 par rapport à 1991.

Cependant, les salariés disent apprendre des choses par leur travail (77 %) et signalent des possibilités de coopération plus importantes avec leurs collègues ou leur hiérarchie quand ils ont à réaliser un travail délicat ou difficile, ce qui peut atténuer les effets de l’intensification.

Néanmoins les tensions sont plus fréquentes avec les collègues ou les clients et usagers. Et les salariés sont plus nombreux à vivre au travail des situations exigeantes sur le plan émotionnel (être en contact avec des personnes en situation de détresse, devoir calmer des gens…).

Toutes ces réponses à l’enquête laissent transparaître que chaque salarié vit souvent ces contraintes de façon individuelle. Or la maîtrise de ces contraintes ne peut se réaliser sans une prise en charge collective dans l’entreprise ou le service. Une responsabilité du syndicalisme et, dans l’entreprise, pour les élus du personnel.


L’étude : Dares Analyses – juillet 2014 – N° 049 :
http://bit.ly/1BsoLGZ


Notes :

[1(*) Le cumul est défini par la sujétion à au moins 3 contraintes de rythme.


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