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La reconnaissance au travail est à la peine

mercredi 26 avril 2017

L’Anact [1] , FIDAL [2] et Amplitude [3] ont publié les résultats de leur enquête inédite menée auprès des décideurs et consacrée à la reconnaissance au travail dans les entreprises en France. Souvent difficile à appréhender alors que le besoin de reconnaissance est fortement exprimé par tous, les résultats de l’enquête sur cette question centrale des relations de travail montrent une grande insatisfaction des salariés.

Les objectifs de l’enquête

L’enquête a été menée au cours du printemps 2016. Elle répond à plusieurs objectifs : déterminer si la politique de reconnaissance au sein de l’entreprise est jugée satisfaisante, en identifier les principaux critères, connaitre les pratiques existantes, définir les priorités de l’entreprise en matière de reconnaissance et apprécier la qualité des débats dans l’entreprise.

Les décideurs s’expriment sans frein

L’enquête a été réalisée auprès d’encadrants issus des ressources humaines et des directions générales, 423 personnes. 24,1 % d’entre elles travaillent dans des entreprises nationales et 75,9 % dans des entreprises régionales, réparties dans 13 régions et TOM. La majorité des entreprises concernées (à 85 %) sont dotées d’instances représentatives du personnel. 9 questions ont été abordées.

Voici les principaux enseignements de l’enquête :

  • Les politiques de reconnaissance sont insatisfaisantes pour la majorité des sondés. 54 % des répondants estiment que la politique de reconnaissance menée au sein de leur entreprise n’est pas satisfaisante. À l’inverse, seuls 9 % considèrent que leur entreprise « fait ce qu’il faut » ;
  • Les sources de reconnaissance sont très variées. Elles peuvent venir des collègues du service à 72 %, du client à 68 % et de la direction à 50 %. La plupart des entreprises dispose d’un système permettant de reconnaitre différents types d’apports du salarié ;
  • La politique de reconnaissance est davantage axée sur les résultats que sur les efforts. 78 % des professionnels estiment qu’au sein de leur entreprise, la reconnaissance du salarié s’exprime à travers les résultats obtenus contre 46 % pour l’effort (pénibilité, charge de travail, …). Par ailleurs, selon 52 % d’entre eux, cette reconnaissance est liée à l’ancienneté et l’expérience ;
  • Le ressenti général est que le système de reconnaissance en est au stade des balbutiements et pourrait être amené à évoluer vers des critères plus subjectifs. Une majorité des répondants se déclare insatisfaite de la politique de reconnaissance (54 %) et pense qu’elle peut être améliorée (57 %). Parmi ceux-ci malgré tout, seuls 13 % anticipent un profond changement de cette politique dans un avenir proche. Ce changement pourrait se traduire par une diminution de la valeur relative accordée aux résultats et aux compétences, au profit d’un accent plus prononcé sur les comportements et l’engagement ;
  • Des modalités plurielles de reconnaissance des salariés sont mises en œuvre dans les entreprises. 60 % d’entre elles privilégient la dimension monétaire (rémunérations, primes…), 59 % la reconnaissance organisationnelle (responsabilité, autonomie, promotion…) et 27 % pratiquent la dimension symbolique (cadeaux, médailles, célébrations…) ;
  • L’enquête révèle une insatisfaction quant à la capacité du comité directeur et des instances représentatives du personnel (IRP) de débattre de ce thème. Dans leur majorité, les répondants se déclarent insatisfaits des débats aussi bien avec les représentants du personnel (59 %) qu’au sein du comité de direction (53 %). Ce qui est un des paradoxes de cette situation. Les débats sont jugés insatisfaisants, frustrants, de mauvaise qualité voire inexistants et souvent éloignés de la réalité du terrain et des attentes du personnels. Un constat très rude ;
  • En conclusion, selon les auteurs de l’étude, si le sujet de la reconnaissance est mal traité, ce qu’a confirmé la récente enquête de la CFDT sur le travail, ceci s’explique en premier lieu par un manque de moyens et d’outils mis à disposition des acteurs pour traiter d’un sujet complexe et porteur de nombreux dilemmes comme la reconnaissance individuelle ou collective ? Selon l’ancienneté ou la compétence ?

De plus en plus d’études démontrent le lien entre reconnaissance au travail et performance globale de l’entreprise, souvent couplé à un dialogue social de qualité. On peut regretter qu’en ne créant pas les conditions pour valoriser tous les critères de la reconnaissance, l’employeur se prive d’un levier de performance essentiel. C’est d’un changement en profondeur que l’économie française a besoin, nul doute que la reconnaissance réelle et validée des salariés y contribuera fortement. Enfin, cette enquête est aussi un signal pour les représentants des salariés au sein des IRP.


Source

  • Enquête Anact Fidal sur la reconnaissance au travail

Notes :

[1Anact : Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail

[2Fidal : premier cabinet d’avocats d’affaires en France et en Europe continentale

[3Amplitude : cabinet de conseil en management