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Les inégalités salariales entre les femmes et les hommes toujours présentes

mercredi 24 avril 2024

La vérité des chiffres est toujours utile pour juger d’une situation. Les enquêtes régulières menées par l’INSEE sur les inégalités salariales entre les femmes et les hommes permettent de marquer une légère amélioration pour les 25 dernières années mais aussi la permanence d’un écart salarial. En 2022, et pour le secteur privé, il s’élève à 14,9 % à temps de travail comparable, et descend à 4 % à poste identique. Pourquoi ?

Des inégalités salariales en légère diminution depuis plus de 25 ans

En 1995, le salaire net des femmes, en équivalent temps plein (EQTP), était inférieur de 22,1 % à celui des hommes. En 2022, pour le secteur privé, l’écart est 14,9 %, soit une réduction de 7,2 points en un peu plus d’un quart de siècle. Cette diminution entre 2021 et 2022 est de 0,6%.
Pour l’Institut, « L’évolution de la composition des emplois dans le secteur privé explique en partie cette diminution ». L’exemple cité est celui de la part des femmes parmi les cadres qui est passée de 23 % en 1995 à 37 % en 2022. Mais l’étude souligne qu’à ce rythme, il faudrait attendre 2069 pour atteindre l’égalité salariale en France.

L’écart de salaire annuel entre les femmes et les hommes s’élève à 23,5 %

Dans le secteur privé, le revenu salarial des hommes est de 26 110 euros, contre 19 980 euros pour les femmes soit 23,5 % de différence. Ce fossé « s’explique pour partie par des différences de volume de travail moyen », pour l’institut national de la statistique. D’une part, globalement les femmes sont moins souvent en emploi au cours de l’année et d’autre part travaillent davantage à temps partiel (le temps de travail annuel des femmes est inférieur de 10,1 % à celui des hommes). On l’a vu, lorsque l’on neutralise cet effet, connu sous le nom d’équivalent temps plein (EQTP), le chiffre s’avère inférieur, mais il s’élève tout de même à 14,9 %.

À poste comparable un écart de 4 % subsiste

À poste comparable, c’est-à-dire en comparant les postes de même profession chez le même employeur, l’écart de salaire hommes-femmes se réduit, passant à 4 % en 2022 (contre 4,3 % en 2021). Mais l’institut prend des précautions face à ce chiffre qui pourrait évoquer des discriminations qu’il n’exclut pas. En effet pour l’institut, « cet écart de salaire à poste équivalent peut refléter des différences de caractéristiques comme l’expérience, l’ancienneté dans l’entreprise ou le diplôme ». Cela étant, ce chiffre de 4 % demeure inexpliqué par l’Institut statistique.

Une « ségrégation professionnelle » entre les hommes et les femmes demeure

Pour l’Insee, c’est toujours « la répartition genrée des professions » qui explique l’essentiel des inégalités de salaires. « Les femmes n’occupent pas le même type d’emploi et ne travaillent pas dans les mêmes secteurs que les hommes et accèdent moins aux postes les plus rémunérateurs ». C’est ce qu’on appelle la « ségrégation professionnelle ».

L’étude cite par exemple, que 95,1 % des secrétaires sont des femmes, contre seulement 1,5 % des mécaniciens qualifiés dans l’automobile. Enfin, pour les auteurs, la ségrégation professionnelle est aussi le reflet d’inégalités hiérarchiques. Femmes et hommes confondus, la profession de cadres la plus répandue est celle d’ingénieur en informatique, qui ne compte qu’un quart de femmes.

La place de la parentalité

L’INSEE indique enfin que les écarts de salaires entre les femmes et les hommes sont d’autant plus marqués que ces derniers sont parents, confirmant de nombreuses enquêtes. En 2022, pour les personnes sans enfant, l’écart n’était « que » de 6,1 %, mais atteignait 12,4 %, 20,5 % et 29,5 % lorsque la famille se composait respectivement d’un, de deux ou de trois enfants et plus. Un chantier à traiter absolument par les pouvoirs publics.

Aller plus vite et plus loin dans la réduction des écarts salariaux

Cette demande fait l’unanimité parmi les organisations syndicales mais d’autres acteurs s’en mêlent. Ainsi, en septembre 2023, la Cour des comptes alertait sur une politique gouvernementale de réduction des inégalités salariales aux « effets limités » et déplorait « l’absence de politique globale et coordonnée ». La lente baisse des inégalités salariales « n’est pas seulement une fatalité liée au rythme propre à l’évolution des mentalités, mais aussi la conséquence d’erreurs de méthode », ajoutaient les Sages de la rue Cambon.


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