mercredi 23 mai 2018
Cette forme d’emploi, apparue il y a une trentaine d’années, se répand dans toute la France. Cela concernerait plus de 430 000 personnes, exerçant sous des statuts variés. Cette forme d’emploi innovante soit répond à une certaine forme de flexibilité et de liberté soit est un mode de sortie du chômage. Dans le cadre d’un projet d’étude collectif, la promotion IGS-RH5 a effectué un travail de recherche par une enquête nationale sur les avantages et les limites du travail partagé.
Qu’est-ce qu’un temps partagé pour une entreprise ou pour un particulier ?
Ne pas confondre avec les pluri-employeurs ou le pluri-professions (Voir Clés du social - Les pluriactifs : quels sont leurs profils et leurs durées de travail ? [1]).
Méthodologie de l’enquête, réalisée du 15 octobre 2014 au 15 avril 2015, avec deux approches combinées :
L’analyse de l’enquête a permis d’infirmer deux hypothèses :
L’enquête nous démontre que ce choix est d’abord lié à la possibilité d’exercer un métier qui passionne :
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La proportion de salariés en temps partagé selon l’âge : 46 % de salariés en temps partagé ont entre 40 et 49 ans. L’utilisation du temps partagé devient de plus en plus significative dès que les personnes atteignent la tranche d’âge 40-49 ans. « Je me suis rendu compte qu’arrivés dans la cinquantaine les salariés commençaient à rencontrer des difficultés dans l’entreprise et moi j’avais plutôt envie d’anticiper ces difficultés plutôt que de les subir. Maintenant je pense que ce choix était le bon » « La vie que j’ai aujourd’hui serait incompatible avec le fait d’avoir des enfants ».
Présence d’un élément important dans la carrière des personnes à temps partagé : 77 % des personnes en temps partagé déclarent avoir vécu un événement important dans leur carrière. Cette proportion est beaucoup plus faible chez les personnes qui ne sont pas à temps partagé. Sont le plus souvent cités des événements liés à une rupture avec l’entreprise, comme un licenciement ou un conflit avec son entreprise ou son manager. 33 % des répondants travaillant en temps partagé ont 2 enfants. 18 % des répondants travaillant en temps partagé ont 3 enfants ou plus. Dans l’échantillon, les parents d’un enfant ou de trois enfants ou plus sont surreprésentés au sein des salariés en temps partagé.
La proportion de salariés en temps partagé suivant la zone géographique : 67 % des salariés en temps partagé sont situés en région contre 33 % en Île de France. Cela est sans doute dû au fait qu’en Île de France le bassin d’emploi est plus important qu’en régions. Dans l’échantillon, la proportion en faveur de la province est moins forte au sein des personnes qui ne sont pas en temps partagé.
Le second questionnaire concerne les employeurs susceptibles de recruter des professionnels en temps partagé. La population de répondants est représentée par une majorité de personnes appartenant à l’ANDRH venant d’entreprises variées (petites, moyennes et grandes entreprises) et cette population occupe pour plus de 45 % un poste de DRH. Les différents cas de recours au temps partagé : 44 % des entreprises interrogées déclarent avoir recours au temps partagé pour recruter des cadres. 14 % des entreprises qui utilisent le temps partagé s’en servent pour le management de projet tandis que 11 % y ont recours pour le management d’équipe.
Les bénéfices pour les entreprises de recruter des personnes à temps partagé. Ce sont surtout : un apport de compétences pour 38 %. Avoir l’intervention d’un professionnel en fonction des fluctuations de l’activité de l’entreprise pour 29 %. La possibilité de travailler avec des professionnels qu’ils n’auraient pas pu recruter pour 25 %.
Temps partagé et employabilité : Il ressort du questionnaire que les personnes qui exercent une activité à temps partagé se sentent tout aussi employables et sont plus satisfaits de leur vie professionnelle que les personnes ne travaillant pas en temps partagé. « Je trouve que cela m’a ouvert d’autres portes, un univers qui m’est étranger ».
Les personnes interviewées mettent en avant le fait que le temps partagé permet une forme de flexibilité et de liberté. Il permet de s’adapter aux changements du monde du travail et d’assurer une certaine transition professionnelle. « Il faut être vraiment caméléon. Clairement, aujourd’hui je suis en costume ; demain je vais dans une entreprise de BTP, si j’y vais en costume on va me prendre pour un huissier, je vais donc être en jeans et chaussures de chantier. ». « J’ai ces deux ou trois casquettes. Il faut vraiment être acrobate, sauter du coq à l’âne en permanence ».
Pour David Bibard, fondateur du Portail du temps partagé :
« Selon la troisième édition de notre baromètre annuel, 93 % des professionnels exerçant leur activité à temps partagé se disent satisfaits de leur situation et souhaitent conserver ce mode d’organisation. Parmi les répondants, 33 % apprécient la diversité des missions, 25 % l’autonomie et 23 %, l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle ».
Références
Ce projet en quelques chiffres, c’est 36 étudiants, 23 personnes en temps partagé interviewées, 2 questionnaires réalisés. 6 mois d’études, de recherches, de doutes, de bonheur et de fierté :