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Le 6ème rapport du GIEC alerte sur le climat et avance sur les changements structurels nécessaires

mercredi 12 avril 2023

Émissions de gaz à effet de serre, hausse globale des températures, vulnérabilité des écosystèmes et des populations… Certains effets du réchauffement climatique seront irréversibles durant des millénaires. Publié le 20 mars 2023, synthèse de 8 ans de travaux, ce nouveau rapport du GIEC doit servir de base scientifique en vue de la COP 28 (conférence climatique) à Dubaï fin 2023. Il a été adopté à l’issue d’une session d’approbation qui s’est tenue du 13 au 17 mars en Suisse avec les représentants des 195 pays membres du GIEC.

Depuis 1988, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) expertise et évalue autour de 3 thèmes :

  • L’évolution du climat et les connaissances scientifiques.
  • Les possibilités de limiter l’ampleur du réchauffement climatique et la gravité de ses impacts.
  • Les possibilités de s’adapter aux changements attendus.

Constat des années 2011-2020 : la décennie la plus chaude depuis 125 000 ans, due principalement aux activités humaines :

  • En 2019, la concentration de C02 dans l’atmosphère est de 410 parties par million (ppm) en moyenne. Ce taux n’avait pas été atteint depuis 2 millions d’années.
  • Le niveau de réchauffement global de 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle sera atteint dès le début des années 2030, quels que soient les efforts de réduction immédiate des émissions mondiales de CO2.
  • Les politiques actuellement en place conduiraient à un réchauffement global de 2,4° à 3,5°C d’ici la fin du siècle, avec une valeur médiane de 3,2°C.

Entre 2010 et 2020, le changement climatique qui varie selon les régions a été 15 fois supérieur dans les pays très vulnérables par rapport aux pays peu vulnérables (mortalité liée aux inondations, aux sècheresses, aux tempêtes…) :

  • En France, l’année 2022 se classe au 3ème rang des périodes de sècheresse les plus longues (8 mois). La sècheresse agricole dépasse le niveau national absolu depuis 1959, et même celui de la canicule de 1976. Le déficit hydrique a été de l’ordre de 25 % à l’échelle nationale, avec des pointes de 40 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Juillet 2022 présente un déficit hydrique de près de 85 %. Les feux de forêt ont été 6 fois plus nombreux que la moyenne (62 000 hectares ont brulé).
  • Les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont continué d’augmenter fortement au cours de la dernière décennie (en moyenne 56 GtCO2-eq par an), mais deux fois moins vite que lors de la précédente décennie. Entre 35 et 45 % des GES sont liés à la consommation des 10 % des foyers aux plus hauts revenus.

Le changement climatique a déjà touché : l’accès à l’eau et à l’alimentation (réduction de la croissance de la productivité agricole depuis 50 ans) ; la santé (augmentation des maladies vectorielles transmises par les moustiques, liée aux vagues de chaleur) ; l’activité économique.

En 2050 : l’année record 2022 sera en réalité une année normale. Ainsi, la fréquence des épisodes de canicule, quel que soit le scénario d’émission de gaz à effet de serre envisagé, devrait doubler d’ici 2050. À la fin du siècle, la tendance se poursuivra, avec des épisodes beaucoup plus sévères : températures extrêmes, intensité des précipitations, sévérité des sècheresses, fréquence des évènements climatiques rares, accélération de la fonte du permafrost et de la glace de mer en Arctique, des glaciers de montagne et des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique, montée du niveau de la mer…

Le 6ème rapport du GIEC identifie des seuils de réchauffement qui provoqueront des impacts irréversibles sur la biodiversité.

Scénarios de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielleDisparition des coraux d’eau chaudeDisparition des invertébrésDisparition des vertébrésDisparition des végétauxRendement de maïsProbabilité d’un épisode de forte chaleurIntensité d’un épisode de forte pluieCouverture neigeuseForts cyclones tropicaux
+1,1° C Aujourd’hui 1 année sur 50 +1,2°C Plus chaud +7 % -1%
+1,5° C -70 à 90 % -10 % -5 % -8 % -10 % 1 année sur 10 +1,9°C Plus chaud +11 % -5 % +10 %
+2 % -99 % -26 % -13 % -16 % -15 % 1 année sur 4 2,6°C Plus chaud +14 % -9 % +13 %
+4 % -70 %(à 4,5°C) -56 %(à 4,5°C) -66 % ( à 4,5°C) 3 années sur 4 5,9°C plus chaud +30 % -26 % +30 %



Nombre de jours dans l’année où la température dépassera 35°C

Situation actuelle +1,5°C +2°C +3°C +4°C
Europe de l’Ouest et centrale : 1 jour 2 jours 4 jours 8 jours 15 jours
Bassin méditerranéen : 20 jours 26 jours 32 jours 41 jours 51 jours
Sous-continent indien : 74 jours 82 jours 90 jours 111 jours 134 jours
Mexique : 45 jours 57 jours 66 jours 83 jours 98 jours
Nord de l’Amérique du sud : 27 jours 62 jours 90 jours 154 jours 212 jours
Côte Est de l’Australie : 24 jours 32 jours 37 jours 48 jours 61 jours



L’objectif de limiter le réchauffement global à 1,5°C nécessite que :

  • Les émissions de gaz à effet de serre doivent culminer « avant 2025 au plus tard et être réduites de 43 % d’ici 2030 ».
  • Le méthane devra être réduit d’environ un tiers.
  • Les températures mondiales se stabiliseront lorsque les émissions de dioxyde de carbone atteindront zéro net.

La loi du 22/08/2021 concernant le CSE (comité social et économique) a rajouté plusieurs obligations sociales de l’employeur en matière de transition écologique. La loi rajoute « dans les intérêts des salariés …notamment au regard des conséquences environnementales de ses décisions »

  • La BDES (base de données économiques et sociales) devient la BDESE (avec le volet environnemental).
  • L’information-consultation du CSE des entreprises de plus de 50 salariés doit inclure la procédure sur les conséquences environnementales des mesures concernant les orientations stratégiques, la situation économique et financière et la politique sociale de l’entreprise.
  • L’État propose plusieurs mesures d’aide sur les frais de transport de mobilité durable domicile-lieu de travail (forfait, exonération dans la limite de 600 euros par an et par salarié, incitation à privilégier le train…)


    Les experts du GIEC préconisent des modifications structurelles pour réduire la demande énergétique : une alimentation moins carnée, une isolation des bâtiments, un développement du télétravail, un développement des mobilités douces dans les transports. Ils proposent aussi de limiter tout gaspillage et de repenser le fonctionnement futur des zones urbaines.

Références