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Les clés du social : L'augmentation des minima sociaux ne suit plus l'inflation

L’augmentation des minima sociaux ne suit plus l’inflation

Publié le 20 décembre 2023 / Temps de lecture estimé : 2 mn

Les minima sociaux et les prestations familiales sont revalorisés chaque année en avril, en fonction de l’inflation constatée les 12 derniers mois. En avril 2023, ils ont été revalorisés de 1,6 %, alors que l’inflation a été établie à 5,2 % pour 2022 et que les prévisions pour 2023 sont de 5,8 %.

Cette perte du pouvoir d’achat des allocataires de minima sociaux pourrait faire basculer 200 000 personnes dans la pauvreté jusqu’à la revalorisation des minima sociaux en avril 2024.

Fin 2021, 4,32 millions de personnes sont allocataires d’un minimum social, soit une baisse de 3,2 % en 1 an. Les dépenses liées au versement des minima sociaux s’élèvent à 29,9 milliards d’euros (-3,1 % en euros), soit 1,2 % du produit intérieur brut (PIB).

  • Cette nette diminution succède à une forte hausse des effectifs en 2020 (+4,4 %), principalement sous l’effet de la crise sanitaire.
  • En incluant les conjoints et les enfants à charge, environ 6,9 millions de personnes sont couvertes par les minima sociaux, soit 10 % de la population. Le nombre d’allocataires augmente très légèrement en 2022 (+0,4 %) pour atteindre 4,34 millions en fin d’année.
  • Les minima sociaux et les autres prestations sociales non contributives (aides au logement, prestations familiales, garantie jeunes et prime d’activité) représentent 38 % du revenu disponible des ménages pauvres en 2019.
  • Les minima sociaux réduisent de 7,6 points le taux de pauvreté.
  • En 2021, 8,3 % de la population métropolitaine vit sous le seuil de pauvreté fixé à 50 % du niveau de vie médian. Et 14,5 % si on utilise le seuil de 60 %.

Les ménages subissent depuis deux ans une forte augmentation des prix qui ne s’est pas traduite par une augmentation équivalente des minima sociaux : l’essentiel de la hausse provient de l’alimentation, du coût du logement et de celui du transport.

  • Une mère qui élève seule ses deux enfants subit depuis 2 ans une hausse des prix de 305 euros par mois selon les budgets types UNAF, alors que si elle n’a pas d’autres ressources que les prestations sociales (RSA, allocations familiales et logement), celles-ci n’ont augmenté que de 108 euros par mois. Soit près de 200 euros de perte de pouvoir d’achat par mois.
  • Une revalorisation en avril 2024 risque d’être trop tardive face à l’accroissement de la précarité qui se perçoit très concrètement dans le recours accru à l’aide alimentaire.
  • Cette déconnexion entre minima sociaux et évolution des prix est particulièrement visible, lorsque l’on compare depuis 2018 l’évolution, du fait des revalorisations légales ou exceptionnelles, des minima sociaux et de celle de l’indice de prix des ménages, appartenant aux 20 % des ménages les plus modestes, fournie par l’INSEE. En août 2023, le pouvoir d’achat du RSA se situait à un niveau de 30 euros inférieur à celui d’août 2020.

Des simulations ont été faites conjointement par l’INSEE, la DREES, et la Caisse d’allocations familiales (échantillon de 50 000 ménages représentatifs de la population vivant en France métropolitaine dans un logement ordinaire) :

  • Pour isoler l’effet de la sous-indexation des minima sociaux, deux variantes ont été simulées : une hausse à 1,6 % et à 5 % de ceux-ci.
  • Par ailleurs, les salaires augmenteraient comme l’inflation à 5 %, les allocations logement de 3,5 % et les retraites de 0,8 %. Les seuils de pauvreté augmenteraient de 3,5 %.

Impact d’une revalorisation à 1,6 % au lieu de 5 % des minima sociaux

Seuil de pauvreté à 60 % du niveau de vie médian Seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian
Nombre de pauvres +200 000 +160 000
Intensité de la pauvreté +2 points de % +2,1 points de pourcentage



Une anticipation de la revalorisation légale des minima sociaux permettrait d’éviter une perte de pouvoir d’achat des ménages pauvres. Les associations s’inquiètent car les ménages les plus modestes ont été pénalisés par « la non-reconduction des aides de solidarité exceptionnelle » et demandent un geste envers les plus précaires, notamment une augmentation de la prime de Noël.


Références