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Les grèves en 2018 : toujours moins nombreuses mais plus intenses

samedi 24 avril 2021

Selon une étude de la DARES parue en mars 2021, dans la continuité des années précédentes, les mouvements de grève, en touchant 1,5 % des entreprises, ont été peu nombreux en 2018, en baisse de 0,4 point par rapport à 2017. En dehors de quelques mouvements interprofessionnels au demeurant peu suivis et les grèves dans les transports publics touchant au statut des salariés, les entreprises, notamment les plus petites, ont été peu perturbées par des grèves. En retrait par rapport à 2017, les motifs interprofessionnels ont été majoritaires encore en 2018. Les conflits internes aux entreprises ont comme les années précédentes touché d’abord les salaires et rémunérations. Détails…

Très peu d’entreprises touchées par des grèves en 2018…

Donc 1,5 % des entreprises de plus de 9 salariés du secteur privé non agricole ont été touchées par des grèves en 2018. C’est 0,4 point de moins qu’en 2017 et 2016 marquées par les mouvements contre les réformes du travail. Il faut remonter à la crise de 2008 et surtout au conflit des retraites de 2010 pour trouver des chiffres plus importants (3,6 % en 2010). Ces chiffres faibles s’expliquent par le poids des petites entreprises où traditionnellement il n’existe que peu de mouvements de grève.

A contrario, quoi qu’en baisse par rapport à 2017, le pourcentage d’entreprise ayant connu au moins un arrêt de travail s’élève à 30 % dans les entreprises de plus de 500 salariés et encore de 11,7 % dans celles de 200 à 500 salariés. Chiffre en baisse par rapport à 2017, 23,4 % des salariés travaillaient dans une entreprise qui a connu au moins un arrêt de travail en 2018 (24,0 % en 2017).

D’une façon générale, la conflictualité augmente avec la taille de l’entreprise et la présence de délégués syndicaux plus nombreuse dans les grandes entreprises que dans les petites. Ainsi, parmi les entreprises ayant connu une grève en 2018, 85 % disposaient d’un moins un délégué syndical soit 7 points de plus qu’en 2017.

C’est dans l’industrie que le nombre d’entreprises ayant vécu au moins un arrêt de travail est le plus élevé (3,1 %, en baisse toutefois de 0,7 pt par rapport à 2017) alors que les secteurs de la construction (0,2 % ; -0,4 pt), le commerce (0,8 % ; -0,1 pt) et les services (1,8 % ; -0,6 pt) sont moins concernés. À noter toutefois un taux plus élevé dans les services des transports et entreposage (2,1 % ; -0,9 pt) et dans le secteur enseignement, santé humaine et action sociale (3,4 % ; -0,8 pt).

Mais des grèves plus intensives que les années précédentes

En 2018, il y eut 107 jours non travaillés pour motif de grève pour 1 000 salariés. Ce chiffre, inférieur à celui de 2016 (131), est en nette progression par rapport à 2017 (70 jours). Dans les entreprises ayant connu au moins un arrêt de travail en 2018 le nombre de jours non travaillés pour fait de grève a été de 457, en progression de 54 % par rapport à 2017. Cela est dû pour une grande part à des mouvements sociaux dans la fonction publique et surtout aux conflits dans les transports publics. Le mouvement des gilets jaunes fin 2018 dont la violence a marqué les esprits est resté cantonné à l’extérieur de l’entreprise et n’a finalement eu que peu d’impact sur le nombre de journées de grève.

Pour quels motifs a-t-on fait grève en 2018 ?

Comme en 2017, ce sont d’abord pour des motifs interprofessionnels ou sectoriels que les salariés ont fait grève en 2018. Ainsi, 51 % des conflits ont une origine extérieure à l’entreprise, 35 % pour des motifs internes et 14 % à la fois pour des raisons internes et externes.

Dans les motifs interprofessionnels ou sectoriels on trouve essentiellement des journées d’action interprofessionnelles à l’appel le plus souvent de la CGT, Solidaires, la FSU et des organisations lycéennes et étudiantes et quelquefois FO pour protester contre la politique du gouvernement avec des mots d’ordre généraux. Ces actions n’ont eu que des succès limités. Il y a eu aussi quelques journées d’action dans la fonction publique contre les suppressions de postes et les salaires et une action plus suivie dans les EHPAD à l’initiative de toutes les organisations syndicales pour demander plus de moyens. Mais il y a eu surtout les mouvements dans les transports en particulier à la RATP et surtout à la SNCF avec des grèves « intermittentes » (deux jours tous les trois jours) contre la réforme du ferroviaire et la fin du statut pour les nouveaux cheminots.

Le premier motif des conflits internes aux entreprises a porté sur la question des rémunérations nettement plus qu’en 2017 (57 % en 2018 contre 40 % en 2017), particulièrement dans l’industrie et dans le secteur des transports, commerces, hébergement et restauration.

Viennent ensuite les motifs relatifs à l’emploi (15 %), au temps de travail (13 %) et surtout aux conditions de travail (28 %) notamment dans l’industrie (32 %) où c’est le premier motif de conflit et les services autres que les commerces, les transports et l’hébergement-restauration (35 %).

Les autres formes de conflits sont de nouveau en baisse en 2018 (-0,7 pt par rapport à 2017) et cela depuis 2015. 0,8 % des entreprises ont eu une forme de conflit alternatif à la grève. Il s’agit de pétitions, de rassemblements ou des manifestations.

Globalement, mis à part dans les transports, le niveau des conflits et leur ampleur, comme les années précédentes, sont donc restés modestes en 2018. Deux lectures possibles et probablement complémentaires : dans les entreprises et chez les salariés en règle générale, les organisations syndicales peinent à mobiliser les travailleurs par la grève. Autre lecture, dans les entreprises, de plus en plus les questions liées au travail, aux salaires ou à l’emploi sont résolues par le dialogue social et la négociation sans qu’il soit nécessaire de devoir recourir à la grève.


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