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RSA et recherche d’emploi : pas si facile

mercredi 26 avril 2023

Deux tiers des bénéficiaires du RSA (revenu de solidarité active) au chômage se déclarent freinés dans leur recherche d’emploi dans la dernière enquête de la DREES (ministère de la Santé) portant sur les années 2017 et 2018. Sont en cause l’absence de moyens de transport et/ou le coût des déplacements, les problèmes de santé ainsi que les gardes d’enfants. Les chercheurs se sont aussi intéressés à ce que les allocataires connaissent de l’accompagnement auquel ils ont droit et à leur ressenti. Peut mieux faire !

En 2018, 1,9 million de personnes sont allocataires du RSA. Un quart d’entre elles sont en emploi à la fin de l’année et la moitié au chômage (sans emploi et à la recherche d’un travail), d’après l’enquête de la DREES. L’enquête s’est intéressée particulièrement à ces personnes alors qu’aujourd’hui le gouvernement souhaite lier l’indemnisation du RSA à une activité et que l’actualité de la réforme des retraites a braqué les projecteurs sur les seniors.

Quels sont les freins à la recherche d’emploi ?

Deux tiers des bénéficiaires du RSA fin 2017 et se trouvant au chômage en 2018 déclarent être freinés dans leurs démarches de recherche d’emploi. Les moins de 30 ans se déclarent moins souvent freinés (57 %) que les autres bénéficiaires du RSA. Mais les familles monoparentales (73 %), ainsi que les bénéficiaires âgés de 30 à 49 ans et dont l’ancienneté dans le RSA est d’au moins deux années (70 %), sont les plus souvent freinés dans leurs démarches.

L’absence de moyens de transport est l’obstacle principal pour 23 % des bénéficiaires au chômage alors que le coût des transports est le frein principal pour 8 % d’entre eux. Cela fait donc un total de 31 % qui ont une limite principale à la recherche d’emploi relative aux transports. L’enquête ne le dit pas mais on imagine que certains territoires sont plus mal lotis que d’autres encore en la matière.

Juste après arrivent les problèmes de santé (20 %). Et pour les bénéficiaires du RSA âgés de 50 ans ou plus (ceux considérés comme des seniors) les problèmes de santé sont les plus cités comme frein principal (28 %) devant l’absence de moyens de transport (18 %). Leur état de santé est plus dégradé que celui des autres bénéficiaires du RSA. Près de 30 % sont handicapés au sens de l’indicateur « GALI » c’est-à-dire qu’ils sont fortement limités depuis au moins six mois, à cause d’un problème de santé, dans les activités habituelles pour le commun des mortels.
Si l’on se tourne vers les familles monoparentales, l’absence de moyens de transport reste le frein principal dans leurs démarches de recherche d’emploi, mais les difficultés familiales telles que les problèmes de garde d’enfants sont nettement plus fréquemment mentionnés comme frein principal (19 %) que pour l’ensemble des bénéficiaires du RSA (7 %).

Le problème de l’accompagnement et des droits

L’enquête montre que les allocataires ont une connaissance limitée des « droits et devoirs du bénéficiaire du RSA ». Les devoirs impliquent de rechercher un emploi ou d’entreprendre des actions nécessaires à une meilleure insertion sociale ou professionnelle. En contrepartie, du côté des droits, les personnes ont droit à un accompagnement pour les aider dans leurs démarches. Ce sont les conseils départementaux qui assurent, dans la quasi-totalité des cas, l’orientation des bénéficiaires et qui décident, en fonction de leurs caractéristiques personnelles, de l’organisme qui les aidera dans leur insertion sociale ou professionnelle.
Les bénéficiaires sont préférentiellement orientés vers Pôle emploi et ses partenaires (missions locales, etc.) pour un accompagnement professionnel. En cas de freins importants à la reprise d’emploi (problèmes de santé, difficultés pour faire garder leurs enfants, etc.), ils sont plutôt dirigés vers un organisme proposant un accompagnement à dominante sociale.
Mais l’enquête 2018 de la DREES nous alerte sur la connaissance qu’ont les allocataires des droits et des devoirs. Seuls 58 % des bénéficiaires du RSA fin 2017 déclarent avoir entendu parler des droits et devoirs alors que, d’après les données de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) et de la Mutualité sociale agricole (MSA), 98 % y sont soumis. Cela fait écho au nombre élevé de non-recours aux allocations (36% pour le RSA) auxquelles les personnes ont droit, confirmé par d’autres enquêtes.

En résumé trois bénéficiaires du RSA sur cinq ont eu, en 2018, au moins un besoin d’aide en matière professionnelle ou sociale qui n’a pas abouti à un accompagnement. Seul un tiers des bénéficiaires ont déclaré avoir eu un accompagnement à visée professionnelle ou sociale au cours de l’année 2018. Pour le ministère de la Santé ces constats conduisent à questionner la réalité de l’accompagnement proposé et son adéquation aux besoins des bénéficiaires.



En conclusion peu de bénéficiaires se considèrent aidés mais ceux qui déclarent être accompagnés sont très satisfaits des aides reçues, en particulier des aides sociales : 62 % des accompagnements à visée sociale sont jugés très utiles par leurs bénéficiaires et 75 % des accompagnements à visée professionnelle sont jugés très ou assez utiles par leurs bénéficiaires. Mais finalement un bilan qui interroge sur un dispositif qui ne joue pas vraiment son rôle d’insertion.


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