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Mettre en œuvre une approche globale et territorialisée de la santé-environnement

mercredi 31 août 2022

Les conséquences des dégradations de l’environnement sur la santé s’aggravent, affirme d’emblée le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans son avis « Pour une politique publique nationale de santé-environnement au cœur des territoires » voté et publié en mai de cette année. De plus, ces conséquences impactent très inégalement les populations, les plus précaires y étant les plus exposés. Face à ces réalités que l’avis décrit, quoi faire ? D’où une série de préconisations pour une politique globale mais coordonnée avec les territoires et les citoyens.

Les dégradations environnementales et leur impact sur la santé et les inégalités

La pollution de l’air est une cause majeure de maladies et de décès prématurés. De même la pollution chimique a des effets avérés et suspectés, en particulier depuis que l’on a identifié les perturbateurs endocriniens et les effets sur la reproduction du vivant ; mais les conséquences des pollutions chimiques sont encore loin d’être tous connues. Ajoutons la pollution par le bruit qui altère la qualité du sommeil, mais aussi la fonction cognitive et qui impacte la santé mentale.

D’un autre côté, les activités humaines fragilisent les écosystèmes par la surexploitation des ressources naturelles, la déforestation, l’artificialisation des sols, l’étalement urbain, les activités industrielles, l’agriculture intensive ou encore le tourisme de masse. D’où une régression des espèces et des habitats naturels, une perte de biodiversité, ce qui offre de nouvelles voies aux agents pathogènes pour se propager. Et la proportion des zoonoses augmente parmi les maladies humaines émergentes, il n’est qu’à penser aux deux dernières qui nous frappent en ce moment.

Nos modes de vie sont donc remis en question. Les entreprises sont impliquées, tant par l’impact de leurs activités que par leurs actions pour la protection de la santé des salariés.

D’autant plus que les effets de ces dégradations environnementales renforcent les inégalités car les populations les plus précaires vivent et travaillent dans des espaces souvent de mauvaise qualité. D’abord des environnements dégradés, pollués, où les services de santé sont peu développés, comme lieux de vie. Et des environnements de travail pollués : 11 % des salariés sont exposés à au moins un produit chimique, en particulier les produits qu’utilisent les femmes pour les travaux de nettoyage ; 17 % des salariés sont exposés à au moins un produit biologique, plus d’1/3 à une nuisance sonore.

L’ancienne compartimentation entre santé humaine, santé animale et santé environnementale a vécu car inefficace. Depuis 1994, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a développé le concept de « santé-environnement » (One Health), basé sur une meilleure compréhension des interactions entre l’homme et l’environnement, dans le but que se développe une prévention sanitaire par la prévention de l’environnement, donc une approche globale, transversale. C’est donc ce concept qu’il s’agit de transformer en politiques publiques.

Une approche globale, transversale, s‘appuyant sur les territoires et les citoyens

Pour avancer vers une politique globale de santé-environnement, comment s’y prendre ? Le CESE propose une vingtaine de préconisations pour développer la recherche sur les interactions santé et environnement et permettre des décisions publiques rapides et cohérentes, pour faire de la santé-environnement un objectif central et transversal des politiques publiques et y intégrer les collectivités territoriales par le biais des plans régionaux santé-environnement (PRSE) et l’ensemble des citoyens concernés.

En effet, on ne connait pas encore suffisamment le poids des questions d’environnement sur la santé et la recherche, si elle est mieux fléchée au niveau européen, est encore insuffisante et éparpillée en France. Le CESE préconise de « développer une approche globale de la gestion des risques fondée sur le principe de précaution » jusqu’à « la preuve de l’absence de danger ». Cela fait apparaitre la nécessité de « briser les silos » de connaissances et de recherche, trop souvent hermétiques, et au contraire de croiser et partager les données.

Cette démarche transversale est aussi indispensable à la définition et la mise en œuvre de politiques publiques santé-environnement globales et adaptées qu’il faut mieux financer et dont il faudra assurer le suivi et réaliser l’évaluation. Le but étant d’assurer le « droit à un environnement sain ».

Le titre du CESE situe l’action de ces politiques publiques « au cœur des territoires ». Récemment, la gestion de la crise du Covid a pu s’appuyer sur la réactivité des collectivités et des acteurs locaux. C’est cette efficacité qu’il faut retrouver et renforcer dans l’action pour la santé-environnement, notamment par des Plans régionaux santé-environnement (PRSE) consolidés, associant réellement la société civile (les CESER), les acteurs locaux et les citoyens, et porteurs des initiatives territoriales au-delà de la déclinaison des objectifs nationaux.

Sans détailler toutes les préconisations institutionnelles que contient l’avis du CESE, le sens qui se dégage de ses travaux est bien de mettre en avant la nécessité, face à l’ampleur des dégradations environnementales et de leurs conséquences sur la santé, de passer d’une définition du concept de santé-environnement et de son inscription existante dans les textes officiels à une véritable politique centrale, globale, transversale aux différentes recherches et politiques sectorielles et associant tous les acteurs. Un pan essentiel à la transition écologique, profitable tant aux humains qu’aux animaux et à l’environnement.


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