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Les accidents du travail baissent globalement mais augmentent pour les femmes

samedi 27 août 2022

L’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) vient d’analyser 20 ans de sinistralité au travail selon le sexe. Elle alerte sur le fait que la baisse globale des accidents de travail depuis 2001 masque la hausse des accidents de travail pour les femmes. Depuis 2001, les secteurs les plus accidentogènes pour les femmes sont les activités de services et en 2019 la gravité des accidents de travail est devenue plus élevée pour les femmes que pour les hommes.

Une photographie statistique de la sinistralité au travail en France selon le sexe

La sinistralité au travail en France selon le sexe est observée de 2001 à 2019 pour les salariés du secteur privé soit 19, 5 millions de salariés répartis dans 9 grandes branches d’activité. Il s’agit plus précisément des évolutions des accidents de travail, des maladies professionnelles et des accidents de trajet pour les femmes et les hommes. L’enquête repose sur les données les plus récentes publiées par l’Assurance maladie – Risques professionnels.

En 2019, les accidents du travail, déclarés et reconnus, ont concerné 650 715 personnes dont 411 157 hommes et 244 558 femmes. L’ANACT nous rappelle que les effectifs salariés ont augmenté de 13,5% entre 2001 et 2019 alors que dans le même temps on constate une baisse globale des accidents du travail (-11,1%). Cela constitue une avancée encourageante notamment pour les hommes mais....

Les tendances de fond

Ce sont des évolutions différenciées pour les femmes et les hommes au détriment des femmes. Pour la longue période, la baisse globale des accidents du travail entre 2001 et 2019 est de -11,1%. Si on décompose ce chiffre selon le genre il correspond à une baisse pour les hommes (-27,2%) mais une nette progression pour les femmes (+41,6%).

Quels sont les secteurs les plus accidentogènes pour les femmes ?

Depuis 2001, les secteurs les plus accidentogènes pour les femmes sont les activités de services, à savoir la santé, l’action sociale, le nettoyage, le travail temporaire et les services, commerces et industries de l’alimentation. Pour les hommes le BTP reste le secteur le plus accidentogène.

Les accidents de travail sont plus graves pour les femmes en 2019

La gravité des accidents est mesurée par la durée de l’arrêt de travail lié à l’accident. D’après les données de l’Assurance maladie, 60,8% des journées perdues à la suite d’accidents de travail concernent les hommes. Mais, contrairement aux idées reçues, l’analyse rapportée au nombre d’accidents selon le sexe nous révèle que les accidents de travail des femmes (73,8 journées perdues par accident) sont plus graves que ceux des hommes (67,9 journées perdues par accident), et ce dans tous les secteurs, sauf pour le BTP.

De manière générale entre 2013 et 2019, le nombre d’accidents de travail mortels a augmenté de plus de 35% et ce pour les femmes comme pour les hommes. Il faut souligner que les accidents de travail mortels concernent à 90% des hommes dans tous les secteurs.

Maladies professionnelles et accidents de trajet confirment la tendance

Les maladies professionnelles concernent au total en 2019 plus de 50 000 personnes, autant de femmes que d’hommes. Cette année-là elles relèvent très majoritairement des troubles musculo-squelettiques (TMS) dans 88% des cas. L’enquête montre que la progression des maladies professionnelles sur 19 ans est forte et constante dans l’ensemble (+108%). Mais elle est 2 fois plus rapide pour les femmes (+158,7%) que pour les hommes (+73,6%). Un espoir malgré tout, depuis 2011, on constate une diminution puis une stabilisation du nombre de maladies professionnelles reconnues pour les femmes comme pour les hommes.

Les accidents de trajet concernent près de 99 000 personnes, dont 54% des femmes et 46% des hommes en 2019. Les activités de service sont celles qui comptent la plus forte mortalité des accidents de trajet pour les hommes comme pour les femmes. Si leur nombre est stable pour les hommes depuis 2001, il est en nette progression pour les femmes.

Une politique de prévention peu efficace pour les femmes ?

Cet éclairage statistique appelle à « davantage d’efficience et d’efficacité dans la prévention des risques professionnels, notamment dans les secteurs à prédominance féminine » selon l’Agence. En effet, l’analyse des indicateurs de sinistralité met en évidence que les femmes occupent des postes dont les activités sont exposées à des risques d’accidents de travail, de trajet et de maladies professionnelles insuffisamment identifiés et reconnus, et ce, d’autant plus, dans les secteurs à prédominance féminine. Il convient d’aller vers une évolution des politiques d’évaluation et de prévention des risques.

Pour l’ANACT « une telle évolution est d’autant plus urgente que dans cette période post- pandémique, les enjeux d’attractivité des conditions de travail ou d’emploi sont au cœur des problématiques des secteurs qui peinent à recruter ».

Des problématiques déjà soulignées dans un article récent de Clés du Social [1] et du grain à moudre pour les syndicats et les mandatés dans les caisses d’assurance maladie.


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